Dans un stade Maracana rempli de plus de 75.000 spectateurs, le Brésil pouvait rêver d'une qualification en finale face à une équipe de Suède qu'elle avait largement battu en phase de poules. Mais après le quart remporté par la Suède face aux Etats-Unis, on pouvait s'attendre à une partition très défensive de la Suède, en cherchant à prendre le moins de risque possible dans le jeu. Une option qui a une nouvelle fois fait son effet, avec une rencontre qui s'est finalement décidée aux tirs-aux-buts (4-3 en faveur de la Suède), après un match où aucune des deux équipes n'aura trouvé le chemin des filets.

A l'approche de ce match, on pouvait s'inquiéter pour le potentiel offensif du Brésil. Face à une équipe suédoise regroupée, le Brésil n'avait pas toutes ses cartes en main dès le départ pour déstabiliser son adversaire du jour. Cristiane était laissée sur le banc et amoindrie physiquement et Fabiana, l'excellente latérale droite blessée face à l'Australie, deux joueuses qui manquaient forcément dans le onze de départ de Vadao.

La rencontre se montrait conforme aux attentes, avec un Brésil porté par son public et surtout par sa capitaine Marta. La joueuse de Rosengard multiplie les accélérations et les centres côté droit. Dans cette première période le Brésil tente, des têtes avec Debinha ou Beatriz, des frappes de loin de Formiga et d'Andressa Alves tandis que la Suède s'en remet à des contres avec Lotta Schelin et Stina Blackstenius.

En deuxième période, la Suède va se montrer un peu plus entreprenante avec une volonté, par petite séquence, d'évoluer plus haut sur le terrain et de gêner les premières relances brésiliennes. A l'heure de jeu, c'est sur une action de ce type que Blackstenius peut frapper (timidement) au but. Sa remplaçante Sofia Jakobsson, se montrera un temps remuante par des accélérations sur les côtés qui viendront un temps perturber la défense brésilienne.

De meilleures intentions et un agacement des joueuses brésiliennes qui commettent plus de fautes et surtout montrent des signes d'impatience face au mur suédois qui semble une fois de plus infranchissable. Les deux meilleures occasions de cette seconde période interviennent à une minute d'intervalle pour les deux équipes.

A la 72e minute, un coup-franc de Kosovare Asllani à la limite de la surface côté droit, traverse les six mètres, sans qu'une joueuse ne parvienne à couper la trajectoire du ballon. Une minute plus tard, Marta déboule côté droit avant de frapper au but dans la surface, pour finalement buter sur Hedvig Lindahl.

Cristiane n'aura pas suffi

Avec la prolongation, et ce frustrant 0-0, l'entrée de Cristiane, blessée face la Suède en phase de poules pouvait sonner comme un source d'espoir pour le Brésil, muet offensivement depuis trois matches. Mais toujours diminuée depuis sa blessure, Cristiane n'avait pas le même impact et sa complicité avec Marta n'aura pas permis de faire mouche aujourd'hui.

Au contraire, la meilleure action de cette prolongation est à mettre au crédit de la Suède avec une tête de Lotta Schelin qui reprend un corner d'Asllani au premier poteau et voit le ballon passer tout proche de la cage de Barbara. Une fin de match, comme le reste de la rencontre, relativement pauvre en occasions franches malgré une trentaine de tirs côté brésilien, une volonté de faire la différence de jeu qui n'aura pas suffi à trouver la clé du verrou suédois.

Dans ces conditions, il ne restait plus que les tirs-aux-buts pour départager les deux équipes. Un dénouement semblable à ce qu'avait connu les deux équipes au tour précédent éliminant respectivement l'Australie et les États-Unis.

Et dans cette séance, le sort se sera montré encore une fois cruel. Marta est la première à s'élancer mais contrairement au match contre l'Australie trouve le chemin des filets. Quelques instants plus tard, c'est sa coéquipière Cristiane qui voit son tir stoppé par Lindahl.

Flamboyante lors des deux premiers matches, Cristiane voit son retour clôturé par un échec aux tirs-aux-buts avec une tentative trop centrée pour tromper la gardienne suédoise. Heureusement pour elle, Barbara retarde une première fois l'échéance avec un arrêt face à Kosovare Asllani, elle-aussi auteure d'une bonne prestation sur ce match.

Pia Sundhage en habituée

Arrive alors la cinquième tireuse brésilienne, la dernière de la première série, un tir-au-but forcément décisif. C'est Andressinha qui s'en charge, une joueuse qui a souvent bonifié le jeu brésilien lors de ses entrées sur le terrain. À son tour, elle voit sa tentative repoussée par Lindahl, qui se détend bien sur sa droite. Et comme face aux États-Unis, c'est Lisa Dahlkvist qui finit le travail et inscrit un dernier tir-au-but (4-3) qui envoie la Suède disputer sa première finale olympique.

Une victoire aux tirs-aux-buts, après un match neutralisé, c'est en train de devenir la signature de Pia Sundhage qui elle va disputer sa troisième finale d'affilée dans un tournoi olympique, après l'avoir remporté à deux reprises avec les États-Unis. En habituée, elle devrait aborder cette finale avec la froideur qui lui a permis d'éliminer le Brésil et les USA. Une méthode qui ne devrait pas la rendre populaire (sauf en Suède bien sur..) mais qui se révèle de jour en jour diablement efficace...

Côté brésilien, cette élimination marque peut-être la fin du rêve qui a accompagné l'émergence de joueuses comme Marta et Cristiane aux côtés de l'inoxydable Formiga. Il est difficile d'imaginer meilleure occasion d'emporter un titre majeur, pour des joueuses qui avaient également touché du doigt les plus grands trophées dans les années 2000. Un avenir incertain qui va avec le regret de voir ses joueuses s'éclipser sans avoir inscrit leur noms tout en haut des palmarès.

Hichem Djemai