Mardi lors de la présentation du dispositif de Canal+ pour la Coupe du monde 2019, le journaliste-présentateur Ludovic Deroin a convié Hervé Mathoux et Pierre Mènes sur la scène. Hervé Mathoux a alors apostrophé Pierre Ménès sur le football féminin. Celui qui présente tous les dimanches le Canal Football Club sur la chaîne cryptée a notamment reproché à Pierre Ménès de ne pas être très bienveillant envers le niveau des footballeuses. Ce dernier a réfuté les allégations de son acolyte et s'est défendu de tout sexisme.

 

Pierre Ménès est un journaliste qu'on adore ou qu'on déteste. Ce qui est sûr, c'est que son franc-parler ne laisse personne indifférent. Mais depuis que le football féminin a élu domicile sur la chaîne cryptée l'année dernière, le chroniqueur du Canal Football Club s'est parfois attiré les foudres des amateurs de foot féminin. En février dernier, son ricanement envers la gardienne de but du FC Fleury 91 était plutôt mal passé. Et beaucoup de gens y ont vu (à tort ou à raison c'est selon) une attitude sexiste à l'égard des joueuses de Division 1.

 

===> Quand Pierre Ménès (Canal+) ricane sur la gardienne du FC Fleury

 

Et mardi, lorsque Canal+ a présenté son dispositif pour la Coupe du monde 2019 en France, Hervé Mathoux a tendu la perche à son acolyte sur ce sujet. Alors que ce dernier se trouvait dans la tribune, le présentateur l'a apostrophé et lui a demandé : "Est-ce que tu seras bienveillant avec le foot féminin Pierre ?"

 

"Il y aura des bonnes joueuses, 

des mauvaises joueuses (...) et je serais là pour le dire"

 

Ce à quoi Pierre Ménès a immédiatement rétorqué : "Non. Moi je trouve que traiter le foot féminin différemment du foot masculin c’est le pire des sexisme. Donc (pendant la Coupe du monde 2019) il y aura des beaux matches, il y aura des mauvais matches, il y aura des bonnes joueuses, il y aura des mauvaises joueuses et comme pour le foot masculin je serais là pour le dire."

Vous l'aurez compris, le chroniqueur du CFC défend sa neutralité, sa franchise, et explique traiter foot féminin et masculin sur un même pied d'égalité, sans ménager l'un ou l'autre. Et la "bienveillance" que lui demandait Hervé Mathoux vis-à-vis du foot féminin pourrait en fait s'apparenter à de la condescendance. Et de ce point de vue, on peut en effet lui donner raison.

 

===> Hervé Mathoux (Canal Football Club) : « Les Bleues doivent faire rêver les Français »

 

Néanmoins, on peut rétorquer qu'on ne peut pas forcément se montrer aussi intransigeants envers les footballeuses comme on peut le faire avec les footballeurs. Car contrairement à leurs homologues masculins de Ligue 1, les joueuses de Division 1 ne bénéficient pas toutes d'un statut professionnel, loin s'en faut. A part dans des grandes structures comme l'Olympique lyonnais, le Paris Saint-Germain ou le Montpellier, la majorité d'entre elles doivent conjuguer entraînements sportifs et vie professionnelle. 

Et quand bien même les meilleures footballeuses de D1 exercent leur métier à temps plein, leurs salaires sont à des années lumières de ceux des footballeurs de Ligue 1. Coeurs de Foot avait d'ailleurs consacré un article à ce sujet (voir le lien en bas de page). A titre d'exemple, quand le salaire des meilleures joueuses du championnat français se situe autour de 15 000 euros par mois, celui d'un joueur moyen de Ligue 1 culmine à 75 000 euros mensuels ! Sans parler des très grands écarts de salaires qui se creusent au sein même de la D1.

Ces arguments évoqués ci-dessus pourraient peut-être inciter certains journalistes et chroniqueurs masculins à se montrer moins sévères envers le football féminin. Sans pour autant verser dans la condescendance bien évidemment !

 

===> Salaires : le gouffre entre footballeuses et footballeurs

 

 

Dounia MESLI & Arnaud Le Quéré