La Primera Iberdrola se rapproche encore de la mise en place d'un statut professionnel pour les joueuses de l'élite du football espagnol. Après la grève des joueuses en novembre dernier, les négociations qui ont suivi ont abouti cette semaine à un pré-accord, qui doit désormais être validé d'ici le 15 janvier 2020.

 

Le texte final n'est pas encore signé, mais les négociations semblent avoir avancé de manière décisive en Espagne. Les joueuses de Primera Iberdrola pourraient donc disposer d'une convention collective, sur la base du pré-accord établi cette semaine. Un texte qui garantit un salaire annuel minimum, des règles concernant le temps de travail et les repos, mais également en cas de blessure ou de grossesse.

Ce pré-accord a été signé vendredi, alors que des divergences semblaient subsister seulement quelques jours plus tôt. D'éventuelles différences qui auraient fait planer de nouveau la menace d'une grève des joueuses, à l'image de celle observée les 16 et 17 novembre dernier, entraînant l'annulation des 8 rencontres de la 9e journée.

 

Un texte qui offre des garanties aux joueuses

Le pré-accord validé hier, reprend largement les demandes des joueuses et de l'AFE (Association des Footballeurs Espagnols, syndicat majoritaire chez les joueuses espagnoles). Le salaire minimum serait fixé à 16.000 euros par mois pour les joueuses à plein temps (équivalent de 35h par semaine, calculées par semestre). Pour les joueuses à temps partiel, le plancher est fixé à 75 % d'un temps plein (trois-quarts temps).

En principe aucune joueuse ne pourra donc être payée moins de 12.000 euros, lorsqu'elle est à temps partiel. Cette nouvelle règle va notamment entraîner des augmentations de salaire, pour toutes les joueuses dont le temps de travail est aujourd'hui inférieur au seuil des 75 %. Des mécanismes qui pourraient immédiatement augmenter les revenus de 30 à 40 % des joueuses de première division en Espagne.

Cet accord garantirait des temps de repos (1 jour et demi minimum par semaine) et de vacances (30 jours), mais aussi l'assurance de continuer à percevoir l'intégralité de son salaire en cas de blessure. Les joueuses en période de grossesse verraient également leur contrat garanti, voir prolongé si « l'heureux événement » intervient pendant la dernière année de contrat.

Cet ensemble de règles et de droits seraient retranscrit dans un texte qui compterait 43 articles, et qui à sa manière établirait donc un statut professionnel pour les joueuses évoluant en Primera Iberdrola. Un accord potentiellement historique qui attend désormais d'être ratifié par les différentes parties, avant le 10 janvier, puis ratifié le 15 janvier 2020. Il s'appliquerait dès cette saison (de manière rétroactive à partir du 1er juillet 2019) et serait prolongé de saison en saison.

 

Un accord en suspens

L'ACFF (Association des Clubs de Football Féminin), qui représente 13 des 16 clubs de Primera Iberdrola a conditionné « l'entrée en vigueur » de cette convention à « l'obtention des ressources suffisantes » pour « permettre de répondre aux obligations contenues dans le pré-accord ». Une clause qui renvoie notamment au conflit entre la Fédération Espagnole (RFEF), l'ACFF et le groupe de télévision Mediapro au sujet des droits TV de la Primera Iberdrola.

Pour l'ACFF, l'enjeu est d'avoir accès au Programme Élite créé par la RFEF et qui garantit une somme de 500.000 euros par clubs. L'adhésion à ce programme est pour le moment conditionné par la Fédération au retrait des clubs concernés de l'accord de droits TV avec le groupe Mediapro, diffuseur de la Primera Iberdrola.

L'ACFF et Mediapro souhaitent au contraire qu'un compromis soit trouvé pour permettre à Mediapro de continuer à diffuser les matches du championnat espagnol (2 rencontres par semaine), avec de l'argent versé aux clubs pour la cession des droits TV, tout en donnant accès aux clubs au Programme Élite de la RFEF et les sommes associées.

Une situation qui maintient pour le moment l'incertitude sur la viabilité d'un tel accord, avec des tractations qui vont donc se poursuivre dans les prochaines semaines. Une dernière période d'incertitude alors que cette convention collective représente le possible aboutissement de négociations entamées à l'automne 2018. 

 

Photo: AFE

Hichem Djemai