Connu pour ses tacles médiatiques assassins envers les footballeurs, le célèbre journaliste Pierre Ménès à livrer ses impressions sur le football féminin. Loin de son image de bad boy du PAF, il se confie sur l’état général de cette discipline, son évolution, son ressenti, ses coups de cœurs et bien évidemment ses coups de gueule et tout cela avec toute la franchise qu’on lui connaît et la douceur qu’on lui attribue beaucoup moins !
CDF : Quel est votre regard sur le football féminin ?
P.M : "Quand j’ai commencé à l’Équipe, il y a plus de 30 ans, j’ai suivi deux finales de foot féminin. A l’époque, le grand club en France était Saint Maur et… c’était affligeant, c’était vraiment affligeant ! C’était d’un niveau athlétique consternant.
Il y avait de très bonnes joueuses et d’autres qui étaient là parce qu’elles s’étaient dit « bah tiens, je vais faire du foot. Pourquoi pas ! »
Et puis, c’est un sport qui au fil des années a su devenir quasiment professionnel. En tout cas dans pas mal de pays. Avec une préparation athlétique évidemment adaptée qui fait qu’aujourd’hui, on a un football différent mais intéressant. Actuellement, quand on regarde un match de foot féminin de haut niveau on voit un match de foot. A l’époque, ce n’était pas le cas !"
CDF : Il y a une bonne évolution?
P.M : "Il y a une très bonne évolution dans le football féminin. C’est mieux. Je pense quand même qu’il y a quelques joueuses en France qui sont connues. Et puis, il n’y a pas que la France. Il y a d’autres pays où ça prend beaucoup plus : l’Allemagne, les États-Unis, le Japon. C’est évidemment extrêmement loin, et ce sera toujours très loin du foot masculin. Ce n’est pas un sport qui pourra rivaliser un intérêt, par exemple, comme le tennis. Le tennis féminin, parfois, est aussi intéressant que le tennis masculin. Pas en ce moment, mais parfois ! Donc, ça progresse, ça progresse gentiment. C’est sûr, que ça ne fait ni les affluences, ni les audiences même d’un match obscur de football masculin professionnel"
CDF : Quelle équipe supportez-vous?
P.M : "Le football féminin m’intéresse. J’ai des copines qui jouent et puis je regarde les grands matchs de l’Olympique Lyonnais, le PSG en Ligue des Champions, je regarde quand je peux l’Équipe de France. Maintenant, tu me dis, demain tu vas aller voir Guingamp – Montpellier, non. Pourtant, ceux sont de bonnes équipes ! Des équipes de première division. Mais bon, je dois regarder une quinzaine de matchs par an…
Je ne supporte pas une équipe en particulier. Je suis extrêmement ami avec Louisa Nécib de Lyon. Quand je regarde l’Olympique Lyonnais, je regarde surtout Louisa ! Et la dernière fois, j’étais à Charlety pour voir PSG – Lyon, Louisa était blessée on a regardé le match ensemble"
CDF : Quelles sont les meilleures joueuses?
P.M : "À l’international, je vais avoir du mal à sortir un nom ! Mais, pour parler de l’Équipe de France, on a Wendie Renard la capitaine. Elle a un gabarit exceptionnel pour une femme, je crois qu’elle fait 1,87m. Il y a Eugénie Le Sommer qui ne parle pas souvent mais qui marque tout le temps des buts ! Il y a Gaëtane Thiney qui est vraiment un des piliers de l’Équipe de France, Louisa (Nécib), meneuse de jeu qui a vraiment beaucoup de talent. Je connais beaucoup de joueuses, parce qu’il y a deux ans, j’avais été invité à Clairefontaine par Bruno Bini qui était à l’époque le sélectionneur national. C’était sympa !"
CDF : En terme de Nations, y a-t-il un pays qui ressort plus que les autres ? Qui est plus en avance ?
P.M : "Ce n’est pas comme en foot masculin où il y a de très grandes nations comme l’Espagne et l’Italie et pas tellement voir pas du tout en foot féminin ! Ces deux pays sont en retard par rapport à d’autres où l’engouement est plus fort comme les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne…
Aujourd’hui quand on dit : Etats-Unis, Allemagne, France et Japon on a les grands favoris de la prochaine Coupe du Monde.
Le fonctionnement du sport aux Etats-Unis est totalement différent du sport en Europe. C’est toujours une fonction universitaire au départ qui fait que bien évidemment à l’université, les filles font du foot. Et puis, elles ont certainement des installations de meilleures qualités qu’en France"
CDF : La France à t-elle ses chances pour la Coupe du Monde en juin prochain?
P.M : "Oui, bien sûr ! Elle a ses chances. Il faudra qu’elle fasse bien attention à quelque chose : l’efficacité offensive. C’est souvent ce qui lui a fait défaut dans les grandes phases finales. Mais sinon, défensivement et au milieu de terrain, c’est une équipe qui est extrêmement costaud et qui maintenant fait peur à tout le monde. Il n’y a pas une équipe au monde aujourd’hui qui joue contre la France et qui se dit « chouette, on va gagner ». J’ai oublié le brésil, évidemment, dans les favoris ! Le Brésil, c’est le pays du foot absolu. Tout le monde joue au foot les filles, les garçons, les nouveaux-nés, les personnes âgées, les chiens, les chats…
Moi, ce que je regrette mais bon c’est quelque chose de très personnel. Je regrette que cette Coupe du Monde ait lieu exclusivement sur terrain synthétique. Ça déplait profondément aux joueuses françaises. De toute façon, pour moi, le synthétique devrait être interdit. C’est nul ! Autant, il y a 5 ans, dans des villes comme Lorient où il y a beaucoup de précipitations, ça pouvait avoir une raison d’être. Aujourd’hui, il y a des terrains semi synthétiques qui sont de très bonne qualité. Mais bon voilà, ce sont ceux qui dirigent le foot qui devraient tout simplement interdire les terrains synthétiques. Parce que ça fausse le jeu, parce que c’est traumatisant au niveau musculaire surtout quand on n’a pas l’habitude d’évoluer dessus !"
CDF : Quels sont vos pronostics pour cette Coupe du Monde qui se disputera au Canada du 6 juin au 5 juillet 2015?
P.M : "Honnêtement, je ne suis pas ça d’assez près pour parler de l’état de forme de l’équipe d’Allemagne, de l’équipe du Brésil ou du Japon. Tout ce que je peux dire, c’est que l’équipe de France à ses chances à condition d’être efficace devant le but adverse. C’est très important"
CDF : Vous allez suivre la Coupe du Monde ?
P.M : "Oui, bien sûr ! Je vais regarder les matchs de l’équipe de France. J’aurai des nouvelles de Louisa"
Propos recueillis par Keltoum Bessadok
Photo : DR