Après avoir cartonné face à La Gantoise avec une large victoire 5-0, la semaine dernière, les joueuses d'Amandine Miquel sont tombées sur plus fortes qu'elles, et se sont inclinées logiquement 3-0 face à une grosse équipe du SC Sand, remaniée et préparée pour sa reprise de championnat. La réaction de la coach, qui voit cette défaite du bon côté, car elle permettra à son équipe de s'ajuster en vue de la reprise de la D1 à la fin du mois !

 

Coeurs de Foot - Coach votre réaction sur ce match ? C'était compliqué face à une équipe allemande très agressive en face de vous ?

Amandine Miquel - Oui c'est vrai... on les avait déjà joué la saison dernière (victoire 3-0), là il y avait du gabarit quand même, dans les duels elles ont été un petit peu plus costauds que nous.

 

Footofeminin - Est-ce que ça veut dire que vous n'êtes pas assez prêtes sur cet aspect là ?

A. M. - Si on est prêt au deuxième match, c'est que je suis vraiment très forte ! Non c'est normal. Franchement on rate aussi quelques occasions. Mais même si on avait nos 2/3 occasions ratées, globalement on ne méritait pas la victoire, donc ce n'est pas très grave en soi [cette défaite].

Après c'est vrai que physiquement, on a été en retard un petit peu, c'est d'ailleurs pour cela qu'on prend les buts, sur le coup franc je pense que le mur est mal placé aussi. Mais le concept de jouer avec des moins de 18 ans, c'est que ce n'est pas parfait, donc c'est logique [ce résultat]. On a 5 matches, voir 6 avec Lyon, pour se préparer encore, donc c'est bien.

 

L'Equipière - Face à la Gantoise vous étiez parvenus à marquer, ce qui a été un peu plus compliqué sur ce match-là. Comment vous l'expliquez ?

A. M. - Déjà je dirais qu'on n'est pas du matin, clairement (sourire) Parce que là elles n'étaient pas réveillées je pense (le match s'est joué à 11h30, ndlr), alors que contre la Gantoise on avait joué à 17h.

On a associé différemment les joueuses que contre La Gantoise aussi. Là on avait mis sur chaque ligne une jeune, très jeune joueuse, donc ce n'était pas parfait. Il y a du travail sur ce point et on l'a vu là aujourd'hui, quand on est en retard et pas bien en bloc, que les lignes ne sont pas resserrées, on ouvre des espaces et je trouve que Sand a bien profité de nos ouvertures qu'on leur a laissé.  

 

Coeurs de Foot - Justement ce qui caractérise Reims, c'est votre jeu dans les petits espaces, un jeu très technique aussi, de vouloir avancer vite vers l'avant et c'était difficile de le mettre en place aujourd'hui ?

A. M. - Oui ça manquait un petit peu, parce que là à chaque fois que nos jeunes joueuses recevaient le ballon, elles se faisaient renverser par une adversaire et ce genre de gros gabarits, ça nous met un peu en difficulté. 

Après comme on leur a dit à la mi-temps, si on ne veut pas avoir ce genre de problèmes, il fallait qu'on joue plus vite, qu'on voit avant et qu'on s'organise différemment, parce que si elles se sont fait tamponner tout le long du match, c'est qu'elles n'étaient pas au bon endroit, dans le bon tempo, et que techniquement on n'était pas à la hauteur de ce qu'on peut atteindre de Reims, comme vous venez de dire, donc c'est normal de perdre.

Après je pense que c'est bien aussi de perdre des fois en match de préparation, parce que c'est vrai que sur notre premier match gagné 5-0, je les avais senti très détendu donc là le 3-0 arrive à point.

 

CDF - On a vu vos joueuses courir énormément derrière le ballon également. C'est frustrant de ne pas avoir le ballon aussi ?

A. M. - Oui, ce sont des compétitrices, elles n'aiment pas perdre, même sur des matches amicaux. Elles étaient frustrées, mais l'essentiel c'est qu'elles comprennent ce qui n'a pas été, et qu'on le rectifie progressivement en intégrant les nouvelles joueuses et les jeunes joueuses. On a le temps et ça va aller.

 

CDF - Est-ce que c'est un match à oublier ?

