Au Vélodrome, l'équipe de France de Corinne Diacre recevait l'Italie pour leur premier match de l'année 2018. Une rencontre qui s'est finalement soldée par un score de parité 1-1, décevant mais qui a donné quelques satisfactions à la coach des Bleues.

 

En deuxième période, on a un petit peu trop forcé le jeu dans l'axe. On est passé un petit peu moins sur les côtés. Ce qu'on avait réussi à faire en première période et qui avait plutôt bien fonctionné, jusqu'à la dernière passe.

 

La Provence - Comment vous expliquez ce manque de justesse dans le dernier geste ?

C'est de la prise de conscience individuelle. C'est de la technique individuelle aussi, c'est faire le bon choix, le bon geste au bon moment. 

 

Défensivement, vous étiez aussi en quête de solidité. Vous prenez un but sur une erreur de concentration comme face à l'Allemagne ?

Non pas tout à fait comme face à l'Allemagne. Ce n'est pas tout à fait comme face à l'Allemagne. Je suis désolé (sourire) on peut pas comparer... Non le but de ce soir il est clairement pour Sarah Bouhaddi, il faut pas se le cacher. Elle a fait une erreur de relance, elle est déjà un peu haute sur le ballon qu'on lui remet. Elle était positionnée un peu trop haute...et on le paye cash. Voilà c'est le haut niveau. Ce que les équipes adverses arrivent à faire, nous on y arrive pas. Par contre sur la première période, en tous cas sur la solidité défensive, on ne peut pas nous reprocher grand chose ce soir mis à part le but qu'on s'est pris sur une erreur individuelle. Mais ça fait parti du jeu, c'est quand même l'équipe qui l'a encaissé et on doit assumer. Mais après collectivement je nous ai trouvé plutôt bien, parce qu'on a récupéré notamment en première période beaucoup de ballons au milieu du terrain. Et puis derrière avec quatre défenseurs, on fait le travail parfaitement.

 

Comment vous avez trouvé l'ambiance ce soir au Vélodrome ?

Je l'ai trouvé chaleureux même si on aurait peut être aimé que ce public nous pousse peut être encore un peu plus. Mais non un public présent, nombreux, environ 16000 je trouve que c'est plutôt intéressant [comme affluence].

 

Coeurs de Foot - Est-ce que dans le jeu vous n'avez pas cherché à jouer trop compliqué parfois ?

(blanc) On a essayé de jouer au football. Je ne sais pas ce que vous appelez compliqué ? Quand on joue pas contre la Suède, vous me dîtes qu'on manque d'ambition, et là vous me dîtes qu'on est un peu trop compliqué ? Non on a essayé de mettre des choses en place. En tous cas je suis satisfaite parce qu'on a retrouvé [dans ce match] des choses qu'on a travaillées à l'entraînement. Maintenant bien jouer, c'est bien, dominer n'est pas gagner. Voilà il faut marquer des buts pour remporter les matches.

 

Coeurs de Foot - Et là vous avez repositionné Amandine Henry en pointe avec Ouleye Sarr, c'est ça ? 

Pas du tout (sourire). 

 

Coeurs de Foot - Parce qu'on l'a vu en pointe à un moment donc comment...
Non, parce qu'il y avait un milieu à trois tournant. Voilà il y avait des moments où elle était un petit peu plus haute, des moments où elle était un peu plus basse.

 

Justement cette volonté de faire tourner un petit peu ce milieu de terrain, c'était pour diversifier un peu l'animation ?

Oui c'est de diversifier le jeu, justement et puis varier l'animation offensive. Amandine Henry a une qualité de percussion. Grace Geyoro a plutôt une qualité de dernière passe. Aminata Diallo a plutôt une qualité de récupération mais également de dernière passe donc on essaye d'utiliser ces forces là de manière coordonnée et puis surtout de varier un petit peu l'animation offensive.

 

Comment vous expliquez coach la baisse de rythme en seconde période après la 60e et avant les dernières minutes on va dire ? Est-ce que c'est parce que vous avez eu un gros travail pendant la semaine ?

(elle acquiesce de la tête) Alors nous non parce qu'on a récupéré des filles déjà très fatiguées. Par contre les clubs qui préparent la Ligue des Champions effectivement ont fait une grosse préparation à la reprise.

 

Coeurs de Foot - On a vu quand même de bonnes individualités dans ce match, comme vous l'avez souligné, mais qui ont du mal à coexister ensemble. Comment vous l'expliquez ?

