En conférence de presse, Corinne Diacre a répondu aux questions des journalistes avant les matches face à l'Allemagne et la Suède. L'occasion pour la sélectionneuse des Bleues de parler de sa méthode de travail et des différents aspects sur lesquels elle travaille avec la sélection tricolore.

 

Sur les matches en Allemagne et face à la Suède :

 

« [Ce sont] deux gros morceaux, deux belles affiches, deux confrontations très intéressantes pour l'équipe de France qui vont nous permettre encore de voir des choses. Après, on espère bien évidemment que les résultats seront encore à la hauteur. L'idée c'est de continuer à créer un groupe, une équipe, de voir des choses, positives [et] négatives aussi, pour qu'on puisse mettre un plan de travail en place. On verra d'ici vendredi quelle va être la réponse de l'équipe de France, déjà face à l'Allemagne. »

 

Même si vous cherchez à découvrir de nouvelles joueuses, on a l'impression que votre groupe commence malgré tout à prendre forme avec des joueuses par exemple comme Marion Torrent ou Inès Jaurena qui reviennent au fil des rassemblements...

 

« Elles sont là aujourd'hui, je ne sais pas si elles seront là demain. Je ne peux pas vous le dire. Tout va dépendre de leurs performances en club. Vous savez, la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain. Par contre, à elles, effectivement, de faire tout ce qui est nécessaire dans leurs clubs pour revenir avec nous le plus souvent possible. »

« Certaines ont quitté la sélection sur ce stage-là, la porte n'est pas non plus fermée pour elles. Elles ont eu des opportunités sur les deux premiers rassemblements. J'ai estimé que ce n'était pas suffisant ou en tout cas qu'elles n'avaient pas forcément répondu à mes attentes sur les deux premiers rassemblements. Maintenant, je n'exclus absolument personne. J'ai des objectifs, et le premier, c'est de constituer la meilleure équipe possible avec les meilleurs éléments en forme au moment M. Après, à elles de me donner les bonnes réponses. »

 

Dans votre liste, on trouve des joueuses qui jouent moins en club comme Aminata Diallo au PSG, ou Griedge Mbock à l'OL. Pour ces joueuses, est-ce que ce qui se passe en stage prend autant, voire plus d'importance que leurs prestations en club ?

 

« Je me base un peu sur tout. Maintenant, si je ne devais sélectionner que des joueuses qui jouent [en club], j'aurais du mal à faire une liste de 23, parce que [dans ces clubs] il n'y a pas beaucoup de françaises [sur le terrain], beaucoup d'étrangères qui jouent. Je suis obligée de prendre des joueuses qui jouent un peu moins dans leurs clubs.

« On a des atouts offensifs, des atouts défensifs. Après, à moi de trouver les bons éléments qui vont constituer la meilleure équipe possible. Ce ne seront pas forcément les meilleures joueuses du championnat de France, je tiens à le redire, puisque avec les meilleures joueuses, on ne fait pas forcément la meilleure équipe. A moi de trouver les bons automatismes entre les joueuses, le bon amalgame entre certaines. Après, on a des joueuses en club qui jouent des grandes compétitions aussi, qui ont certains automatismes, donc j'essaye de m'appuyer là-dessus aussi.

 

Quels sont vos axes de travail actuellement avec l'équipe de France ?

 

« On continue à travailler les deux phases de jeu principales au football, la phase où on a pas le ballon, l'animation défensive où il y a encore des automatismes à trouver (…) sur la notion de bloc équipe, sur la notion d'alignement qui nous avait un petit peu fait défaut contre l'Angleterre.

On l'a un peu moins vu contre le Ghana puisqu'on a eu la possession, mais on a quand même eu quelques situations délicates. (...) Comme je fais encore des essais, je suis obligée en permanence de revenir sur des principes de base, et surtout bien expliquer aux joueuses ce que j'attends d'elles dans chaque poste.

