Avant la demi-finale qui opposera les Pays-Bas à l'Angleterre ce jeudi, nous sommes allés au camp de base de l'équipe nationale néerlandaise, le KNVB Campus, pour parler avec la Montpelliéraine Anouk Dekker. Nous lui avons posé quelques questions sur cette entame d'Euro pour elle et la sélection. On a aussi évoqué son jeu et l'équipe de France tout juste éliminée de la compétition, dimanche dernier.

 

Coeurs de Foot - Quelle est votre première impression sur votre début de tournoi ?

Il y avait tellement de gens qui communiaient jusqu'au stade, c'était tellement impressionnant. A ce moment là je savais que je devais redoubler d'efforts et rester concentrée. C'était tellement agréable, et vous pensez qu'il faut battre la Norvège, je pense que nous avons très bien joué. Après cela, nous avons eu tant de confiance dans notre équipe, cela nous a aidé dans les matchs que nous avons gagné. Je pense que c'était bien pour le groupe. Après cette phase de groupe, maintenant c'est l'Angleterre qui se présente à nous.

 

Coeurs de Foot - Ce sera un match difficile ?

Oui, ce sera une rencontre difficile.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que selon vous la Suède était la confrontation la plus difficile de vos quatre premiers matches ?

Nous savions qu'elles pouvaient bien défendre, elles avaient deux attaquantes qui prennent toujours les couloirs. Nous avons eu de la chance, je pense que la Suède n'a pas joué son meilleur jeu. Nous étions bonnes, nous étions bonnes sur la contre-attaque surtout. Nous avons marqué tôt, puis en deuxième période, et c'était facile [après cela de gérer].

L'Angleterre est un peu, vous pouvez la comparer à la Suède, mais je pense que l'Angleterre est un peu plus dur et plus forte dans son jeu.

 

Coeurs de Foot - Aviez-vous prévu que la Hollande ait un si bon début de tournoi?

Nous avons eu une période de deux ans pour mettre l'accent sur ce tournoi. C'est une bonne chose pour nous que nous ayons commencé contre la Norvège avec la victoire (1-0), c'est comme ça que nous voulions débuter. Nous avons emmagasiné beaucoup de confiance grâce à ça. Aujourd'hui, nous avons gagné quatre matchs, c'est incroyable. Nous voulions passer la phase de groupes. Mais pouvions nous battre les trois équipes? C'est comme un scénario de rêve. Nous avons confiance en l'équipe. Maintenant, vous pouvez le voir lorsque nous jouons au football. En équipe, nous sommes là et nous pensons que nous allons les battre [les Anglaises en quart de finale]. Je pense que c'est une bonne qualité de cette équipe.

 

Coeurs de Foot - Je sais que vous connaissez plusieurs Bleues, parce que vous jouez au MHSC. Est-ce que vous avez parlé avec elles pendant le tournoi ou après leur élimination ?

Bleues ? (elle n'avait pas bien compris). Ouais, j'ai parlé avec Sakina [Karchaoui]. C'est triste qu'elles ne se rendent pas en demi-finale parce que ça aurait été si bien de jouer contre elles et oui, c'est l'Angleterre... La France et l'Angleterre, ce sont deux types d'équipes différentes. C'est triste que je ne puisse pas les jouer, mais pour moi ça n'a pas d'importance enfin.

 

Coeurs de Foot - Qu'avez-vous pensé du jeu des Bleues?

Je pense qu'elles n'ont pas tellement bien joué dans le dernier match. Elles ont dû faire des changements avec Wendie Renard et Eve Perisset qui ont été suspendues. Elles ont eu du mal à marquer aussi. C'est le problème de la France parce qu'il y a de si bonnes joueuses. Le score est difficile, lorsque vous ne marquez pas, alors vous devez bien défendre et vous devez vous concentrer sur la défense. C'est très simple lorsque vous marquez la première minute. C'est un peu le problème de l'équipe française.

 

Coeurs de Foot - Selon vous il faut inclure plus de jeunes dans cette équipe de France ?

Oui, c'est triste, j'ai vu la décision d'Abily d'arrêter sa carrière après l'Euro 2017. C'est triste pour l'ancienne génération, mais vous voyez également sur le banc quatre ou cinq joueuses de Montpellier, elles ont 22 ou 21ans. Leur temps viendra, parce que je pense qu'une bonne génération arrive, alors peut-être que nous devons être encore mieux préparées pour la Coupe du Monde dans deux ans (rires).

 

"Je joue en défense alors que je suis une milieu de terrain"

 

Coeurs de Foot - Comment la ligue française vous a-t-elle aidé pour ce championnat d'Europe ?

Ouais, j'étais semi-pro, j'avais un travail chez Ventilo à Montpellier. Maintenant, je suis totalement professionnelle au MHSC, je ne pense qu'au football. Pour moi c'est différent, là je joue en défense avec l'équipe nationale alors que je suis une milieu de terrain. C'est à cause des blessures, que je dois jouer en défense centrale. C'est un petit changement, mais il faut s'adapter pour son groupe.

 

Coeurs de Foot - Aux Pays-Bas ou avec Montpellier?

À Montpellier, j'ai joué en tant que milieu de terrain, et normalement ici au milieu de terrain aussi. Maintenant, nous avons eu la blessure de van der Gragt, c'est la grande (sourire). Aujourd'hui elle est en forme mais j'ai dû défendre sur le terrain pour mon équipe pendant trois mois. Je n'ai jamais joué à ce poste là, c'est un choix que je devais faire. Après l'Euro, je retourne à Montpellier et je dois jouer à mon poste de milieu de terrain. 

 

Coeurs de Foot - Quel est votre sentiment à ce sujet, de jouer à un poste qui n'est pas le vôtre ?

Je crois que cela peut être positif pour moi. Je pense comme un milieu de terrain, je sais ce que le milieu de terrain veut du défenseur. Je veux jouer au football, plus comme le petit passage, le passage court, je pense que c'est le point positif. Mais parfois je pense tellement comme un milieu de terrain, que quand je joue en défense je m'en rend compte et, oh merde, je suis la dernière et la gardienne de but est là (sourire).

En tant que milieu de terrain, vous pouvez faire une faute, vous pouvez prendre certains risques car vous savez que vous avez quatre joueuses derrière vous. Mais maintenant, parfois, "oh, je suis une défenseure". Je pense que c'est une petite différence de ce point de vue là surtout.

Dounia MESLI