Juste après la victoire du Stade de Reims (4-1) face à Villeneuve d'Ascq, petit poucet de ces seizièmes-de-finale de la Coupe de France, la coach rémoise Amandine Miquel nous a livré ses impressions.  

 

Votre sentiment sur la rencontre ? 

« Satisfaite de la victoire déjà, c’est l’essentiel. On est contentes de passer en huitième-de-finale. Et on a hâte de voir le tirage [au sort] pour voir ce qui nous attend au prochain tour. »

 

On en a parlé un petit peu tout à l'heure mais on a l’impression sur ce match que vous n’êtes pas forcément passées avec la manière…

« Il y a 4 à 1 quand même. Après c’est vrai, je trouve qu’on s’est fait de petites frayeurs en première mi-temps. On marque un but assez rapidement ce qui me paraît bien. Mais on leur redonne un peu d’espoir sur le un partout. C’est vrai que c’est un match de Coupe et il faut faire attention contre n’importe quelle équipe. J’aurais préféré qu’il n’y ait pas ce 1-1 à un moment donné. »

 «  Après c’est la magie de la Coupe aussi. Ça leur a donné à elles [Villeneuve d’Ascq] des forces en plus. Et nous, ça nous a mis un peu de stress, et le stress c’est pas bon pour le coeur, donc j’aimerais si possible en avoir moins au prochain tour (rires) ». 

 

Ça les a pas boosté vos joueuses ce retour au score des adversaires ? 

« Si si. A 2-1 ça a permis de rentrer au vestiaire un peu plus sereinement. Mais à un partout à la 40ème, j’étais un peu embêtée. On aurait aimé que ça soit un peu plus fluide, et les buts ont tardé à venir. Mais dans le contenu c’est quand même intéressant sur certaines phases de jeu. »

 

Vous recherchez une certaine perfection on peut dire chez vos joueuses ?

« Oui, c’est vrai que je suis peut être un petit peu perfectionniste. D’ailleurs je pense que ça se ressent sur mes joueuses qui ont une haute exigence d’elles-même. »

« On est troisièmes de D2 – deuxième ex aequo – l’objectif c’est de se rapprocher le plus possible de cette première place. Et sur ces matches de Coupe, j’aurais souhaité plus de fluidité, plus rapidement. Après le résultat est là, et c’est l’essentiel. »

 

Qu’est-ce qui a « coincé » alors ? Le terrain synthétique peut-être ?

« Non c’est pas le synthétique puisque c’est quand même notre surface de prédilection, donc c’est même pas ça. Je pense qu’il y a eu un temps d’analyse un peu trop long de notre part. Sur le système de jeu, les conditions météo, et elles auraient dû à mon sens être capables de s’adapter un petit peu plus vite. Je suis pas dans l’idée d’avoir des joueuses télécommandées. Une fois que j’ai donné mes consignes, j’aime qu’elles soient capables de trouver les solutions et analyser les problèmes que leurs posent l’adversaire. Après, à la mi-temps, ça s’est régulé. »

« A la mi-temps on a régulé certaines imperfections, pas forcément individuelles, plus sur ce qu’on avait demandé et ce qu’elles ont produit qui n’était pas en adéquation. Après à la fin du match, généralement quand on gagne on essaye de rester positif. On fait rarement [l’analyse] à chaud et on débriefe dans la semaine – avec la vidéo – action par action. On essaie d’atteindre le but qui est de produire du beau jeu, avec peu de touches [de balles], avoir un jeu en possession. Aujourd’hui, on a manqué de justesse dans les passes et changements de côté. On a trop porté le ballon, et c’est pas ce qu’on demande. » 

 

Vous auriez aimé que ça aille plus vite vers l’avant ?

« Oui, j’aurai aimé que ça aille plus vite et en moins de touches. Si j’ai une attente aussi élevé c’est que je pense qu’on a les joueuses pour ça. Mais que parfois elles se mettent un peu trop dans le confort en faisant circuler systématiquement alors qu’on pourrait sauter certaines étapes pour casser des lignes plus vite. »

 

On a l’impression que vous les éduquez déjà pour la D1 ?

« Bah sait-on jamais, il ne faut pas perdre de temps. Donc oui, l’objectif pour nous il est clair, c’est d’aller en D1 le plus vite possible. Alors si c’est cette saison tant mieux, si c’est la saison prochaine c’est bon aussi. Après oui je pense qu’il faut être armé. C’est un groupe jeune aussi, il y a beaucoup de petites erreurs de justesse technique, de jeunesse, de comportement aussi, où des fois on réclame pour des touches des choses totalement inutiles. Je pense qu’il faut être capable d’effacer toutes ces petites imperfections si on veut atteindre la D1, et y rester. Car c’est ça aussi après la plus grosse difficulté. Mais je pense qu’on a un effectif de grande qualité, et comme elles sont jeunes, on veut leur inculquer les méthodes dès maintenant. »

 

Aujourd’hui, c’est Hélène Fercocq qui portait le brassard, qu’est-ce que vous en avez pensé ?

« Oui c’est vrai qu’on a fait des ajustements. Dernièrement c’était plutôt Giorgia Spinelli la capitaine mais là, elle ne jouait pas. On l’a donné à Hélène car on a envie qu’elle prenne plus d’assurance. Et qu’elle soit capable de fédérer le groupe autour d’elle. C’est une internationale U20 donc c’est une joueuse qui a une certaine l’expérience. C’était un peu comme un exercice pour elle aujourd’hui, d’être capable de prendre le rôle au sérieux, de recadrer, encourager, prendre des responsabilités et je pense que c’était pas mal. Elle a fait un bon match. »

 

Vous avez l’étiquette Stade de Reims, ça met peut-être un petit peu plus de pression, d’envie de faire mieux ?

« Oui. C’est vrai qu’on a un petit peu envie de renouer avec l’histoire du football féminin à Reims et ce groupe de pionnières qui avaient tout gagné dans les années 75. On a envie de se hisser à leur hauteur. Elles sont encore là, sur les bords des terrains. Elles viennent nous voir, et on aimerait, oui, être à la hauteur de cette équipe de l’époque. Elles avaient même gagné la Coupe du Monde des clubs, mise en place à l’époque. Sans dire qu’on veut gagner la Champions League, déjà essayer d’atteindre le haut de tableau D2 et si on peut passer en D1 très bien, et y rester pour redorer un peu l’image du football féminin à Reims. »

Dounia MESLI