Lundi, l'équipe colombienne de l'Atletico Huila remportait la Copa Libertadores - l'équivalent de la Ligue des championnes en Amérique du Sud - face aux Brésiliennes de Santos. Mais les joueuses ne toucheront pas la prime qui leur était due en tant que vainqueur du tournoi. Cette prime, d'un montant de 55 000 dollars (environ 48 000 euros), servira en fait à éponger les dettes de la section masculine...

Cette victoire en Copa Libertadores aura forcément un goût amer pour les joueuses de l'Atletico Huila. Yoreli Rincon, l'une des joueuses du club, a expliqué au lendemain de la victoire en finale que leur prime de 48 000 euros allait leur passer sous le nez. Selon les médias locaux, cette prime est en effet allée directement dans les caisses du club, et non pas dans les caisses de la section féminine du club. Tous ces efforts et ces sacrifices consentis par les joueuses ne serviront en fin de compte qu'à éponger les dettes de leurs homologues masculins.

La coéquipière de Yoreli Rincon, Aldana Cometti, a tenu a exprimé à l'agence de presse EFE via Marca tout son dégoût face à cette injustice.  "La réalité est que l'argent ira directement au club et que nous ne le verrons pas, à cause des dettes de l'équipe masculine. Cet argent leur ira directement. Il ne reste plus que notre président, Diego Perdomo, qui prend soin de nous, pour nous donner une reconnaissance de sa propre poche."

 

"C'est là qu'on se rend compte que le football féminin ne paye pas"

 

Diego Perdomo, le président de la section féminine du club, a en effet promis aux joueuses de leur verser de sa propre poche l'équivalent de la somme qu'elles auraient dû encaisser. Cette compensation aurait pu satisfaire Yoreli Rincon. Mais la joueuse garde toujours en travers de la gorge le fait que cet argent ne vienne pas de la CONMEBOL, la fédération sud-américaine, mais de la section féminine elle-même. "C'est là qu'on se rend compte que le football féminin ne paye pas, et ne récompense pas les femmes", a t-elle conclu. 

Une situation d'autant plus frustrante que la performance des joueuses de l'Atletico Huella est inédite. Il s'agit en effet de la toute première victoire d'une équipe colombienne dans l'histoire de la Copa Libertadores féminine. Et ce alors que la fédération colombienne de football féminin n'existe que depuis deux ans. Une belle reconnaissance en somme...

Crédits photo : atleticohuila

Arnaud Le Quéré