Gérard Précheur est largement revenu sur le match perdu de son équipe face à Chelsea (0-1). L'entraîneur parisien se focalise déjà sur le déplacement à Madrid, le 26 octobre.


 

Journaliste - Sur la rencontre perdue face à Chelsea 

Il faut être pertinent. A chaud, ce n’est pas évident mais dans ce domaine, c’est toujours difficile. Il y a de la frustration, de la déception de perdre sur un but sur coup de pied arrêté. Chelsea était une équipe supérieure à nous dans le domaine aérien alors qu’on l’avait bien travaillé [à l’entraînement]. 

Mais pour répondre plus précisément à la question, le point fort de Chelsea est qu’elles défendent très bien, je crois qu’elles n’ont pas pris un but dans le jeu depuis le début de la saison. Elles s’appliquent bien sur les attaques rapides, les contres, ils utilisent bien les espaces et sont très performants dans ce domaine là. Mon premier ressenti est que notre niveau technique était bien, c’est plutôt pas mal, notamment en deuxième période, mais pas assez je dirais pour avoir l’ascendant technique sur le jeu et sur l’adversaire.

 

Journaliste - Sur le forfait de Lieke Martens à la veille du match

Pour une fois qu’elle pouvait préparer un match avec un petit peu de temps. Elle avait pris la décision de mettre un terme à sa sélection nationale donc on en a bénéficié pendant 10 jours, on avait bien préparé ce type de match et on l’avait prévu pour qu’elle joue attaquante axiale avec Ramona [Bachmann] sur le côté gauche pour pouvoir apporter une supériorité numérique et avoir l’ascendant au milieu de terrain. 

Au final, elle ne joue pas mais bon, je ne vais pas chercher d’excuses. Cela a permis à Laurina [Fazer] de s’exprimer.

 

Journaliste - Sous pression après cette défaite ?

Ça dépend, il y a 6 matches. On rentre mal sur le plan sportif, on démarre mal cette compétition qui est un mini-championnat avec 4 équipes. 

Oui, il y aura une petite pression à Madrid, on ne va pas se le cacher. On va voir comment on va être capable de la gérer.

 

Journaliste - Sur le placement de ses joueuses, qui ont eu du mal à se positionner sur le terrain

Non, je n’ai pas eu ce ressenti. Quand il y a une récupération collective du ballon, on pouvait avoir le sentiment d’être en infériorité numérique mais justement, c’était l’objectif parce qu’on l’avait travaillé. L’objectif était d’être capable de sortir du pressing et utiliser cette arme là. 

Pour moi, quand une équipe me presse, c’est une bonne nouvelle parce qu’en tant qu’entraîneur, je travaille sur ça. Des qu’on est capable de sortir du pressing et en infériorité numérique, ça veut dire qu’on trouve un décalage derrière. Ça fait partie de l’orientation du jeu, mais on a trop forcé peut être et on n’a pas eu la capacité à lutter contre un bon pressing.

 

"Ils ont senti le filon au niveau 

du foot féminin"

 

Coeurs de Foot - Sur le résultat des clubs anglais dans cette première journée avec la victoire de Arsenal 5-1 face à Lyon ce mercredi, et l’investissement anglais sur le football féminin et le manque en France

C’est une analyse très pertinente, c’est vrai. Ils savent faire, on ne va pas leur apprendre à faire du business, ce sont les rois du monde à ce niveau-là. Ils le font très bien, ils ont senti le filon au niveau du foot féminin, ils ont très très bien organisés l’Euro et ont tout de suite exploiter au niveau de la fédération tout l’engouement qu’il y a eu autour de la sélection nationale avec les moyens qu’ils ont, les droits de retransmission télé qui leur donne beaucoup de moyens. 

C’est vrai qu’ils sont dans une très bonne dynamique, je l'avais évoqué avec les joueuses et on pensait mettre un frein à cet engouement, mais on n’a pas réussi.

 

Coeurs de Foot - Sur la gestion des absences et le manque de solutions au PSG

Oui bien sûr, on doit les gérer [ces absences et ce manque d'effectif]. On sait que pour Lieke [Martens], ce n’est qu’une grippe et elle ne sentait pas [à 100%] pour s’entraîner hier, elle ne se sentait aujourd'hui pour jouer, donc j'espère que ce n'est que passager. Maintenant on sait très bien que pour Marie-Antoinette [Katoto] c'est beaucoup plus grave. Pour autant on ne va pas à chaque fois se cacher derrière cette absence pour expliquer nos contre-performances. A nous de trouver les moyens, ils ne sont pas faciles, mais on va s'y atteler pour les prochains matches.

 

Journaliste - Sur le style de jeu de Chelsea plus dur physiquement en défense ou en attaque, qui ont débuté leur saison plus tard que les Françaises

Intrinsèquement, elles sont supérieures à nous, sur le plan athlétique, donc là on ne peut rien y faire, on ne peut pas rivaliser, même si on faisait 4 heures de musculation par jour, on ne pourrait pas y aller. Je ne veux pas être dans le sarcasme, elles sont supérieures à nous athlétiquement et justement c'est pour ça qu'on peut compenser et palier cette différence athlétique que par la technique et le collectif. C'est là qu'on a manqué un peu - sur une ou deux ou trois joueuses - effectivement qui n'ont pas haussé leur niveau. Il fallait qu'elles faussent un petit peu leur niveau de jeu pour qu'on puisse y arriver, ça n'a pas été le cas et donc on a effectivement été en difficulté sur le plan des duels, ils ont été bien plus performants que nous...

 

Journaliste - Sur le fait de ne pas avoir fait jouer Sandy Baltimore et la raison de ce manque de temps de jeu cette saison pour la joueuse ?

