Avec ses quatre buts en six matches - suspendue pour la réception de Montpellier en début de saison et blessée avant Lyon - Kim Cazeau est une titulaire indiscutable à Albi. La dernière victoire face à l'OM c'est même elle qui va l'offrir à son club. Malgré cela, il reste aujourd'hui encore difficile pour cette joueuse - qui fait ses preuves dans un club amateur - d'être appelée en sélection. Pourtant, elle fait le bonheur de son club et de ses entraîneurs. La joueuse rêve de porter ce maillot bleu, mais la concurrence est rude. Finira-t-elle par le réaliser ? Kim Cazeau pourrait-elle être convoquée en sélections ? Au moins pour voir, on sait jamais.

 

 

"Toute footballeuse a dans un

coin de la tête, l'équipe de France."

 

 

La saison dernière les conditions n'étaient pas évidentes pour son club qui jouait ses derniers matches pour la course au maintien, arraché à Saint-Étienne ou encore Metz dans le sprint final. Difficile donc d'aborder le sujet de l'équipe de France à ce moment. Et quoi que la joueuse en dise, elle a sans conteste été (en grande partie) à l'origine de ce maintien. Cette saison avec l'arrivée de deux nouveaux promus, on aurait aussi pu craindre que le début de saison d'Albi serait peut être plus compliqué. La joueuse l'a abordé : "C'est vrai que ça aurait pu être compliqué, parce que c'est quand même deux clubs pros qui montent. Mais comme chaque année on se bat avec nos moyens, avec notre envie et notre détermination. Je pense qu'après ça paye sur le terrain. On a des joueuses de qualité, je pense qu'on l'a encore vu dans ce début de saison, où on arrive même à rivaliser avec des clubs pros, donc je pense que "l'argent" entre guillemets ne fait pas tout.
 

Face à Marseille tu inscris le doublé de la victoire alors que vous étiez menées 1-0. Y'avait beaucoup de joie dans le vestiaire. Comment tu t'es sentie ? On a vu que tu étais heureuse d'offrir ce beau succès à ton équipe ? 

Kim Cazeau - (rires) "Oui y'a eu beaucoup de joie dans le vestiaire. (sourire) C'est normal parce qu'on fait un long déplacement et on avait à coeur de ramener un résultat de Marseille. C'est toujours bien de prendre des points pour essayer d'avoir le maintien le plus rapidement possible." 


Tu as offert le succès à ton équipe.

K.C. - "Oui enfin après "offert" c'est un grand mot, j'ai concrétisé le travail de l'équipe plutôt. C'est mon premier doublé en D1 donc c'est toujours appréciable. J'ai changé de poste de la première à la deuxième mi-temps, parce que le coach m'a mis attaquante, j'ai eu le ballon et je l'ai mis au fond donc c'est tant mieux." 
 

Je sens quand même que vous êtes dans une nouvelle dynamique, même toi personnellement, où tu reviens sur le devant de la scène en étant plus décisive offensivement qu'à la manoeuvre au milieu de terrain, comme tu pouvais l'être la saison dernière pour sauver les meubles de ton équipe ? 

K.C. - "C'est un nouveau poste pour moi attaquante, c'est la première année que je joue ce poste là, mais ça ne me déplait pas du tout, au contraire. Mais je pense que j'ai encore des choses à apprendre." 

 

La saison dernière on sentait déjà que tu pouvais être logiquement récompensée en étant appelée en B, malheureusement je pense que c'est surtout le collectif qui a joué et pas individuellement, sur ta convocation. Aujourd'hui tu es dans quel état d'esprit ? On ressent l'envie de prouver des choses, d'accrocher ta chance, de montrer que le travail paie parce qu'il y a beaucoup de travaille quand même ? 

K.C. - "Toute footballeuse, a dans un coin de la tête, l'équipe de France. Après la A je pense que j'en suis pas encore là, mais pourquoi pas atteindre l'équipe de France B un jour. 
Il faut travailler et à un moment donné on aura peut être la chance que ça soit récompensé, sinon tu te dis que t'as tout donné." 

 

Tu sais qu'il y a une très grosse exigence, et pas le droit à l'erreur ? Mais tu sais aussi que tu as les capacités de travailler dur et de prouver que tu peux avoir ta place en sélections ? Tu reparles de la saison dernière comme si elle n'avait été que compliquée même pour toi personnellement, mais tu nous a tout de même prouvé que vous aviez votre place en D1 en gagnant le maintien et en démentant tous les pronostics ? 

K.C. - "Je ne sais pas si j'ai les capacités, mais chaque week-end j'essaye de tout donner et d'être décisive avec l'équipe." 

 

Je trouve que tu gères bien la pression, et c'est peut être bien ta qualité première ? T'as vraiment ce côté pro, que les joueuses doivent avoir pour prétendre à passer un cap. Sur le terrain tu ne bouges pas frénétiquement sans réfléchir avant. Tu attends qu'il y ait vraiment quelque chose à mettre en place ou d'être dans le bon emplacement pour faire le bon déplacement... 

K.C. - "La pression on l'a toujours dans un match, mais je la gère de mieux en mieux on va dire."
 

Aujourd'hui on a une équipe de France B qui tourne beaucoup depuis le début et une équipe de France A en reconstruction avec un turn over presque aussi important (10 nouvelles joueuses depuis), une phase de test pour Corinne Diacre. Tu sais que c'est maintenant ou jamais on va dire pour toi à seulement 24ans d'espérer y être ? 

K.C. - "Je ne sais pas. Mais s'il y a un turn over en A, c'est parce qu'il y a aussi des bonnes joueuses en B et ça fait quand même du monde. Par rapport aux joueuses qui sont en B, je ne me dis pas pourquoi elles et pas moi. Après forcément t'as toujours envie d'être appelée." 

 

C'est quand même compliqué "d'exister" quand on joue au sein d'un club amateur, de tirer son épingle. Tu sais que ton état d'esprit, calme, réfléchit mais aussi impétueux peut t'aider à y croire logiquement ? 

K.C. - "Disons qu'avec l'âge tu deviens de plus en plus mature et c'est important. A Albi si t'as pas ça, c'est compliqué. On trime tous les ans pour rester en D1, et pour montrer qu'on existe un minimum, donc il faut avoir ça [l'état d'esprit]." 

 

Ça serait une "belle histoire" comme l'a dit Radio-Albiges, le média local qui vous suit le plus à Albi, d'être convoquée en équipe de France, que ça soit la B ou la A ou même militaire ?

K.C. - "Oui ça serait une belle histoire, ça c'est sur. Mais je n'ai pas envie que ça devienne une obsession et d'être déçue à chaque liste qui tombe. Je préfère me concentrer sur le fait d'être présente pour mon équipe et d'être décisive. Je continue à travailler et si ça paye, ça sera la consécration." 

 

Dounia MESLI