C'est un coach plutôt satisfait de son groupe, moins de l'attitude autour de ce match, qu'on a eu au téléphone après PSG/Albi. Adolphe Ogouyon a exprimé une certaine amertume sur ce litige qui a vu Albi récupérer trois points sur tapis vert, après qu'une Parisienne n'ait été inscrite sur la feuille de match lors de cette rencontre. Une situation qui a marqué une certaine ambiance, électrique, entre les deux clubs.

 

Le résumé du match => D1 : Paris confirme face à une équipe d'Albi solidaire

 

Coeurs de Foot - Votre ressenti sur ce match contre Paris ?

A.O. - Oui bah disons qu'on a pas vraiment joué à notre niveau. L'équipe a été un peu modifiée, vous l'avez bien vu, on avait que quatorze joueuses parce qu'il y a notre équipe réserve de DH, qui jouait son maintien [dimanche]. C'était la dernière journée de championnat, donc il fallait qu'elles gagnent absolument pour se maintenir. Deuxième chose, il y avait aussi les [joueuses] suspendues. Donc forcément on est arrivés avec un effectif réduit, dont deux gardiennes. A Albi on a aussi un effectif très limité donc remplacer les joueuses qui ont l'habitude de jouer ensemble c'est un peu compliqué. Ce n'était pas le cas de Paris, où il y a eu un turn over qui a été positif pour eux.

On a manqué d'automatismes et on est tombés sur une bonne équipe de Paris. Avec de bonnes joueuses et nous on a jamais pu faire notre jeu. C'est ce qui nous arrive en fin de saison, c'était le cas l'année dernière, lorsqu'on a eu suffisamment de points, et qu'on pensait qu'on était maintenu, on relâche un petit peu la pression et quand on relâche la pression et que notre effectif ne peut pas être comparé à celui de Paris, forcément ça nous affaiblit.

En deuxième mi-temps on a mis un peu plus d'impact mais ça n'a pas été suffisant. Nous on a quand même gagné un match y'a 15 jours à Guingamp, une équipe qui a pris un point à Paris juste avant (3-3). Donc aujourd'hui on aurait voulu repartir au moins avec un point.

Coeurs de Foot - On a vu qu'en deuxième mi-temps, vous entrepreniez un peu plus, parce que vous avez mis trois attaquantes en pointe si je me trompe pas ?
A.O. - Oui oui oui on a modifié l'équipe, pour amener un peu plus d'agréssivité dans le bon terme et dans la récupération du ballon mais aussi en attaque parce qu'en première mi-temps on a été complètement inexistant sur le plan offensif. Notre attaquante était souvent isolée donc on a essayé de lui amener le soutien qu'il fallait mais bon en plus elle a joué blessé donc avec l'effectif réduit c'était compliqué, surtout avec des joueuses blessées.

Coeurs de Foot - C'était un match d'apprentissage face à Paris, avant votre prochaine échéance peut être ?
A.O. - Oui mais nous on était pas venu pour ça. On a fini notre apprentissage [de la D1] ça fait trois ans que Albi est en D1 donc on considère que c'est acquis. Nous on est entrain de grandir. Ce n'est pas annondin quand même quand on va gagner à Guingamp, à Saint-Etienne. Quand la plupart de nos résultats ont été acquis à l'exterieur. L'année dernière c'était l'inverse, les meilleurs résultats pour le maintien on les as acquis chez nous. Cette année on a gagné une seule fois à domicile contre Metz. On est quand même sur la bonne voie pour être en D1 l'année prochaine. On a pas répondu présent comme on l'aurait souhaité par rapport au match d'aujourd'hui. Je pense qu'il y avait la possibilité de titiller un peu Paris et en plus les quatre buts sont presque identiques, sur des centres. C'est des situations que les filles gèrent bien habituellement.

Coeurs de Foot - Comment vous faîtes pour motiver vos joueuses toute une saison, face aux grosses équipes notamment ?
A.O. - Dans mon équipe, j'ai quatre statut de joueuses déjà. J'ai trois/quatre contrats fédéraux, des filles qui travaillent pour le club, et pour d'autres entreprises, puis les étudiantes, qui sont toutes sur Toulouse.
Donc pour les motiver [de venir aux entraînements] c'est pas toujours simple déjà, parce qu'avant de venir s'entraîner, elles ont des journées complètes où elles seront à la FAC et elles sont fatiguées quand elles rentrent chez elles, pas avant 23h le soir. Elles ont pas ce statut "professionnelles". Et c'est sûr qu'au niveau motivation c'est pas simple d'y arriver avec un groupe aussi hétéroclite mais la plupart de ces joueuses sont dans le club depuis minimum quatre ans. La plupart ont joué la montée en D1 et elles aiment ce club là. C'est déjà cet amour du club qui les motive. On est quand même arrivés de très bas, avec un début de saison catastrophique et progressivement semaine après semaine, mois après mois, on a réussi à remonter la pente. Ca a été difficile parce que moi aussi j'ai du adapter mon discours pour que les filles prennent du plaisir, continuer à s'entrainer parce que nous habituellement on produit du jeu et on se créé des occasions. Aujourd'hui on a réussi à trouver le juste milieu entre compétition et bonne humeur.

