Avant l’épilogue de la Coupe du Monde ce week-end avec le match pour la 3e place (samedi) et la finale (dimanche), le comité d’étude technique de la FIFA a donné les grandes lignes de son rapport concernant le tournoi. Un bilan très positif saluant une évolution spectaculaire du niveau de jeu par rapport aux précédents tournois.

 

Pour chaque tournoi, la FIFA nomme un comité d’étude technique chargé d’étudier le jeu développé par les équipes au cours du Mondial. Pour cette édition 2019 en France, il était notamment composé de Sun Wen, Nadine Kessler ou Élisabeth Loisel, ancienne sélectionneuse de l’équipe de France.

 

Des joueuses plus « déterminées » et capables de prendre des décisions plus rapidement

Lors de la conférence de presse organisée ce vendredi au Parc OL, les membres du comité ont insisté sur la « qualité du jeu », « formidable » selon Nadine Kessler, ancienne championne d’Europe avec l’Allemagne et responsable du football féminin au sein de l’UEFA. Parmi les éléments pour alimenter ce constat, le sentiment de voir un jeu avec une plus grande vitesse d’exécution, et des joueuses capables de « prendre des décisions de manière plus rapide ».

Une évolution qui accentue l’importance des « phases de transition », à la perte et à la récupération du ballon, et où justement ces capacités à prendre rapidement des décisions et la vitesse d’exécution peuvent se révéler décisives pour trouver la faille dans une défense.

Revenue également sur le sujet, Élisabeth Loisel a évoqué les qualités nécessaires pour faire face à ces évolutions du jeu, notamment sur le plan « athlétique ». Un besoin de « puissance » qui, selon elle, est un aspect sur lequel « la France a des progrès à faire ».

Sur un plan psychologique, cela se traduit également, selon Nadine Kessler, par une plus grande « détermination » des joueuses dans leurs prises de décisions et les initiatives qu’elles mènent sur le terrain. Elisabeth Loisel est elle aussi revenue sur l’aspect « mental », estimant que la compétition avait été marquée par une plus grande « concentration » de la part des joueuses, ce qui s’est traduit selon elle par un nombre beaucoup plus faible « d’erreurs individuelles ».

 

L’attaque, c’est l’affaire de toutes

Le comité a également insisté sur la participation d’un nombre croissant de joueuses aux offensives de leur équipe. Comme l’expliquait Clémentine Touré, ancienne internationale et ex-sélectionneuse de la Côte d’Ivoire, ce ne sont plus seulement les attaquantes, mais aussi bien les milieux que les défenseures qui sont pleinement impliquées dans l’élaboration des attaques.

Et pas uniquement sur les coups de pied arrêtés à l’image de Wendie Renard, meilleure buteuse des Bleues sur ce tournoi. Un jeu tourné vers l’avant, et qui se retrouve selon Élisabeth Loisel, dans le choix d’un nombre croissant d’équipes d’évoluer avec une seule milieu défensive devant la ligne arrière.

Cette participation des joueuses défensives passent d’abord par les latérales, citant notamment l’exemple de l’Anglaise Lucy Bronze, qui n’hésite pas à évoluer très haut dans le couloir, mais également venir s’intégrer par moment dans le milieu de terrain anglais. Des traits que l’on retrouve aussi chez la polyvalente internationale canadienne Ashley Lawrence.

 

« Chaque joueuse se retrouve face à la responsabilité d’influencer le jeu »

Au-delà de l’aide apportée par ces joueuses venues de l’arrière, Nadine Kessler évoque un tournoi où « chaque joueuse se retrouve face à la responsabilité d’influencer le jeu » et non plus simplement les traditionnelles ‘‘numéro 10’’ ou d’une manière plus générale les joueuses positionnées au cœur du jeu.

Un constat qui va avec celui apporté par April Heinrichs, championne du monde avec les États-Unis en 1991, et qui a insisté notamment sur le plus grand nombre de « permutations » entre les joueuses, quelle que soit leur position de départ, ce qui participe selon elle à la « fluidité du jeu ».

Cette influence peut se traduire par du mouvement, des gestes techniques, ou encore prendre le dessus dans des situations de un contre un. Ce sont aussi des gestes tels que la qualité des longs ballons des transversales, qui peuvent déstabiliser une défense, un geste technique mis en avant par Clémentine Touré, et qui avait par exemple amené le deuxième but américain face à l’Angleterre en demi-finale.

 

Les gardiennes saluées… et la VAR

Un jeu plus offensif donc, mais aussi selon le comité un usage plus systématique du « pressing au milieu de terrain », pour ne plus se contenter d’attendre l’équipe adverse dans son propre camp. Une évolution notable sur ce Mondial selon Élisabeth Loisel. Elle note également que l’équipe américaine.

Cette conférence de presse a également été l’occasion d’insister sur « le niveau fantastique des gardiennes dans ce tournoi » selon Pascal Zuberbühler, ancien international suisse et spécialiste des gardiens auprès de la FIFA.

Un rythme plus élevé qui n’empêche pas de conserver des matches avec « peu de fautes » et « un temps de jeu [effectif] important ». Un tableau presque idyllique dans lequel même la VAR a droit à son lot de compliments.

Selon April Heinrichs, l’assistance-vidéo « est un formidable outil pour le football féminin [qui] rend [le jeu] plus juste et équitable ». Elle juge également que la VAR « a été d’une grande utilité pour rendre le jeu plus juste » dans cette Coupe du Monde et qu’il faudrait l’avoir dans « tous les championnats féminins ».

 

Photo: thememefootball

Hichem Djemai