Et puis, évidemment, la récupération du ballon, deuxième phase du football, on a le ballon dans les pieds qu'est-ce que l'on en fait ? Sachant que l'objectif c'est d'aller marquer des buts (…) notamment [en passant] par les couloirs.

En plus, (...) il y a les deux phases de transition. Donc on travaille en permanence sur tout, sauf que le problème pour moi, c'est que j'ai très peu de temps, donc il faut aller à l'essentiel et donner comme objectif aux joueuses de mettre en place ce que l'on a travaillé dans la semaine le jour du match.

(...)

[Les axes de travail] dépendent aussi des matches passés. Il y a ce que je travaille dans la semaine, et il y a la réponse qui m'est donnée sur les matches de préparation et puis après en fonction de ça, effectivement je me dis : « Est-ce que ça c'est acquis ? » Elles l'ont bien fait une fois, est-ce que c'est acquis, ou pas ? Si j'ai la réponse plusieurs fois, pour moi ce sera acquis, je pourrai passer à autre chose.

 

Ces dernières années, l'équipe de France réussit de bonnes performances lors des matches amicaux qui ne se retrouvent pas forcément en compétition. Multiplier les victoires en amical, est-ce que c'est un vraiment un bon signe ?

 

« Les résultats sont importants. La manière dont on va se procurer les résultats va être importante aussi. Si je peux gagner l'Allemagne et la Suède, je vais pas m'en priver tout ça parce qu'on va me dire : « six matches, six victoires, (...) elles vont être les championnes du monde des matches de préparation ». On a encore un petit peu de temps, donc c'est toujours bon pour la confiance, c'est toujours bon pour le groupe de gagner.

Après ne vous inquiétez pas, l'Allemagne et la Suède ne vont pas nous laisser gagner juste pour nous laisser championnes du monde des matches de préparation. C'est toujours bon de gagner, et j'ai un an et demi pour préparer cette équipe. Justement, un, déjà prendre de la confiance en gagnant des matches de préparation et deux, amener cette équipe de manière très compétitive pour gagner une compétition. »

 

Sur le turn-over et la volonté de voir un grand nombre de joueuses en Bleue :

 

Aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a un tel turn-over que l'on manque d'automatismes. Maintenant, à la date de la compétition, peut-être que j'aurai des choix à faire parce que j'aurai une joueuse potentiellement titulaire qui se sera blessée, qu'est-ce que je fais ?

Donc des manques d'automatismes, on en aura peut-être à l'approche de la compétition, donc je veux voir aussi les joueuses dans des situations un petit peu plus difficiles, sans automatismes, sans repères, des filles qui arrivent, qui ont faim, qui ont envie très certainement de me montrer qu'elles ont le niveau international. On fait encore beaucoup d'essais, même si j'ai déjà beaucoup de certitudes, bien évidemment parce qu'il y a quand même quelques anciennes qui sont là et qui sont le socle de l'équipe. Après il faut trouver le bon amalgame (…) pour aller au bout.

 

Plusieurs joueuses de votre sélection sont issues de l'équipe de France B, un réservoir dans lequel vous comptez encore puiser ?

 

« J'ai un regard sur cette équipe de France B, même si aujourd'hui ce qui est compliqué, c'est de lui trouver des matches de préparation internationaux. Même si on les remercie, elles n'arrivent qu'à jouer contre des clubs de D1 et de D2, mais au moins ils sont quand même présents et ça nous permet de faire des confrontations malgré tout.

Mais aujourd'hui, il faut que cette équipe de France B, elle joue des matches internationaux. Il faut que ces filles-là qui sont à la porte des A, parce que c'est ça l'idée, les filles qui sont en B c'est pas une punition, elles sont à la porte des A. On les suit [avec] mon staff, [et] Jean-François Niemezcky. On leur donne l'opportunité de faire des matches de préparation de haut niveau et ensuite, en fonction de leurs réponses on les intégrera ou pas.

. La rédaction