Tout juste après l'annonce de sa liste pour l'Euro 2022 en Angleterre, Corinne Diacre a réagi aux nombreuses questions des journalistes sur ses choix et notamment les absences de deux joueuses au sein du groupe, Amandine Henry et Eugénie Le Sommer.

 

Journaliste - Est-ce qu'il y a eu des cas de conscience dans la conception et la finalisation de cette liste, et est-ce qu'au vu de ses dernières performances, vous avez eu une réflexion sur Amandine Henry ?

La liste a été faite de manière très naturelle, très professionnelle, avec mes deux adjoints, on a passé quasiment toute une journée sur la liste, sur le choix des joueuses, on a pesé bien évidemment les pour et les contre si on peut dire ça comme ça. On a surtout souhaité faire confiance aux joueuses avec lesquelles on travaille et avec qui on a construit depuis quelques mois cette équipe, qui s'est qualifiée pour la prochaine Coupe du Monde. On a souhaité rester sur un certain équilibre tout simplement.

 

Journaliste - Ne craigniez-vous pas avoir un manque d’expérience des compétitions de haut niveau sans Amandine Henry au milieu de terrain ? 

C’est une question que l'on s’est posée, mais de l’expérience on en a, avec beaucoup d‘autres joueuses. Il était important aussi je pense de régénérer un petit peu cet effectif, c'est ce que l'on avait commencé à faire à l'issue de la Coupe du monde.

Là je pense qu’aujourd’hui on a trouvé un certain équilibre, donc on n’a pas voulu changé quoique ce soit par rapport aux filles, qui avaient fait les efforts, et qui nous avaient donné aussi satisfaction, que ça soit en terme de performance, mais également de vie de groupe, en dehors du terrain. Cet équilibre là on a souhaité le garder pour l’Euro.

 

Journaliste - Y’a-t-il des réservistes ?

Officieusement oui, je les appellerais dans la journée, au plus tard demain pour leur faire part de mon intention de les conserver en bonne forme, au cas où il y aurait une blessée d'ici l'annonce de la liste officielle auprès de l'UEFA.

 

Journaliste - Avez-vous eu des assurances sur la santé de Katoto après sa blessure hier avec le PSG ? Va-t-elle être la joueuse sur laquelle l'équipe de France doit se reposer pour cet Euro ?

Marie va bien, je suis la première rassurée, (sourire). Et non on va éviter de mettre de la pression sur les épaules de Marie, je pense qu'elle en aura suffisamment déjà vis à vis d'elle-même. 

Il faut simplement que l’équipe fonctionne très bien autour d’elle, même si on a très envie qu'elle performer bien évidemment, mais on a aussi d’autres atouts qui vont pouvoir performer autour d’elle.

 

"À partir du moment où on fait des choix,

je l'ai dit sur l'antenne, je les assumerai."

 

Journaliste - Sur l’absence de Viviane Asseyi, qui vit une saison un peu compliquée au Bayern

Oui ça a été un choix difficile pour Viviane, mais effectivement ces dernières performances, j’ai même envie de dire de cette saison, on était en deçà de ce que l'on peut attendre nous déjà en équipe de France. Alors c'est vrai qu'elle a eu quelques difficultés également avec son club.

Ça a été une décision difficile à prendre, il y en a eu d’autre bien évidemment, mais bon à partir du moment où on fait des choix, je l'ai dit sur l'antenne, je les assumerai.

 

Journaliste - Sur l'absence de Kheira Hamraoui et les problèmes extra-sportifs autour de la joueuse

C’est surtout le fait qu’elle ne joue pas depuis plusieurs semaines, donc à partir du moment où en terme de performance c'est difficile pour nous de l'observer, c'est surtout cela qui a fait pencher dans la balance le choix de ne pas la sélectionner.

 

Journaliste - Sur la présence d'Ouleye Sarr plutôt qu’Eugénie Le Sommer, plus expérimentée

Son profil [m'a fait la choisir]. Les deux joueuses que vous venez de citer on des profils athlétiques complètement différent. C'est le profil d’Ouleye capable de prendre la profondeur, capable également de suppléer au poste d'attaquante axiale, qui a mis Ouleye dans une balance favorable pour cette liste tout simplement.

 

Journaliste - Deux matches de préparation en vue, avez-vous des objectifs de faire tourner l’effectif ou de garder le noyau ?

Le premier match [contre le Cameroun] va essentiellement nous servir... Il va venir en fait dans la continuité de notre préparation, et le deuxième match [contre le Vietnam] on sera un tout petit peu plus proche de la composition d'équipe, qui devrait démarrer le premier match de l'Euro, un tout petit peu plus proche, parce qu'aujourd'hui c'est un peu difficile de vous dire ce qui va se passer dans quelques semaines. 

