Eugénie Le Sommer, qui a évolué sur le côté gauche dimanche soir face au Brésil (2-1 ap), est revenue sur cette victoire qui envoie la France en 1/4 de finale de la Coupe du monde. Elle a évoqué l'état d'esprit de l'équipe lors des moments clés de ce match, notamment l'égalisation du Brésil par Thaisa (63e), non validée dans un premier temps pour un hors-jeu, puis finalement validé après intervention de la VAR.
 
 
Coeurs de Foot : Eugénie, quelle est ta réaction sur ce match ? Vous avez affronté une équipe du Brésil très difficile à manoeuvrer.
 
Oui c'était un gros match ! Le Brésil selon moi faisait partie des favoris avant le début de la compétition. Même si elles ont terminé troisièmes de la poule C, ça reste une grande équipe avec des grandes joueuses. On l'a vu encore ce soir. Ca a été difficile de gagner, mais malgré tout on l'a fait. C'est le plus important.
 
 
Coeurs de Foot : Pour ce match, vous avez changé de système et êtes passées en 4-4-2. C'était difficile pour vous de vous adapter ?
 
Non, mais je pense qu'on a péché un peu dans l'animation offensive. On a plutôt bien défendu même si elles ont été dangereuses en contre-attaque. Mais je pense qu'on aurait pu être meilleures dans les 30 derniers mètres et les inquiéter un petit peu plus. Il faudra corriger ça dans le prochain match.
 
 
Coeurs de Foot : Lors des prolongations, il y a eu deux moments clés : le sauvetage sur la ligne de but de Griedge MBock face à Debinha et le but vainqueur d'Amandine Henry. Comment avez-vous vécu ces deux moments ?
 
Le sauvetage de Griedge : moi au départ je pensais que Debinha était hors-jeu, et de voir Griedge qui sauve le ballon sur la ligne, ça fait toujours du bien ! Et quelque part je me suis dit que c'était un signe ! Et juste derrière on arrive à marquer ce deuxième but qui nous délivre !
 
 
Journaliste : Amandine Henry a marqué un vrai but d'attaquante ! Vous avez dû apprécier ?
 
(rires) Oui elle a bien attaqué le ballon, elle l'a pris comme il venait. C'est un beau but, un but qui nous fait du bien, qui nous soulage et qui nous fait gagner le match.
 
 
Coeurs de Foot : C'est une victoire au mental ce soir ? Car lors de vos précédents matches, vous aviez plutôt gagné au talent ?
 
Non, il y a eu des matches qu'on a gagnés au mental avant aussi. Mais ce soir c'est encore plus le cas ! Malgré la fatigue il fallait rester lucide, et continuer à pousser pour marquer ce deuxième but. On ne voulait pas aller aux tirs au but ! On a poussé avec l'appui du public et ça fait vraiment chaud au coeur parce que si on n'avait pas été à la maison ça aurait peut-être encore plus difficile.
 
 
Coeurs de Foot : En vue des 1/4 de finale, vous savez qu'il faudra être encore plus réalistes, plus efficaces ?
 
Oui voilà ! Il faut s'améliorer à chaque match. On va analyser ce qui a été, ce qui a moins bien été. Et on va essayer d'être encore plus performantes au prochain match.
 
 
Journaliste : Vous avez encore marqué un but sur coup de pied arrêté. Est-ce que vous savez que vous allez faire de plus en plus peur à vos adversaires sur ces phases de jeu ?
 
Oui on le sait, on est très dangereuses sur ces phases de jeu. Que ce soit les tireuses ou les joueuses qui sont à la réception. C'est une arme supplémentaire donc il faut s'en servir. Comme ce soir, ça pourrait débloquer un match.
 
 
Journaliste : Comment allez-vous suivre le match Etats-Unis - Espagne, qui déterminera votre adversaire en 1/4 de finale ? En tant que supportrice d'une des deux équipes ou pas ?
 
Non pas forcément ! Peu importe ! Pour gagner la compétition il faut gagner contre tout le monde. Le plus important c'est que nous soyons en 1/4 de finale et on verra qui on jouera.
 
 
Journaliste : Avez-vous l'impression que l'équipe a grandi ce soir ?
 
Oui, je pense que ça fait partie des enseignements qu'on peut tirer d'une carrière. Et ce soir, cette victoire permet aussi d'évoluer, d'apprendre et de gagner en expérience. Ce match va servir à beaucoup de joueuses, même si on aurait préféré gagner plus facilement.
 
 
Journaliste : Que se passe t-il dans votre tête après l'égalisation de Thaisa pour le Brésil à la 63e minute (refusé puis accordé après intervention de la VAR, ndlr) ?
 
Forcément il y a un moment de flottement. Déjà on ne savait pas si le but était validé ou pas. Donc on attend, on espère qu'il ne le soit pas. Et quand l'arbitre a finalement désigné le rond central, on savait qu'elles avaient égalisé. Mais malgré tout on était encore sereines. On voulait juste aller de l'avant pour marquer un deuxième but. On n'a pas été abattues et c'est ce qui est positif aussi. Tout le monde y a cru, on a été chercher ce deuxième but.
 
 
Journaliste : Qu'est-ce qui se passe dans la tête pendant ces prolongations ? Est-ce que c'est compliqué à gérer ? Est-ce qu'on se dit : "Bon, il suffit d'un but, la première équipe qui marque a de grandes chances de gagner" ?
 
Oui on était plus dans cette optique-là. On voulait marquer et on a essayé de ne pas subir. Et on a été récompensées. Même si elle ont eu une occasion très franche par Debinha, sauvée par MBock. Mais on a été plus entreprenantes et on a été récompensées.
 
Dounia MESLI