Double-championne olympique en titre du 800 mètres, Caster Semenya ambitionne désormais de s'illustrer sur les terrains de au football.

 

C'est un sport qu'elle a déjà pratiqué notamment lors de ses études, et elle décide aujourd'hui de rechausser les crampons à 28 ans pour intégrer les JVW Girls, le club fondé par la capitaine des Banyana Banyana Janine van Wyk.

Une proximité avec le football que l'on avait déjà pu observer lors du dernier Mondial en France, lorsque Semenya était venue rendre visite à l'équipe sud-africaine. C'est d'ailleurs à cette occasion que l'idée de se lancer dans le football aurait germé lors d'une discussion entre Janine van Wyk et Caster Semenya.

 

Adieu les pistes ?

Cette annonce a été faîte cette semaine, au terme d'un été où Caster Semenya a été privée de participation aux prochains championnats du monde d'athlétisme qui se dérouleront à partir du 27 septembre à Doha au Qatar. Athlète hyperandrogène, Semenya se retrouve exclue des compétitions féminines de l'IAAF, qui juge son taux de testostérone trop élevé et veut lui imposer un traitement afin de la faire rentrer dans les normes imposées par les instances de l'athlétisme.

Une pratique jugée discriminatoire mais qu'un tribunal suisse (pays où siège l'IAAF) a jugé « nécessaire pour préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans certaines épreuves » dont le 800 mètres. Une bataille judiciaire encore loin de son épilogue, mais qui pour le moment empêche Caster Semenya de défendre ses titres, dont celui de championne du monde du 800 mètres remporté à Londres en 2017.

Des circonstances moins heureuses que pour le champion du sprint Usain Bolt qui avait également fait une brève incursion dans le monde du football, notamment dans le championnat australien. Pourtant l'arrivée de Caster Semenya devrait donner un peu de baume au cœur à un football féminin sud-africain qui vient de subir l'un de ses revers les plus retentissants de son histoire.

 

Les Banyana Banyana ont touché le fond

Qualifiée pour les deux derniers tournois olympiques, l'Afrique du Sud a été éliminée par le Botswana, dès le deuxième tour de qualification pour les Jeux de Tokyo. Deux sélections séparées par un peu plus d'une centaine de places au classement FIFA (49e / 152e), et face à une équipe du Botswana qui n'a jamais pris part à une Coupe d'Afrique des Nations, alors que l'Afrique du Sud en était finaliste l'an dernier.

La magie du football diront certains, et un contexte tendu en Afrique du Sud où des émeutes ont notamment visé des populations immigrées, provoquant une vague d'indignation à travers le continent. Des violences qui se sont déroulées notamment dans les jours qui ont précédé le match face au Botswana. Du côté du football masculin, un match amical des Bafana Bafana prévu ce samedi en Zambie a été annulé par la fédération zambienne, officiellement pour raisons de sécurité, tout en pointant clairement les violences des derniers jours en Afrique du Sud.

Caster Semenya a d'ailleurs été l'une des rares athlètes sud-africaines de premier plan a s'exprimer publiquement sur le sujet, avec son message « Stop Xenophobia » (Stop à la Xenophobie) publié sur les réseaux sociaux.

Avant de voir la double-championne olympique évoluer sur les terrains, il faudra encore patienter jusqu'en 2020, puisque Caster Semenya ne peut plus être intégrée à l'effectif des JVW Girls pour la saison en cours. D'ici-là, elle s'entraînera avec ses nouvelles coéquipières, tout en espérant pouvoir faire son retour sur les pistes pour les Jeux de Tokyo en 2020.

 

Photo: Caster Semenya / Twitter

Hichem Djemai