 

Journaliste - Sur la sélection de Justine Lerond, en tant que 3e gardienne, suite à la grave blessure de Solène Durand

Le choix de Justine s’est fait assez simplement, parce qu’en début de saison avec Sabrina Viguier, la responsable des sélections nationales de jeunes, on avait souhaité maintenir l’équipe U23, donc le Président [Noël Le Graet] nous a accordé deux stages pour cette équipe, elles ont également fait quatre matches amicaux cette saison, deux contre l'Angleterre et deux contre la Belgique et Justine est la gardienne titulaire des U23. Donc il était logique pour nous, que la gardienne numéro des U23 tape à la porte de la A, c'est aussi pour cette raison que l'on avait souhaité maintenir cette équipe des U23, déjà pour qu'elles puissent jouer des matches internationaux, leur donner du temps de jeu à haut niveau et aujourd’hui on a bien fait, puisque malheureusement Solène Durand s’est blessée gravement. Aujourd'hui on prend dans cette équipe U23, dans je salue le travail de Grégoire Sorin et de son staff.

 

Journaliste - Sur la présence d’Hawa Cissoko, plutôt qu’Elisa De Almeida

Elisa joue de plus en plus, cette fin de saison avec le Paris Saint-Germain. Il y a eu un petit peu de tout, il y a eu les performances, Hawa est toujours titulaire dans son club. Puis après il y a aussi le profil dans la vie du groupe, ça s'est joué à pas grands choses. 

On a fait le choix de prendre Hawa plutôt qu’Elisa, c’est un choix délibéré, maintenant Elisa aurait pu aussi faire partie de ce groupe, elle n’était pas très loin, mais seule 23 pouvaient composer cette liste, donc on s’est arrêté sur le choix de Hawa.

 

"On est arrivé à quelque chose qui fonctionne bien"

 

Journaliste - Dans quelle mesure le vécu de la Coupe du Monde 2019, a pesé dans les choix que vous avez fait pour cette liste, y-a-t-il des leçons que vous avez retenu, des choses que vous n'avez pas voulu reproduire pour cet Euro ?

Un bilan a été fait après la Coupe du Monde bien évidemment, sur plusieurs aspects, sportif, hors terrain, vie de groupe, notre vie en interne avec les joueuses, le staff, il y a eu beaucoup de temps passés avec mes adjoints en terme de discussions, de réunions et depuis la Coupe du Monde, trois ans se sont écoulés. On a eu le temps d'essayer plusieurs choses, d'avoir un fonctionnement évolutif et aujourd’hui je pense que l'on est arrivé à quelque chose qui fonctionne bien, que ça soit avec les joueuses mais aussi avec le staff. On demande souvent aux joueuses d'avoir une bonne cohésion, une bonne entente, mais si nous on n'a pas ça dans notre staff... Donc il y avait plusieurs choses à revoir. C'est ce que l'on a fait aujourd'hui et je dirais que par rapport à 2019 on a trois ans de plus, trois ans d’expérience supplémentaires et un petit peu plus de recul, on a aussi trois ans d'expérience en commun, c’est ce qui fait qu'on se connait bien mieux aussi et les choses se font un tout petit peu plus naturellement.

 

Journaliste - Marie-Katoto plus forte qu’il y a 3 ans ? Espérez-vous que son avenir au PSG soit tranché avant le début de la compétition ?

Par rapport à 2019 il faut remettre les choses dans leur contexte, Marie sortait d’une Coupe du Monde U20 en 2018, (blanc) je ne sais pas si je peux employer le mot catastrophique, mais en tout cas, [elle] n'a pas été à la hauteur de ce qu'elle déjà espérait. 2019 c’était peut-être un peu tôt pour la prendre avec nous, mais Marie a ce talent, on le sait depuis un petit moment, elle performe avec les sélections jeunes depuis très longtemps, mais à ce moment là elle n’était pas performante et je n’ai pas de regret de ne pas l’avoir pris en 2019, parce que je pense que l’état d’esprit dans lequel elle était à ce moment-là, un ne l'aurait pas servi, et deux ça n'aurait pas servi l'équipe de France. Maintenant si on l'avait pris, on ne sait pas ce que ça aurait été [le résultat], mais en tout cas de ma part, il n'y a pas de regret. Je savais qu’à un moment donné, Marie ferait partie du groupe, elle l'est aujourd'hui. On l'a souvent dit, à un moment donné Marie n'était pas performante dans les grands rendez-vous. Aujourd'hui on en parle plus de cela. Elle l'est ! Donc Marie est aujourd'hui naturellement l'attaquante de l'équipe de France.

Son avenir je pense sera réglé avant le début de la préparation. On en a convenu collégialement avec le groupe de joueuses.

 

"Un certain équilibre, que je n'ai pas voulu casser"

 

Journaliste - Est-ce que derrière l’absence de joueuses aussi emblématiques comme Amandine Henry et Eugénie Le Sommer, il n'y a pas aussi une volonté de recentrer l'intérêt sur le collectif et non sur des individualités comme ça avait pu être le cas par le passé ?

