Marche après marche. Originaire de Jouy-le-Moutier dans le Val d'Oise, la défenseure albigeoise Alexandra Renault-Frih rencontre aujourd'hui à Charléty le PSG pour son 39e match de Division 1. Retour sur un parcours où comment étape par étape, un rêve est devenu réalité.
Après avoir sillonné l’Île de France avec Jouy le Moutier, PSG B ou même Vauréal, Alexandra pose son sac au Val d'Argenteuil. A cette même époque, la jeune Alexandra est apprentie sur la formation d' assistant animateur technicien (BAPAAT). Son professeur et ancien entraîneur de D1 féminine au PSG, Sébastien Thierry se souvient : «Elle était passionnée par mes récits sur cette époque. Elle jouait à un niveau bien inférieur et nourrissait de grandes ambitions. Elle avait un niveau de jeu très prometteuse. Avec sa détermination, elle a su atteindre ses objectifs en faisant de bons choix de clubs. Elle a pu évoluer tranquillement par paliers et a progressé de façon régulière pour devenir la joueuse qu'elle est aujourd'hui. Et elle n'a pas fini de nous étonner. Je suis son petit bonhomme de chemin avec beaucoup de fierté et d'intérêt. »
Engagée en ligue régionale avec le club du Val d'Argenteuil, elle y restera trois saisons. Gagnant des Coupes et montant quelques divisions. M'Barek Tahar, son entraîneur au Val d'Argenteuil aujourd'hui adjoint à St Denis se rappelle de cette joueuse très prometteuse : «Une fille très caractérielle. Qui aimait bosser. Même blessée, je savais que je pouvais compter avec elle. Elle m'a sauvé des matchs. Je la respecte beaucoup. Elle a encore une belle carrière devant elle. Elle sait ce qu'elle veut. Elle a des capacités pour réussir. »
Elle quitte le Val d'Oise pour se poser dans les Yvelines. Plus précisément à Montigny le Bretonneux alors en Division 2. Gérôme Henrionnet, ancien entraîneur d'Algrange en D2 se souvient : «Je me rappelle d'elle. C'était chez nous. Ma première année à Algrange où on avait gagné 3-1 chez nous mais elle nous avait mis en difficulté toute la première mi-temps avec ses débordements ». Une soif d'apprendre et de rejoindre le haut niveau qu'Alexandra voulait connaître. Une expérience bénéfique et enrichissante avec 15 matchs joués et 2 buts marqués.
Jean-Dany Grosset qui l'a entraîné durant une saison se remémore : «Alexandra voulait à l'époque jouer en D2 afin de se fixer un autre objectif pour connaître le niveau national après avoir fait ses classes au PSG et après des années en PH. Elle voulait un nouveau challenge. Je suis allée la voir début juillet chez elle pour lui exposer le projet, en lui expliquant bien qu'elle aurait une heure de route pour venir, qu'il fallait bien réfléchir avant de s'engager. Elle était tellement motivée, que cette réflexion elle l'avait déjà eu avant que je lui pose la question. Je garde l'image d'une fille avec du caractère souriante qui était jeune, insouciante et qui voulait vite sauter les étapes. Son gros point fort son caractère en tant que joueuse et dans la vie de tous les jours. Ce qui lui a parfois joué des tours dans les matchs. Une bosseuse. Et je dirai sa facilité d'adaptation malgré, à l'époque, son jeune âge. »
Toujours engagée dans sa conquête du haut niveau, Alexandra ne s’arrête pas la. Fais quelques essais en D1 et s'engage dans un club de l’Élite. Ce sera le club d'Yzeure Allier Auvergne. Avec 14 matchs en D1 cette saison, Alexandra s'adapte au niveau et réalise peu à peu son rêve.
Une saison plus tard, elle quitte l'Auvergne en direction du Sud. Le club de l'ASPTT Albi fraîchement promu en D1 l'accueille. David Welferinger qui l'a entraîné la saison dernière rappelle : «L'histoire d'Alexandra est celle d'une jeune femme battante ayant un parcours atypique dans le foot féminin. Encore une jeune fille que j'adore, un tempérament de feu et un coeur gros comme ça ! Elle dispose d'un excellent volume de jeu et d'une belle qualité de vitesse, en qualité de défenseure elle a de la niac comme on dit (grinta) mais ne l'utilise pas assez à mon goût. Le jour où elle comprendra qu'elle doit faire peur à ses adversaires toutes les attaquantes fuiront la zone où elle se trouve. Elle est également généreuse et joue pour l'équipe. En fait au début de saison tu ne comptes pas trop sur elle, au bout de quelques matchs tu la fais jouer et à la fin elle est indispensable. Tu peux aller à la guerre avec elle... beaucoup de jeunes femmes devraient s'inspirer d'elle. »
Attachante, ambitieuse et toujours avec le sourire, Alexandra s'est installée dans cette D1. L'accomplissement d'une jocassienne. Une jeune femme qui mûrit et qui y croit.
Crédit Photo : Florence Frih