A. M. - Ah non non on oublie aucun match, on garde tout, on assume (sourire)

Ce n'est pas un match à oublier, au contraire ça va nous permettre demain de faire une analyse vidéo... Les matches comme ça c'est l'idéal, parce qu'il y a plein de choses à voir, à rectifier et à apprendre. Là ça va leur permettre de voir [ce qui n'allait pas], ce n'est pas facile quand on est sur le terrain de se rendre compte qu'on n'est pas au bon endroit. Il y a eu des erreurs de jeunesse très simples, je sors sur la mauvaise joueuse, je laisse l'autre dans le dos... A 16 ans on ne peut pas... on peut mais après, elles sont peut-être à Lyon ou à Paris ces joueuses-là (léger sourire). On sait qu'on a encore un peu de travail et on n'est pas inquiet, parce que je pense qu'il y a énormément de qualités dans notre effectif, mais maintenant il faut peaufiner ces détails-là.

 

L'Equipière - On a vu aussi des changements. Est-ce qu'il y a cet état d'esprit où tout le monde est impliqué, même quand on ne démarre pas le match ?

A. M. - Oui tout le monde est impliqué, parce qu'il n'y a pas de titulaire chez nous, tout le monde à sa chance.

Là l'idée c'est encore de répartir le temps de jeu de façon harmonieuse. Après forcément les toutes jeunes on les a fait jouer un peu moins longtemps parce qu'elles ne peuvent pas tenir autant que les grandes. Certaines n'étaient même pas prévues en D1, elles devaient reprendre avec les U19, donc c'est le temps qu'elles s'acclimatent [avec l'exigence du haut niveau].

Qu'on soit titulaire ou qu'on entre en jeu, on sait que ça ne veut absolument rien à dire, à aucun moment on a mis notre onze type, si tenté qu'on en ait un.

 

CDF - Est-ce qu'il y a tout de même une petite frustration de ne pas avoir réussi à imposer votre jeu, voir à gagner cette rencontre ?

A. M. - (sourire) Vous voulez que je sois frustrée aujourd'hui ? (rires) Non je ne suis pas frustrée désolée (sourire)

Je n'ai aucune frustration sur le fait de perdre, parce qu'encore une fois c'est notre deuxième match et ça me permet de... Finalement contre La Gantoise j'ai perdu du temps, parce qu'on gagne 5-0, on n'a eu aucun problème, je n'ai rien à corriger.

Là il y a plein choses, il y en a à toutes les lignes, à tous les niveaux, et ce sont des choses simples [à rectifier], ce ne sont pas de gros problèmes. Et encore une fois on a des machines (Naomie Feller, Kessya Bussy...), aujourd'hui ça arrive, elles n'ont pas marqué, des buts assez évident et je pense aussi que c'est bien que ça arrive là, car elles se rendent compte qu'elles ne doivent pas rester dans leurs acquis, pour certaines.

 

CDF - Pour autant c'est une équipe en reconstitution, on peut le dire aussi pour vous Amandine, vous avez perdu pas mal de joueuses cadres (Phallon Tullis-Joyce, Melissa Gomes, Melissa Herrera) ?

A. M. - Oui on a perdu... On a généreusement fourni des joueuses à Bordeaux (sourire) et Lyon finalement, parce que OL Reign c'est Lyon, mais on est ravis de pouvoir bonifier les grosses écuries une fois qu'on a formé les joueuses, c'est un plaisir de former pour les autres (sourire ironique). Mais maintenant on recommence. De toute façon c'est le concept, nous on n'a pas les moyens à un moment donné de garder ces joueuses-là, donc tous les 3 ans il faut en reformer et puis les donner aux autres.

Il faut trouver le bon profil de joueuses, mais encore une fois je pense que là on a les bonnes, il suffit juste de les former et de les ajuster. Même les très très jeunes qui sont venues dans le groupe, il y a de bonnes joueuses, mais il va falloir du temps, comme tout. Naomie Feller à 16 ans c'était pas Naomie Feller aujourd'hui (19 ans, ndlr). Il ne faut pas être pressé. Il faut savoir choyer ses pépites, il ne faut pas les brusquer, ou qu'elle se re-blesse... La saison est longue et on le sait nous, c'est sur la phase retour qu'on a pris le plus de points, donc pas d'inquiétudes.

 

Photo : Stade de Reims

Dounia MESLI