Le match amical entre la France et l'Italie samedi au stade Vélodrome a ce parfum de sommet sans que l'on sache forcément pourquoi. Le cadre exceptionnel, mais aussi une affiche qui sonne comme un grand match de football. Malgré les difficultés que connaissent les joueuses transalpines à faire reconnaître la discipline dans leur pays, le football féminin possède une histoire déjà riche en Italie.

 

Destins croisés

 

A la fin des années 1960, des joueuses de toute l'Europe venaient évoluer en Italie, là où à cette époque, la pratique était réduite à une semi-clandestinité dans beaucoup de pays européens. Une parenthèse lointaine, mais plus récemment l'Italie faisait partie des sélections à prendre part à la première Coupe du Monde de la FIFA en 1991, terminant quart-de-finaliste de l'épreuve. À cette époque, la Squadra Azzurra parvient également deux fois en finale de l'Euro (1993 et 1997), une performance encore inégalée par l'équipe de France.

De ce point de vue, les courbes se sont croisées entre la France et l'Italie. Comme le rappelait Corinne Diacre mardi en conférence de presse, l'Italie apparaissait dans les années 1990 comme un adversaire redoutable pour les Bleues. Lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 1999, l'Italie et la France étaient alors dans le même groupe, et ce sont les joueuses transalpines qui étaient parvenues à se qualifier pour le Mondial aux États-Unis. Elles s'étaient notamment imposées en France, face à une équipe qui comptait dans ces rangs Corinne Diacre, alors capitaine des Bleues.

En septembre 2010, les deux équipes sont de nouveau en compétition pour une place en Coupe du Monde. Et lors des barrages, les deux équipes se séparent sur un match nul (0-0) à l'aller en France, avant que l'équipe de Bruno Bini ne parvienne à s'imposer en Italie (2-3), après avoir encaissé l'ouverture du score en première période. L'équipe de France connaîtra ensuite le succès que l'on sait lors du Mondial 2011 en Allemagne.

 

Vingt ans après

 

Ce match est la dernière confrontation en date entre les deux équipes, alors que depuis 2001, l'équipe de France n'a plus perdu face à l'Italie. Sur cette période, les Tricolores sont parvenues à régulièrement se qualifier pour les grands tournois et d'y figurer, alors que l'Italie n'a plus pris part à une Coupe du Monde depuis 1999. Les joueuses transalpines sont malgré tout régulièrement qualifiées pour les phases finales de l'Euro.

Une longue absence qui pourrait prendre fin vingt ans plus tard pour le Mondial en France. Dans un groupe de qualification ouvert, l'Italie est en course avec la Belgique pour une place en Coupe du Monde, deux équipes proches sur le papier, entre le renouveau du football italien et les progrès réalisés par les Red Flames belges ces dernières années.

Une Italie en progrès dans un contexte où le football féminin est désormais pris au sérieux, avec par exemple la fédération qui a poussé les clubs masculins de Serie A et B à créer des sections féminines. Une démarche qui explique en partie l'apparition de noms comme la Juventus, Sassuolo ou la Fiorentina dans le championnat féminin.

 

Milena Bertolini avance en terrain connu

 

Les internationales italiennes qui ont évolué dans les années 1990 sont quelques unes à avoir pris place sur les bancs. Carolina Morace a été sélectionneuse de l'équipe d'Italie dans les années 2000, tandis que Rita Guarino est aujourd'hui l'entraîneure de la Juventus après avoir travaillé avec les U-17 italiennes, qui ont notamment terminé troisième de la Coupe du Monde 2014. L'actuelle sélectionneuse de l'équipe d'Italie, Milena Bertolini a elle aussi joué à cette époque, même si elle a connu un parcours moins riche avec la sélection italienne.

Après l'Euro, c'est elle qui a repris les rênes de l'équipe d'Italie après un tournoi frustrant, qui a donné l'impression que les joueuses transalpines pouvaient espérer mieux, malgré un tirage compliqué au premier tour face à l'Allemagne et la Suède. Son arrivée à la tête de la sélection arrive également après une période faste pour elle, à la tête de l'équipe de Brescia. Une formation qui est devenue l'une des meilleures équipes de Serie A, remportant plusieurs titres nationaux ces dernières années, avec notamment un triplete (Coupe-Championnat-Supercoupe) réalisé lors de la saison 2015/2016.

En sélection, elle retrouve de nombreuses joueuses qu'elle a coaché en club, que ce soit celles qui évoluent toujours à Brescia, comme Cristiana Girelli ou Daniela Sabatino comme celles qui ont rejoint la Fiorentina (Elena Linari) ou la Juventus de Turin (Barbara Bonansea, Martina Rosucci, Sara Gama...). Des joueuses toutes passées par Brescia et qui font aujourd'hui figure de références dans le football féminin italien.

C'est notamment le cas de Barbara Bonansea que beaucoup d'observateurs ont découverte à l'Euro avec des qualités qui lui ont permis de s'imposer comme l'une des meilleures joueuses de Serie A ces dernières années. Ses accélérations balle au pied avaient notamment fait quelques dégâts face à l'Allemagne (défaite 1-2) et la Suède ( victoire 2-3), le genre de raids que Corinne Diacre voudra probablement éviter ce soir sur la pelouse du Vélodrome.

 

Sara Gama et Ilaria Mauro forfaits

 

Parmi les meilleures joueuses italiennes du moment, certaines ne seront pas présentes à Marseille. C'est le cas notamment de Sara Gama, l'ancienne joueuse du PSG convoquée mais finalement forfait pour ce match. Ilaria Mauro, régulièrement alignée en pointe en sélection est également absente pour ce rendez-vous, de même que sa jeune coéquipière à la Fiorentina, Alice Tortelli qui aurait pu honorer sa première sélection à Marseille.

Du côté des absentes, on peut citer également Manuela Giugliano, l'une des représentantes les plus brillantes de cette ''génération 2014'', troisième du mondial U17 au Costa Rica. Présente à l'Euro 2017, elle a signé une très bonne première partie de saison avec Brescia et fait partie des joueuses d'avenir au milieu de terrain pour l'Italie.

Une génération qui sera malgré tout représentée face à la France, avec Valentina Bergamaschi, qui évolue à Brescia et la Romaine Flaminia Simonetti. Parmi les jeunes de cette sélection italienne, l'attaquante bianconeri Benedetta Glionna pourrait honorer sa première sélection après un début de saison remarqué avec la Juve.

Hichem Djemai