Le conflit entre la fédération danoise et les joueuses de l'équipe nationale a connu un nouveau rebondissement ces derniers jours alors que les négociations ont été rompues entre les fédérations et les représentantes des joueuses. Dans l'immédiat, le match qualificatif pour la Coupe du Monde face à la Suède programmé ce soir a été annulé, à la suite d'une décision de la fédération danoise, mercredi matin. Un forfait qui est loin d'avoir mis un terme au conflit en cours au Danemark.

 

=> Les Danoises en conflit avec la DBU

 

Au mois de septembre dernier, en amont de la « première journée » des éliminatoires de la Coupe du Monde 2019, un accord a minima avait été trouvé entre les représentants des joueuses et la fédération danoise. A l'époque, il proposait de laisser passer le premier match face à la Hongrie (remporté 6-1 par le Danemark) avant d'ouvrir des négociations, censées déboucher sur un accord final avant les rencontres de cette semaine en Suède et en Croatie. Mais ces échanges n'ont pu aujourd'hui aboutir, et le conflit ouvert entre la fédération et les joueuses de l'équipe nationale a désormais pour conséquence l'annulation du match entre la Suède et le Danemark programmé ce vendredi à Göteborg. Un match d'importance en vue de la qualification pour la prochaine Coupe du Monde entre les deux équipes favorites du groupe 4.

 

Mercredi, les joueuses de l'équipe du Danemark avaient décidé de ne pas prendre part à l'entraînement de la sélection en signe de protestation, face à des négociations qui n'ont pas pu déboucher sur un accord financier mais aussi concernant le rôle de l'Association des Joueuses et sur le statut de la fédération vis-à-vis des joueuses (faut-il considérer la fédération danoise comme « l'employeur » des joueuses lorsqu'elles sont en sélection?) .

 

Un geste qui a été suivi un peu plus tard dans la matinée de mercredi d'un communiqué de la fédération danoise indiquant que le match n'aurait pas lieu. Une décision d'annuler la rencontre qui auraient été prise unilatéralement par la fédération au grand dam des joueuses comme l'indiquait Sanne Troelsgaard, interrogée par la presse danoise.

 

L'internationale danoise a par ailleurs confirmé que des contacts avaient été maintenus entre les négociateurs des deux côtés après la décision de la fédération d'annuler le déplacement en Suède. Toujours selon Troelsgaard, une proposition aurait été envoyée par les représentants des joueuses le mercredi soir pour permettre de jouer le match ce vendredi.

 

Le soutien des joueuses suédoises

 

Du côté suédois, plusieurs joueuses, à l'image de Magdalena Eriksson, Kosovare Asllani ou Nilla Fischer, ont exprimé leur soutien envers leurs homologues danoises. Des joueuses qui pour beaucoup se connaissent à l'image de Nilla Fischer et Pernille Harder qui évoluent ensemble à Wolfsburg et plus largement avec beaucoup de joueuses danoises qui sont passées ou évoluent actuellement en Damallsvenskan, le championnat suédois.

 

Dans l'immédiat, cette situation a pour conséquence l'annulation de la rencontre Suède-Danemark, et donc le forfait de l'équipe danoise (défaite 3-0). Un forfait qui devrait être officialisé à la suite de l'horaire prévu du match, donc dans la soirée ou dans les jours à venir. Ce forfait n'entraîne pas automatiquement l'exclusion du Danemark des éliminatoires, et d'ailleurs la question d'un éventuel forfait se pose également pour le prochain match qualificatif du Danemark, programmé mardi en Croatie.

 

La responsabilité de l'UEFA

 

Parmi les autres sanctions que pourraient prononcer l'UEFA à l'encontre de la fédération danoise, les règlements de l'organisation évoquent d'abord des mesures financières. La fédération danoise jugée dans tous les cas responsable de l'attitude de ses équipes nationales, pourrait perdre le droit de recevoir tout ou une partie des subventions perçues par l'UEFA, un manque à gagner évalué par la presse danoise entre 2 et 8 millions d'euros, en fonction des sanctions prononcées par les instances européennes.

 

Cet arbitrage pourrait se révéler complexe pour l'UEFA, qui pour le moment a choisi d'apparaître comme neutre dans le bras de fer en cours. Les sanctions des instances européennes seront aussi analysées en fonction du contexte, où nombre d'équipes nationales féminines sont aujourd'hui à l'offensive pour exiger un meilleur traitement de la part de leurs fédérations. La direction du football européen ne peut donc se contenter de distribuer bons et mauvais points, mais peut aussi devenir force de proposition, car d'autres conflits du même type pourraient suivre en Europe.

Hichem Djemai