A l’issue du match nul entre le LOSC et Fleury (2-2), Kenza Dali nous livre ses impressions. La joueuse lilloise se montre sévère dans son analyse du match, déçue de ne pas avoir pu faire parler son football. Tout en sachant que c'est pour le bien de l'équipe, afin de se maintenir en D1.

 

Coeurs de Foot – Kenza que peux-tu nous dire sur ce match ?

Kenza Dali - Je sors de ce match extrêmement frustrée. Puisque j’ai l’impression de ne pas avoir joué au foot. C’était un match haché, un match comme je les déteste. Après voilà, on perd pas de point contre un concurrent direct pour le maintien mais on n’en gagne pas beaucoup non plus. C’est bien de pas perdre mais à un moment donné va falloir prendre des points. 

 

CDF – Jérémie Descamps nous a dit que vous avez dominé et que vous auriez dû gagner…

K. D. - Oui parce qu’en deuxième mi-temps on a un but qui est sur la ligne, après on sait pas s’il est sur la ligne ou dedans. On a quatre occasions franches je crois en début de deuxième [mi-temps] donc oui si on compare les occasions franches effectivement on doit gagner le match. Il faut penser efficacité c’est sûr mais même si on finit à 2-2 je trouve que le match était pas terrible.

 

CDF – Tu es très exigeante ?

K. D. - Oui et non. On a fait beaucoup trop d’erreurs techniques, que du jeu direct. Franchement je suis vraiment frustrée. Je déteste ça, je joue au foot pour me faire plaisir et aujourd’hui je ne me suis pas faite plaisir. 

 

CDF – Pourtant, sur coup de pieds arrêtés c’est toi qui amène les deux buts.. 

K. D. - Oui mais bon ça après… Oui c’est l’efficacité. Après c’est vrai que j’aime beaucoup le beau jeu en plus de l’efficacité, c’est ma formation footballistique qui veut ça aussi. Avec du jeu en plusieurs touches, et pas sauter le milieu de terrain constamment. 

 

CDF – A Lille on sent qu’il y a une réelle progression dans le jeu, notamment depuis l’an dernier en D2 … 

K. D. - Oui, s’il n’y avait pas de progression, Lille ne se battrait pas pour jouer le maintien. Même si le championnat est très très serré, je pense que le LOSC a largement sa place pour être en D1. 

 

CDF – De ton côté, tu apportes aussi une force de caractère à Lille…

K. D. - Oui bah à la mi-temps j’ai dit ce que je pensais, parce que je ne peux pas accepter qu’on propose un football comme ça. Normalement un footballeur le ballon c’est son pote. On est content de recevoir la balle c’est pas on a la balle je tir devant. 

 

CDF – Ah oui ? Parce que y a des moments on entendait ça disait « lâche le ballon » (sur le second but).

K. D. - On m’a recruté pour être créative et parfois ça se fait sur des percées individuelles. Après je sais que ça va prendre un peu temps, on a changé de système de jeu  et faut le temps que je m’adapte à l’équipe. Mais pour l’instant on ne perd pas de point et moi ça me va. Je pense qu’il faut aussi changer l’état d’esprit des joueuses, qu’elles se disent que non on n’ a rien à envier aux autres. Je suis persuadée que si on a cet état d’esprit la semaine dernière contre le Paris FC de se dire qu’on peut gagner, bah on gagne le match. Il ne faut pas qu’on reste dans notre confort de promu de se dire « c’est super le Paris FC à 1-1 ». Je suis sûre qu’avec un état d’esprit de se dire qu’on peut faire quelque chose, on va chercher un résultat. Je suis sûre Guingamp elles se sont dit ça d’ailleurs. C’est ce que j’ai dit aux filles à la mi-temps, on n’est pas en-dessous. 

 

CDF – Sur ce match tu as retrouvé un peu une ex-coéquipière, Claire Lavogez. Comment c’était ces retrouvailles sur le terrain ? 

K. D. - Elle m’a parlé sur le corner. Mais je savais que sur un contrôle qu’elle fait, je savais qu’elle allait aller à gauche, parce que je la connais vraiment bien. Mais oui elle a l’air de se faire plaisir, après elle est un peu comme moi... Ce qui lui manque un peu à Fleury c’est pareil, retrouver le jeu.

Après à Lille je suis vraiment investie dans le projet, ils ont fait beaucoup d’efforts sur moi et sur ces matches, oui je dois faire des différences, mais faut me donner la possibilité d’en faire. 

 

CDF – Tu aimerais retrouver l’équipe de France A ?

K. D. - Honnêtement mon objectif premier c’est en club. Retrouver du temps de jeu et vraiment pour moi ce serait un échec de ne pas finir six, septième. Juste [jouer] le maintien ça ne m’intéresse pas. Le but ce n’est pas de finir juste au-dessus de la ligne [des relégables]. Je n’aurai pas ce discours si je ne voyais pas la qualité qu’on a à l’entraînement. Mais pour le moment on ne le montre pas le week-end c’est ça qui est dommage. À l’entraînement les filles sont libérées, et le week-end on perd ce football et c’est dommage. Comme je disais c’est un état d’esprit et il faut qu’on enlève ce sentiment d’infériorité. 

Dounia MESLI