La réaction de la coach du Paris FC, Sandrine Soubeyrand après la défaite cinglante de son équipe à domicile, face à Bordeaux 3-0 !

 

Coeurs de Foot - Une défaite difficile à digérer ?

Sandrine Soubeyrand - Toutes les défaites sont difficiles à digérer. Dans le contenu ce n'était pas reluisant, donc à partir de là on ne peut pas espérer gagner. La défaite contre Guingamp était plus difficile à digérer parce que pour pouvoir espérer gagner, il faut créer du jeu, et on a eu beaucoup beaucoup de difficultés à pouvoir deux passes de suite, donc à partir de là c'est compliqué de pouvoir espérer grands choses. 

 

CDF - Comment vous expliquez le manque de lien entre vos joueuses sur le terrain ?

S. S. - C'est votre opinion... C'est une équipe en reconstruction, ça prend du temps [de faire monter la mayonnaise], il y a eu beaucoup de changements donc tout le monde pense qu'il suffit de mettre le nom Paris FC et ça fonctionne [mais ce n'est pas le cas]. A l'heure actuelle, il n'y a pas beaucoup de joueuses, qui étaient là l'année passée, qui étaient sur le terrain.

Tout le monde a envie que ça fonctionne, et parce qu'on s'appelle Paris FC, ex-Juvisy, on pense qu'on va finir dans les 3e premiers, mais ça c'est faux, toutes les autres équipes travaillent et travaillent très bien. Et surtout une équipe ça ne se reconstruit pas en un claquement de doigt. Ça fait trois mois que les joueuses sont ensemble et il faut du temps, la qualité des joueuses, j'en suis intimement convaincue, éclos, mais ça prend du temps et la semaine dernière [contre Guingamp] on n'a pas été récompensés, alors qu'on a dominé tout le match. C'est parfois difficile de se relever après une défaite comme celle face à Guingamp (2-0) parce que dans le contenu c'était très bien et on n'a pas eu gain de cause, à partir de là, c'est un prétendant au titre, apparemment, et nous on n'est pas prétendant au titre, si on pouvait aller chercher la 3e place, [on irait], maintenant voilà on arrive vers le bas, et puis tranquillement travailler. 

 

CDF - On a senti tout de même Oriane Jean-François et Sophie Vaysse un peu en difficultés au milieu de terrain. Est-ce que c'est ça l'explication de la défaite selon vous ?

S. S. - Non non (sourire cynique) il n'y a pas une joueuse plus qu'une autre, c'est l'ensemble, c'est un groupe, ce sont des jeunes joueuses ou qui ont peu joué. Pour Sophie Vaysse, ça fait cinq saisons qu'elle est au Paris FC, ça fait cinq saisons qu'elle ne joue pas, donc y'a pas de mystère. Après ce sont de bonnes joueuses, maintenant il faut pas être indulgent, mais hyper exigeant avec elles et on a encore du boulot. Le sport de haut niveau ça ne pardonne pas. Honnêtement dans le contenu, c'est vrai qu'on prend 3-0, mais je ne suis pas non plus impressionnée par l'équipe de Bordeaux, mais par contre elle est efficace, la différence entre notre équipe et leur équipe, c'est l'efficacité. Après elles ont des joueuses quasiment toutes sont internationales. Moi je regarde dans mon équipe, quand ce sont les trêves internationales, il n'y a pas quinze joueuses qui sont [appelées], tout simplement.

 

Journaliste - Vous allez avoir deux semaines pour préparer le prochain match. Comment on aborde ce derby face au FC Fleury et retour de trêve face à Montpellier ?

S. S. - On va l'aborder [comme ils viennent], on va prendre les matches les uns après les autres. La trêve est encore loin pour nous, on a encore trois semaines, il faut se replonger dans le travail et être persuadé et convaincu qu'on va dans la bonne direction. Je sais qu'on a beaucoup de boulot, je sais que c'est compliqué, que le club attend sans doute de meilleurs résultats, mais en fait la magie dans le sport de haut niveau ça n'existe pas, ou peu... Elle existe mais quand tout est bien aligné, pour l'instant tout n'est pas très bien aligné encore au Paris FC, à la section féminine. On a beaucoup de travail à effectuer, c'est comme ça, je crois qu'il faut faire preuve d'humilité dans le sport de haut niveau, quand tu as réussi, on se pose pas forcément les questions de comment, mais quand ça ne réussi pas, on se les pose. Donc l'avantage, c'est qu'on réussi pas, ça fait quelques années que le Paris FC réussit pas, il faut savoir aussi se poser les bonnes questions et faire face à tout ça, maintenant c'est comme ça, on va retravailler, et continuer, c'est dans l’adversité qu'on voit aussi les qualités des joueurs ou des joueuses, et les capacités à rebondir. Ce n'est pas simple, mais on va prendre les matches les uns après les autres.

 

CDF - Quel est votre discours avant les matches ? Parce qu'on a l'impression qu'il a du mal à être pris en compte... 

S. S. - Le discours il a du mal à être pris en compte, peut être, je ne sais pas, il faut demander aux joueuses. Comme vous ne le connaissez pas, vous ne pouvez pas savoir quel type de discours c'est, donc tout simplement... C'est une équipe qui a des qualités, maintenant entre ce qu'on montre à l'entraînement et ce qu'on fait en match, il y a un gap assez important. L'année passée j'avais des joueuses d'en face (Inès Jaurena, Estelle Cascarino et Charlotte Bilbault), les résultats étaient les mêmes, il ne faut pas se voiler la face non plus. Tout simplement, toutes les équipes travaillent, toutes les équipes progressent, toutes les équipes recrutent, ils recrutent des internationales aguerries.

 

CDF - Vous attendez également des internationales aguerries de votre côté ?

S. S. - Non pas forcément. Mais il ne faut pas se voiler la face, le haut niveau c'est amélioré et c'est un choix, soit on lance des jeunes joueuses [en formation], soit on va chercher ce qui est déjà stable et on s'assure entre guillemets "dans la proximité du temps, des résultats". 

Dounia MESLI