Avant de rentrer au vestiaire après la victoire 8-0 face au CA Paris en 8e de finale de Coupe de France, nous avons échangé avec Amandine Miquel, la coach du Stade de Reims depuis janvier 2017. La native de Poitiers a réussi à donner une vraie âme et des principes de jeu au club rémois - dont la section féminine a été relancée en septembre 2014 - qui a pu grâce à ce travail acharné remonter dans l'élite du football français.

 

Coeurs de Foot - Sa réaction sur la rencontre

Je suis satisfaite de la prestation de mon équipe, mais il y a eu des choses qu'on aurait pu mieux faire. L'essentiel était de se qualifier, donc on ne va pas chipoter sur ce genre de rencontre.

CDF - Quel a été votre discours à la pause, parce qu'on a senti quand même un changement chez vos joueuses au retour des vestiaires, surtout sur les côtés avec Magou Doucouré et Bénédicte Simon, qui ont été un peu plus appliquées en deuxième mi-temps ?

Le discours ca a été de simplifier le jeu, on a aussi évoqué des hors-jeu car il y en a eu quatre ou cinq, de faire attention à des choses très simples. Donc on leur a dit qu'elles pouvaient faire mieux que ça et qu'il fallait remettre de la rigueur, car il y a eu beaucoup de passes ratées en première mi-temps.

CDF - Le terrain aussi n'a pas joué en votre faveur je pense (du synthétique avec des billes en caoutchouc) ?

Je pense qu'après avoir vu celui d'hier de Lyon contre Evian Thonon (victoire 2-0 des Lyonnaises, ndlr), on peut tout voir maintenant. Non le terrain [du CA Paris] était tout de même mieux que celui de Lyon hier (samedi 1er février), donc il n'y a pas de problèmes sur le terrain.

CDF - On a également vu Chloé Pierel (attaquante de pointe, qui n'a joué qu'un seul match en première partie de saison, lors de la 4e journée face à Fleury, 8 minutes), un peu en difficulté en début de rencontre et plus appliquée en deuxième mi-temps, donc il y a vraiment un discours qui est passé pour elle également ?

Oui oui, mais c'est toujours le risque sur ce genre de match, de se détendre [et de manquer d'application]. Pour nous aujourd'hui c'est une qualification historique, on n'est jamais allés en quart de finale [de Coupe de France], donc c'était un match très important qu'il ne fallait pas du tout négliger.

CDF - On vous suit depuis la D2 de notre côté, on a assisté à votre montée en D1. comment vous faites pour créer cette osmose entre vos joueuses sur le terrain, comment vous faites pour leur faire prendre note de votre stratégie pour qu'elles l'appliquent comme vous leur demandez ?

Je pense que c'est un travail de tous les jours, ça fait maintenant trois saisons qu'on a un groupe assez similaire, on est allé ajouter quelques étrangères tous les ans, on a même des retours (Sonia Ouchène) de joueuses qui était là avant, un groupe de joueuses assez fidèles, qui apprécient notre façon de travailler, qui n'a rien d'extraordinaire (sourire).

On est juste dans le respect de l'être humain, dans notre gestion d'effectif, et on sait qu'elles ne vont pas faire fortune, on sait que ça doit rester un loisir et certains clubs l'oublient en traitant les joueuses comme des numéros. Pour nous ce sont des personnes à part entière et on prend en compte l'extra-sportif et le sportif, on les accompagne vraiment dans la vie, au-delà du football, donc je pense que c'est peut être la recette pour réussir à garder un effectif cohérent avec un budget très moyen.
On est dans cette idée-là qu'il faut prendre du plaisir [sur le terrain], ça reste un jeu, on ne gagne pas des millions. Il faut que la joueuse qui est en cours toute la journée, ou au travail, puisse prendre du plaisir en jouant au foot.

CDF - Avec aussi un état d'esprit qui est de se dépasser quoiqu'il arrive, de faire les choses avec passion sur le terrain ?

Oui, c'est aussi un peu à l'image de notre équipe garçon, on n'a pas des moyens faramineux, par contre on a des joueuses qui seraient prêtes à s'arracher pour le moindre ballon et c'est comme ça qu'il faut faire quand on ne peut pas se payer des joueuses à prix exorbitant. Mais elles ne nous manquent pas pour autant [dans l'effectif] ces joueuses-là finalement, même si on pouvait se les payer, je ne suis même pas sûr qu'on le ferait parce qu'elles n'auraient peut être pas l'attitude adaptée à notre équipe.

CDF - Justement on a vu que votre axe dans ce match-là et sur d'autres matches, ce qui fait la colonne vertébrale du squelette de votre équipe de Reims, avec Melissa Gomes et Giorgia Spinelli, ce sont les deux joueuses sur lesquelles vous comptez vraiment pour maintenir la stratégie de votre équipe on a l'impression ?

Oui voilà c'est sûr, Melissa Gomes n'a pas eu beaucoup de temps de jeu, et peut palier à cette fin de saison, même si elle a un profil très différent de celui de Naomie Feller. Offensivement ce n'est pas du tout les mêmes qualités, donc on va peut être réorganiser notre jeu différemment en fonction de ces départs.

On a aussi Melissa Herrera qui va revenir, car elle est actuellement en sélection costaricaine pour la qualification aux Jeux Olympiques de la CONCACAF, donc il n'y a pas d'inquiétude majeur [sur le départ de Naomie Feller]. Après si dans quatre mois, on descend, alors je vous dirais que je n'aurai pas dû prêter Naomie Feller [à Lyon].

 

"Lyon [...] on ne peut plus les voir" 

 

Journaliste - Vous avez une préférence pour le prochain tour ?

Non (blasé). Pas Lyon, parce que (sourire) on ne peut plus les voir (rires). Si on retombe contre Lyon en Coupe de France, on ne fera pas comme il y a une semaine en championnat en tout cas (défaite 5-0), on attaquera.

Dounia MESLI