Les images sont dans l'air du temps, avec des joueuses alignées, masques sur le visage, à la sortie des premiers tests médicaux organisés dans un centre hospitalier, à proximité du centre d'entraînement du Real Madrid. C'est la première apparition collective du groupe madrilène, alors que ce lundi marquait la reprise de l'entraînement pour les joueuses du Real. Une sortie accompagnée de l'annonce de l'effectif d'ores et déjà disponible pour préparer cette première saison du Real.

 

Une liste de 22 joueuses qui constitue le véritable point de départ du Real Madrid au féminin. L'an passé, la montée en première division du CD Tacon, club de la capitale espagnole, s'était accompagnée d'un rapprochement définitif avec la Maison Blanche. Signe de cette progressive reprise en main, le CD Tacon (talon en espagnol) évoluait la saison dernière sur les pelouses de Valdebebas, dans le centre d'entraînement du Real Madrid, avec des parties diffusées en direct sur la chaîne de télévision du club.

 

La fin d'une année de transition

Pourtant, sur le terrain, c'était encore formellement le CD Tacon que l'on voyait évoluer, avant d'être absorbé définitivement le 1er juillet dernier, et devenir officiellement la section féminine du Real Madrid, avec le maillot floqué de l'écusson couronné.

Un coup d’œil à ce premier effectif et l'on retrouve nombre de joueuses de la saison passée, parmi lesquelles, la milieu de terrain française Aurélie Kaci, qui a parfois porté le brassard de capitaine. On retrouve le duo d'attaquantes suédoises Kosovare Asllani & Sofia Jakobsson, l'ex-Montpelliéraine qui a été la joueuse offensive la plus souvent décisive, la saison dernière pour le CD Tacon.

Ses accélérations ont régulièrement fait des ravages dans les défenses adverses, parfois suppléée dans ses raids par sa coéquipière anglaise Chioma Ubogagu. Des fulgurances pour une équipe qui a terminé la saison (interrompue après la 22e journée en Espagne) à la 10e place, loin des promesses accolées à l'étiquette « Real Madrid ». De fait, le CD Tacon a progressé au fil d'une saison débutée par un infamant 9-1 subi en Catalogne sur la pelouse du FC Barcelone.

 

Le tour d'Espagne des recruteurs madrilènes

Le CD Tacon n'avait pas les moyens de rivaliser dès sa première saison dans l'élite, et ce, malgré le recrutement de quelques joueuses internationales réputées (Babett Peter, Thaisa Moreno, Kosovare Asllani...). Désormais sous les couleurs du Real Madrid, l'équipe dirigée par David Aznar continue aujourd'hui de prendre forme, avec des recrues issues des meilleures équipes du championnat national, à l'exception du Barça...

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Le Real s'est, par exemple, attaché les services de l'une des meilleures latérales de Primera Iberdrola, avec l'internationale mexicaine Kenti Robles. La saison passée, elle évoluait à l'Atlético de Madrid, participant aux trois titres remportés par les Colochoneras, entre 2016 et 2019, devant son ancien club, le FC Barcelone.

Des joueuses expérimentées du championnat espagnol, le Real en ajoute avec Marta Corredera (Levante), passée par l'Atlético et le Barça comme Kenti Robles, mais aussi par Arsenal de l'autre côté de la Manche. Internationale espagnole, pouvant évoluer en défense sur les deux côtés, elle était sur le terrain d'Auguste-Delaune l'an dernier à Reims pour défier les États-Unis en huitième de finale de la dernière Coupe du Monde.

 

Madrid veut attirer une jeune génération dorée

Ivana Andres, défenseure, elle aussi venue de Levante, incarne également cette expérience, dans un recrutement qui fait, dans le même temps, la part belle à la jeune génération espagnole. Parmi les 8 arrivées estivales, on retrouve 4 joueuses championnes d'Europe U19 avec l'Espagne en 2017 ou en 2018. C'est notamment le cas de Teresa Abelleira, milieu de terrain, et l'une des révélations de la saison passée, sous les couleurs du Deportivo La Corogne.

Parmi ces joueuses d'avenir, le Real a pu s'attacher les services de Maite Oroz, milieu de terrain offensif de l'Athletic Bilbao, ou encore d'Olga Carmona, qui multiplie les débordements sur son côté gauche. Pourtant, c'est aussi du côté des jeunes que le Real doit pour le moment patienter avant de pouvoir recruter à sa guise.

 

Le prix fort pour le Real

Avec l'adoption de la convention collective du football féminin espagnol en février dernier, une clause permet désormais aux clubs de faire monter les enchères pour empêcher les clubs espagnols rivaux de recruter leurs meilleurs jeunes (jusqu'à 23 ans). Une disposition même baptisée « anti-Real » alors que la Maison Blanche listait ses recrues potentielles, et que des clubs comme l'Athletic Bilbao ou Levante ont établi des indemnités compensatoires extrêmement dissuasives.

C'est peut-être ce qui explique le choix d'Ona Batlle de s'engager à l'étranger avec Manchester United pour la saison prochaine. Si un club espagnol voulait recruter la jeune latérale droite de 21 ans (la même clause a été établie pour Eva Navarro, autre jeune talent du football espagnol), il aurait dû débourser la somme de 500.000 euros, pour payer cette indemnité compensatoire à Levante, où Batlle évoluait la saison passée.

Critiquée par une partie des joueuses, qui y voient une forme d'entrave au service des clubs, cette clause est aujourd'hui examinée par la justice espagnole. Dans l'immédiat, elle se révèle une épine dans le pied du Real Madrid et de ses ambitions pour la saison prochaine.

 

L'Europe comme premier objectif ?

Au jeu des pronostics, l'effectif présenté par le Real ne semble pour le moment pas en mesure de rivaliser avec celui du FC Barcelone, candidat désigné à sa propre succession, après une saison 2019/2020 maîtrisée, en dépit de son arrêt, causé par la pandémie de COVID-19. À l'inverse, le club madrilène pourrait faire partie des candidats (avec l'Atlético, Levante, l'Athletic Bilbao ou la Real Sociedad) à une place européenne, d'autant que les 3 premières places (contre deux jusqu'à maintenant) seront désormais qualificatives pour la Ligue des Championnes.

 

Photo: Real Madrid

Hichem Djemai