Moi je nous ai trouvées sur la première mi-temps plutôt cohérentes. A partir du moment où physiquement on est un peu moins bien, ce qui s'est passé en deuxième période, à partir de la 60e/70e effectivement. On a manqué de cohérence dans le jeu. Il y a eu quelques changements aussi, c'est pas simple de rentrer 10/15 minutes dans un match comme ça c'est pas évident. Maintenant on sait encore qu'on a du travail. Faut pas tout remettre en cause non plus. Très sincèrement je ne suis pas insatisfaite de ce match là, je suis juste mécontente de la finition. Sinon après très sincèrement si on prend pas ce but casquette et qu'on met un ou deux buts à la pause (elle hoche les épaules) franchement y'a pas grand chose à dire. Mais on les a pas mis, et on a pris un but casquette.

 

Coeurs de Foot - Mais est-ce qu'il ne fallait pas tenter aussi et comme vous l'aviez dit oser plus, mais frapper plus vite aussi peut être ? Parce qu'on a vu une tentative d'Amel Majri qui a été avortée, et Eugénie Le Sommer également.

(elle hoche la tête pour acquiescer) Oui, en fait, on a bien respecté ce qui a été travaillé, mais de manière un peu scolaire. Maintenant, il faut s'approprier les choses et à un moment donné, les actrices ce sont elles sur le terrain donc il faut qu'elles mettent un peu de folie, c'est ce que je leur ai dit à la mi-temps, un petit peu plus aussi de niaque, d'envie devant le but parce qu'on a senti qu'on était un peu légères, tout simplement.

 

Une joueuse comme Delphine Cascarino entrée en fin de match, on a vu dès sa première occasion, qu'elle pouvait apporter ce petit plus ?

Oui mais elle n'en a fait qu'une, c'était peu, c'était peu mais elle est rentrée dans un moment où l'Italie avait sorti la tête de l'eau et commençait à nous faire jouer dans notre camp. C'était pas facile.

 

Et qu'avez-vous pensé de Viviane Asseyi entrée en fin de rencontre également ?

[C'était] un grand moment pour elle qu'elle aurait pu transformer en moment extraordinaire si elle avait pu marquer ce but qui aurait fait chavirer le Velodrome ce soir. Non elle a fait une entrée difficile, elle est entrée un quart d'heure, c'est toujours très compliqué. On a essayé jusqu'au bout de faire entrer nos cartouches offensives. On ne peut pas me reprocher ce soir de ne pas avoir tenté, en tous cas, de faire entrer des éléments offensifs pour essayer de changer un peu les choses.

 

La Provence - Quel bilan vous faîtes de ce quatrième rassemblement ?

Sur la production du jeu, il y a des choses intéressantes. On a vraiment vu ce soir des choses qu'on a beaucoup travaillées à l'entraînement. Après sur le prochain stage, même si je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour travailler, parce qu'on a trois matches qui vont s'enchaîner très rapidement, [il] faut mettre l'accent sur la finition.

 

Justement ce prochain rassemblement avec la She Believes Cup. Ca sera dans un fonctionnement totalement différent, avec trois matches très rapprochés contre les trois meilleures nations mondiales actuellement. Comment vous allez l'abordé ? On sera plus dans une phase finale avec ce genre de matches ?
(elle hésite brièvement) Pas à 14 ou 15 mois de la Coupe du Monde, non. Ce déplacement aux États-Unis va être compliqué parce qu'on a beaucoup beaucoup de déplacements à l'intérieur du pays avec des stades qui sont assez lointains les uns des autres, donc ça va générer de la fatigue. Et puis aller aux États-Unis pour jouer deux nations européennes qui sont quasiment limitrophes, c'est un peu dommage.

 

C'était une compétition qui était déjà signée avant votre arrivée, vous n'aviez pas le choix...
C'était acté avant mon arrivée et puis parce que c'est la dernière année de contrat donc on est obligées de faire avec. Non l'idée surtout ça va être de continuer à travailler, de créer des automatismes, de lancer peut-être d'autres joueuses qui pourraient amener une forme de concurrence. Mais surtout je pense aussi à préserver puisque 15 jours après, certaines auront la Ligue des Champions, d'autres vont retourner dans leur club. L'idée c'est d'essayer de rentrer avec les 23 joueuses, ça serait pas mal.

 

Ca permettra à toutes les joueuses de jouer un petit peu ?

Oui mais y'aura pas un turn-over comme j'ai pu le faire sur les trois premiers rassemblements. Ça y'est aujourd'hui...la cartographie elle est faite. Maintenant, il faut entrer dans le vif du sujet et on a déjà commencé à travailler, faut continuer. Paris ne s'est pas construit en un jour. Donc il ne faut pas croire que j'ai une baguette magique non plus, faut travailler. C'est facile à dire mais maintenant on va se mettre au boulot mais très sincèrement on a bien bossé, quand on voit le match de ce soir. Si on occulte le résultat sec dans la production du jeu en première période, on a quand même était bien meilleures que ce qu'on a pu faire contre l'Allemagne ou la Suède. Donc il y a quand même des choses positives. Maintenant je me contente pas de ça, bien évidement mais il y a une base.

Dounia MESLI