Oui c’est quelque chose sur lequel on travaille depuis un petit moment, mais des individualités il en faut, heureusement et j’en ai, des très fortes, qui vont mener ce groupe-là et aider cette cette jeunesse à bien s'intégrer dans ce groupe. Mais je vous dis aujourd'hui c'est très fluide, on a plus de douze mois de vécu en commun, on reste dans une dynamique de victoires, on a eu des moments difficiles, quand on reprend les matches contre la Slovénie, voir même contre le Pays de Galles. 

Maintenant il y a des choses qui s’installent, on va avoir quatre stages de préparation, où il va encore y avoir du travail, il va y avoir un petit peu de souffrance, puisque les filles vont se reposer quelques jours d'ici le premier rassemblement. Mais en tout cas aujourd’hui on est sur un certain équilibre, que je n'ai pas voulu casser, on est aussi sur une certaine dynamique que j’ai souhaité conserver.

 

Journaliste - Sur le camp de base des Bleues en Angleterre

Cet hôtel faisait partie d’un catalogue, et je peux vous dire qu'on n’a pas choisi le plus loin et le plus isolé, donc on va s'estimer heureux je crois. Le choix était difficile, le catalogue étant très peu fourni, il y avait d'autres paramètres à prendre en compte, notre choix s’est porté sur celui-ci et la Fédération nous donne énormément pour qu’on s'y sente très très bien, et que l'on puisse y vivre en tout cas le plus longtemps possible.

 

"Ça va être un bel Euro, qui va être très très serré."

 

Journaliste - Sur le fait de jouer cet Euro en Angleterre

Une nation qui évolue, même si ça fait un petit moment qu'on n'a pas joué contre les Anglais, mais j’ai envie de dire que toutes les nations travaillent bien, mettent énormément de moyens sur le développement de la discipline et je pense que ça va être un bel Euro, qui va être très très serré.

 

Journaliste - Sur ses ambitions d’aller en finale, de la remporter et si un autre résultat serait un échec

Je ne pense très sincèrement aujourd’hui à un échec, on a encore du temps pour travailler, on a une ambition affichée, cette ambition elle est collective. 

Maintenant on sait que les choses ne vont pas se faire naturellement et très facilement, on sait qu'on va passer par des étapes, il faudra rester serein, droit dans ce que l’on veut faire, garder notre cap tout simplement et rester professionnel, mais oui on a cette ambition, on ne va pas s'en cacher, mais on sait aussi que le parcours sera difficile.

 

Journaliste - Sur le choix de Clara Matéo

Déjà sa belle saison avec le Paris FC auréolée d’une 3e place dans notre championnat, des prestations individuelles qui ont évolué, cette saison également, on l'avait déjà sélectionné la saison passée, elle était arrivée très timide et on a vu au fil de la saison, et des résultats avec son club, mais également au fil des résultats dans sa vie professionnelle, une certaine stabilité et maturité. Aujourd'hui Clara peut également évoluer à plusieurs postes, donc c'est vrai que pour nous entraîneur, c’est une opportunité, des choix supplémentaires, qui vont s'offrir à nous.

 

Journaliste - Le nombre de joueuses suppléantes, le brassard de capitaine et les vice-capitaines

Alors il ya aura une dizaine de joueuses que l’on va appeler, je pourrais vous donner une liste mais comme je ne l'ai pas encore contacté, je préfère garder la primeur pour les joueuses que je vais appeler. En plus la joueuse que je vais appeler, aura le droit de me dire non, donc je ne vais pas vous donner un nom, si en plus elle refuse, ça va créer encore certaines polémiques, donc ce sont des choses que je garderais pour moi.

Le brassard est complètement dévolu a Wendie, il n'y a pas de question là-dessus aujourd'hui et des vice-capitaines il y en a également, plusieurs, certaines ont d'ailleurs rempli déjà ce rôle-là par le passé, il y aura Charlotte Bilbault, Aïssatou Tounkara, Marion Torrent, mais d'autres aujourd'hui prennent beaucoup de place, je pense notamment à Grace Geyoro, Griedge Mbock, Kadidiatou Diani. 

Aujourd'hui plein de joueuse peuvent être potentiellement, vice-capitaine, on va leur laisser le choix, de prendre la place qu'elles ont envie de prendre dans cette vie de groupe, mais c'est sûr que plus nombreuses elles seront, plus ça sera facile également pour épauler Wendie [Renard]

 

Journaliste - Pouvez-vous nous détailler les quatre stages de préparation, seront-ils tous à Clairefontaine, comment va s'organiser cette préparation ?

On va faire un premier stage dans le Sud-Ouest et ensuite on fera effectivement tout le gros de la préparation à Clairefontaine.

 

Dounia MESLI