Quand je suis arrivé, on a bien discuté avec elle, quand j'ai analysé la saison dernière de Sandy, elle était en difficulté, elle a fait une très très mauvaise fin de saison pour le Paris Saint-Germain, pour des raisons peut-être particulières, j'ai tout fait pour la remettre en confiance, dans la percussion sur son côté gauche, et les résultats que j'attendais ne sont pas arrivés concernant Sandy. On a essayé, on a même travaillé pendant 15 jours, pendant la période internationale, à l’entraînement on a consacré ces 10 jours à la mettre à droite, pour qu'elle puisse effectivement rentrer sur son pied gauche, venir apporter de la présence dans l'axe, parce que c'est ce qui nous manque tout de même, car on parlait de Marie-Antoinette [Katoto] qui n'est pas, on n'a pas une avant-centre de métier. On met Ramona [Bachmann], mais on voit bien qu'elle décroche, donc qu'est-ce qu'il nous reste, avec Sandy on a tenté cela [de la faire jouer à droite], mais ça ne lui convient pas, elle a été très claire avec moi cette semaine, jouer à droite ne lui convient absolument pas, donc je ne peux pas compter sur elle pour jouer à droite. Donc à gauche c'est une concurrence à avoir Lieke [Martens], Ramona, avec Laurina [Fazer] et pour le moment elle n'est pas en pôle position sur ce poste d'attaquante gauche.

 

Journaliste - Sur l'entrée d'Estelle Cascarino, qui a permis à Sakina Karchaoui d'avoir plus d'espaces sur le côté gauche

C'est cela, c'est absolument la démarche, apporter justement un plus offensivement, elle a cette qualité de percussion, qui lui permet, et ça n'a pas si mal fonctionné que cela, elle nous a apporté dans les 20/25 dernières minutes un peu sa percussion, à mon avis un peu trop dans l'axe, à mon goût, mais c'était l'objectif [de la faire jouer plus haut] et je vais réfléchir pour savoir si ça ne sera pas une possibilité, une option pour les matches à venir.

 

Journaliste - Sur son choix de mettre un milieu composé de Laurina Fazer, Oriane Jean-François et Grace Geyoro

Il y avait trois milieux, on jouait en 4-3-3, donc on jouait avec Oriane et Jackie plutôt en 6, avec Grace plutôt en numéro 10, il y avait un combat [ce soir contre Chelsea], elles avaient le challenge, il était très clair. Notre jeu en possession il ne peut être performant que si on gagne la bataille du milieu. Elles jouaient avec trois milieux également, donc c'était intéressant cette bataille au milieu et justement pour leur facilité, leur permettre d'atteindre cet objectif on avait mis en place, on avait demandé à Ashley [Lawrence] - comme elle le faisait souvent - de venir, de rentrer à l'intérieur pour créer une supériorité numérique ou Laurina, c'était l'objectif, que Laurina était notre numéro 10, vient vers une position beaucoup plus axial, ce qu'elle a très bien fait pour créer cette supériorité numérique et gagner la bataille du milieu. C'était la stratégie de jeu concernant notre milieu de terrain et du coup avec Laurina qui rentrait [plein axe], laisser, libérer le couloir pour Sakina, qui malheureusement ce soir, je pense que l'animation défensive ne lui a pas permis de prendre le couloir comme elle le fait à l'accoutumé.

En deuxième période, on a ré-axé Kadi [Kadidiatou Diani], elle a joué beaucoup trop à droite en première période, le naturel revient au galop, nous on avait besoin de Kadi un peu plus dans l'axe, surtout quand les actions se déroulaient à gauche avec par exemple Sakina ou Laurina sur le côté gauche, on avait demandé à Kadi d'être un peu plus axiale, car Ramona décroche, si Kadi ne rentre pas, on n'a personne dans l'axe, donc on joue sans avant-centre. Je pense que Kadi n'a pas fait assez, n'est pas assez rentrée pour venir dans l'axe, elle est restait un peu trop sur son coté droit. Ensuite j'ai changé à la mi-temps, j'ai placé Kadi attaquante axiale, et Ramona pareille, un peu plus milieu, numéro 10 excentrée pour être à l'intérieur et avoir de la densité dans l'axe et libérer les couloirs cette fois-ci pour Ashley. Ça a pas mal fonctionné. Ashley a été beaucoup plus, a apporté beaucoup sur son couloir droit en deuxième période.

 

Journaliste - En deuxième période, il y a beaucoup plus d'occasions franches, qu'est-ce qu'il a manqué justement pour les concrétiser ?

Vous savez on connaît, c'est difficile de marquer un but, j'aurai déjà préféré qu'on fasse ce qu'il faut pour ne pas le prendre ce but, car on sait que c'est tellement difficile de marquer. Ce qu'il a manqué, la supériorité technique par rapport aux qualités très fortes des défenses [de Chelsea]. Le point positif de ce match et de cette deuxième période, c'est cette maîtrise haute qu'on a eu. On a eu une très bonne possession, on s'est créé quelques occasions, pas tant que ça. Je pense qu'on ne frappe franchement pas assez au but, on a beau leur demander, on travaille un petit peu à l’entraînement, mais peut-être pas assez non plus, peut-être pas suffisamment de temps. Après quand on a la maîtrise haute, on a vu qu'on alterné quand même par rapport au match précédent. Si je fais référence au match de Dijon et cette deuxième période, je trouve qu'on était capable de combiner dans l'axe, donc on apporté à notre jeu par rapport au début de saison. En début de saison on passait beaucoup par les côtés, on centrait, là aujourd'hui on alterne pas trop mal les deux [jeu sur les couloirs et dans l'axe], après il faut un talent, il faut des qualités individuelles d'attaquantes pour finir.

Dounia MESLI