Après la victoire des Bleues hier soir face aux États-Unis, il pourrait y avoir des raisons de s'enflammer. Après tout, l'équipe de France l'a emporté face aux championnes du monde en titre et numéro unes mondiales. Pourtant, Corinne Diacre et les joueuses de l'équipe de France ont probablement raison de se montrer prudentes...

 

Hier soir au Havre, tous les voyants semblaient au vert, un Stade Océane plein, une équipe de France à son avantage et victorieuse (3-1) face aux États-Unis. Des championnes du monde américaines qui n'ont pas semblé en mesure de véritablement développer leur jeu, très vertical, à l'image de ces multiples passes en profondeur qui ont rarement trouvé la cible.

 

Une équipe américaine en reprise

Une victoire nette, ponctuée du premier but en A de Marie-Antoinette Katoto, la jeune attaquante parisienne attendue de pied ferme par Corinne Diacre et qui a visiblement su répondre présente malgré quelques imperfections. Sur le plan offensif, Kadidiatou Diani et Delphine Cascarino ont pris le relais dans un match où Eugénie Le Sommer et Amel Majri, habituellement intenables, ont été moins en vue sur les attaques tricolores.

Pourtant, Corinne Diacre, comme en avant-match, a tenu à tempérer les ardeurs, un discours repris par les joueuses en zone mixte. Une modération qui semble logique à cinq mois du Mondial. D'abord parce que les États-Unis sont seulement en phase de reprise, alors que le championnat (NWSL) ne va démarrer qu'au mois d'avril outre-Atlantique.

Pour la plupart des joueuses américaines présentes sur le terrain, la dernière rencontre officielle remonte au mois d'octobre avec la finale de la Coupe de la CONCACAF, remportée face au Canada, avant un dernier match amical face au Portugal en novembre dernier.

Dans l'équipe alignée par Jill Ellis au coup d'envoi, on pouvait citer Julie Ertz, Megan Rapinoe, Tobin Heath ou encore Kelley O'Hara parmi les (illustres) absentes sans oublier Carli Lloyd entrée en fin de match. Emily Fox qui a subi la loi de Delphine Cascarino sur le côté droit de l'attaque tricolore, ne disputait que son troisième match en sélection, après avoir discrètement participé à la dernière Coupe du Monde U20 en Bretagne.

 

Les leçons du passé ?

Autant d'éléments qui amènent à relativiser le résultat d'hier soir, dans une période de préparation où les blessures sont plus coûteuses que les défaites en matches amicaux. L'histoire récente des Bleues amène également à la prudence, des mésaventures dont se souvient parfaitement Corinne Diacre pour avoir été aux premières loges.

Avant de devenir sélectionneuse des Bleues, Diacre avait été l'adjointe de Bruno Bini, lorsqu'il était à la tête de l'équipe de France de 2007 à 2013. En 2012, avant les Jeux Olympiques, l'équipe de France remporte le Tournoi de Chypre au mois de mars s'imposant en finale face au Canada.

C'est alors le premier trophée glané par les Bleues. En juillet, juste avant les Jeux de Londres, la France l'emporte face au Japon en amical sur la pelouse de Charlety. Le Japon et le Canada seront ensuite les deux équipes qui priveront la France de médaille lors du tournoi olympique.

Une mésaventure vécue également en 2016, où la France avait battu le Canada en amical en juillet avant d'être éliminée par ce même Canada quelques semaines plus tard en quart-de-finale du tournoi olympique au Brésil pour les Jeux de Rio. On pourrait également parler de l'Euro 2017, avec la France qui s'impose face à l'Angleterre (mars) et les Pays-Bas (avril) en amical, avant de voir l'Angleterre éliminer les Bleues en quart-de-finale et les Néerlandaises remporter ensuite le tournoi à domicile.

 

Engranger de la confiance

En 2012 comme en 2016, les deux sélectionneurs des Bleues, Bruno Bini puis Philippe Bergeroo avaient parlé de ces victoires en amical, comme utiles « dans la tête », bonnes « pour le moral », mais tout en rappelant que ces résultats ne voulaient « rien dire ». Un discours que l'on retrouve chez Corinne Diacre lorsqu'elle rappelle que l'équipe de France «n'a rien gagné » avec cette victoire en amical face aux États-Unis, même si elle ajoute que cette prestation « laisse présager de bonnes choses » pour le Mondial en juin prochain.

 

Photo: FFF

Hichem Djemai