 

"mon métier c'est de gagner [les matchs] sur le terrain"

 

Coeurs de Foot - On peut aussi parler des trois points sur tapis vert qui vous a peut être un peu boosté dans votre élan ?
A.O. - Franchement non. Moi personnellement j'ai pas besoin des trois points de Paris pour me maintenir. En tant que coach mon métier c'est de gagner [les matchs] sur le terrain. Par rapport aux points de Paris [sur tapis vert] nous on a rien demandé, on a pas fait de réclamation donc je ne vois pas où se situe le problème et je déplore l'attitude de mon collègue, Patrice Lair, vis à vis du club d'Albi et vis à vis de ma personne. Si Paris a perdu ces points là, pour jouer la Champions League la saison prochaine, il n'a qu'à s'en prendre à eux mêmes, pas à nous. Par rapport à la personne de l'administration qui a commis l'erreur de synchronisation de la tablette quand elles sont venues jouer chez nous et Patrice Lair contre lui-même. Parce que quand tu perds contre Marseille (2-0), contre Montpellier (2-1) et que tu perds des points contre Guingamp (3-3) à domicile après avoir mené 3-0, ce ne sont pas les points que le règlement attribu qui te font perdre la Champions League. Et nous on a rien à nous reprocher. Autant nous on veut se maintenir, sans ses points de Paris. Mais maintenant si on se maintient grâce aux points de Paris, ça sera bien fait pour eux.
Nous on a toujours dit que notre maintien on va l'avoir sur le terrain et pour l'instant c'est ce qui se profile. Aujourd'hui on a cinq points devant Bordeaux, même si on avait pas ses trois points, on aurait deux points de plus et si on gagne dimanche contre Rodez, on se maintient. Nos filles sont des compétitrices.

Coeurs de Foot - J'ai remarqué aussi que vous n'aviez pas de grande attaquante dans votre effectif, sans manquer de respect à votre effectif. Est-ce que c'est quelque chose qui pénalise tout de même votre équipe ?
A.O. - Grande c'est à dire en taille ou en qualité (sourire). Mais vous savez Albi on est un petit club, y'a des personnes qui ne savent même pas mettre Albi sur une carte, même lorsque Macron a fait son discours chez nous avec son dernier meeting. Donc à part ça, Albi n'est pas vraiment répertorié dans la mémoire des gens. Albi est une équipe qui vient d'un club amateur. Même les garçons ne sont pas en promotion de ligue. Et on a un budget très restreint donc nous au niveau du recrutement, on préfère dans un premier temps regarder autour de nous, autour d'Albi, ou autour de Toulouse, puisqu'il y en a pas mal avant de chercher à l'exterieur. Et pour avoir des attaquantes qui marquent des buts, on a pas le budget pour pouvoir donner à gauche à droite. On est très selectif par rapport à ça. Aujourd'hui on a joué avec la numéro 20 [Pilar Khoury] qui est blessée, tout comme la numéro 25 [Laurie Saulnier] qui est blessée.
Maintenant si on peut gagner avec un but d'écart comme face à Metz, Bordeaux, Saint-Etienne ou encore à Guingamp, ça nous suffit largement. 

Coeurs de Foot - Est-ce que pour parler de la saison prochaine, vous allez rester ou comme certain coach arrêter ?
A.O. - Les discussions suivent leur cours. On a fort avantage que je reste jusqu'à la fin de la saison prochaine.

Coeurs de Foot - Dernière question ça concerne donc vos deux prochaines échéances comme vous m'en avez parlé contre Rodez et Soyaux. Comment vous voyez ces deux derniers matchs ?
A.O. - On a un point devant Rodez, on est 8e [au classement] et on entend le rester. Donc va travailler. Vous savez les filles vont s'entrainer six fois la semaine prochaine pour être prêtes. Sinon on serait pas à ce niveau. On va surtout mettre l'accent sur l'enjeu [de cette affiche] en sachant que Rodez est à un point derrière nous, à quatre points devant Bordeaux. Donc elles vont essayer de tout faire pour se sauver, en sachant que la dernière journée, elles jouent Montpellier.
C'est une fin de saison passionnante dans le bas de tableau et même dans le haut de tableau parce qu'il y a ce match pour la deuxième entre Paris et Montpellier.

 

Photo : Mica GB M PhootoRafettes

Dounia MESLI