Comme Marseille, Bordeaux arrive en D1 avec une étiquette. Les deux clubs ont d'ailleurs été choisi pour la première affiche diffusée sur Eurosport ce week-end pour le lancement de la saison de D1. Pourtant la section féminine girondine reste une équipe amatrice dont l'effectif découvre pour la grande majorité la première division sans complexe mais aussi peu de repères.

Au sein de l'effectif bordelais, elles sont quelques unes à avoir connu la D1 à l'instar d'Eva Sumo, Emmanuelle Lacroix ou Chloé Billaud. Mais l'expérience, Bordeaux est partie la chercher ailleurs avec notamment les arrivées de Cindy Ferreira, qui évoluait à Saint-Maur la saison dernière et de Félicité Tiziri Hamidouche, passée par le PSG et Vendenheim mais aussi par Clairefontaine.

Mais même pour les joueuses qui ont connu un jour la D1, l'expérience est parfois trop lointaine pour apporter un supplément de confiance à l'approche de la saison. C'est ce que nous confiait Chloé Billaud qui a débuté sa carrière à Soyaux, avant de devenir une cadre à Blanquefort puis des Girondins de Bordeaux. Un passage dans le club charentais qui date de 8 ans et avec trop peu de matches disputés (20 en 4 ans) pour être significatif selon elle.

Le grand plongeon

Pour Bordeaux, peut-être plus que pour les deux autres promues, cette année sera une véritable découverte. Un constat que l'on peut étendre à l'entraîneur, Jérôme Dauba, qui a pris les rênes de l'équipe à l'issue de la saison dernière, remplaçant Théodore Genoux. Son prédécesseur qui ne disposait pas des diplômes suffisants pour entraîner l'équipe en D1. Jérôme Dauba, lui, travaillait pour le district de Gironde-Atlantique et avait travaillé cette année avec l'équipe féminine de Bordeaux dans le cadre de son certificat « d'entraîneur à l’optimisation de la performance, sur les aspects mentaux ».

Cette « recherche de l'efficacité » et « d'optimisation de la performance » il a cherché à la mettre en pratique durant les six semaines de préparation cet été. Après avoir réalisé un « audit sur les qualités du groupe », Jérôme Dauba a estimé que les principaux besoins de l'effectif étaient de pouvoir disposer d'une plus grande « profondeur de banc » mais sans chercher à « révolutionner le groupe ». Pour le recrutement, le staff bordelais a voulu systématiquement « proposer un double-projet » (études ou travail + football). C'est notamment sur cette base que Chloé Mustaki, jeune joueuse irlandaise, a été recrutée à Bordeaux.

En plus du travail athlétique, la préparation s'appuyait aussi sur la volonté du coach girondin de susciter « une prise de conscience sur ce qu'il faut faire pour améliorer les performances » aussi bien sur le plan individuel que collectif avec « une dimension participative » dans la démarche proposée. Il s'agit pour chaque joueuses et le groupe de « s'évaluer et se préparer à l'exigence de la D1 ». Dans cette optique, Jérôme Dauba a voulu placer les matches amicaux contre des équipes de D1 (Guingamp, Rodez et la Real Sociedad [D1 Espagnole]) en début de préparation afin justement de susciter cette démarche d'auto-évaluation et que chacun soit capable de se donner des objectifs propres de travail en vue de la saison qui arrive.

Ces nouvelles exigences, Chloé Billaud nous les résume. Un championnat « plus physique », du jeu « plus rapide » qu'en D2 et la nécessité « de relâcher plus vite les ballons ». Un championnat aussi avec « beaucoup moins de temps mort » selon Jérôme Dauba et dans lequel les performances devront d'abord « s'appuyer sur le collectif » et ainsi pouvoir décharger Sarah Cambot, meilleure buteuse de D2 la saison dernière et capitaine des Girondines, qui sera forcément attendue par les défenses adverses.

Cette dimension collective, elle est déjà présente chez les Bordelaises que Chloé Billaud voit avant tout comme un « groupe soudé », avec des joueuses qui « aiment jouer ensemble ». Un état d'esprit combatif qui pour Chloé Billaud a été l'un des ciments de la montée de Bordeaux en D1 et qu'elle espère voire perdurer cette saison.

Aucun objectif comptable

Avant d'aborder la saison, Jérôme Dauba sait que le maintien sera la principale exigence en terme de résultats pour le club. Mais le coach veut aussi laisser du temps à son équipe pour « s'étalonner ». Les quatre premières journées seront pour lui une sorte de test grandeur nature où les Bordelaises vont se confronter aux différents types d'équipes qu'elles vont rencontrer cette saison. « Big 4 », « promues », clubs de milieu de tableau ou à la lutte pour le maintien, Jérôme Dauba veut voir le comportement de ses joueuses face à ces différents profils d'équipes avant d'aller plus loin. Une manière de maintenir cette logique d'évaluation / nouveaux objectifs / recherche de progression, qu'il essaye de mettre en place avec son équipe depuis son arrivée à la tête des Girondines.

Pour Bordeaux, cette montée arrive aussi dans un moment où la section féminine est encore dans sa phase de structuration. L'équipe reste au statut amateur et les quatre à cinq entraînements par semaine se feront sur le temps libre des joueuses. De ce point de vue, le parcours de l'équipe première cette saison est peut-être encore le fruit de ce qui a été fait en amont avec Blanquefort avant de devenir véritablement le produit d'un travail fait au sein du club aux couleurs grenats. D'une certaine manière, l'équipe bordelaise est toujours en train de s'approprier son identité girondine, par un esprit qui est déjà celui des joueuses sur le terrain, une identité de jeu et bien sûr des résultats...

Hichem Djemai