C'est aujourd'hui que sort Comme des Garçons, un film qui revient sur l'histoire de la création en 1968 de l'équipe féminine de Reims. Des joueuses rémoises qui ont joué un rôle décisif dans le renouveau du football féminin en France, après son déclin puis son interdiction pendant la Seconde Guerre mondiale. Le film de Julien Hallard retrace à sa manière les débuts de cette épopée, une production à découvrir dès maintenant dans les salles obscures.

 

Le football féminin n'est pas né à Reims en 1968, mais le rôle joué par l'équipe champenoise a été essentiel dans le développement de la pratique en France à cette époque et par la suite. Un chemin parcouru dont il est possible de prendre conscience aujourd'hui, cinquante ans après les événements, et à l'approche de la Coupe du Monde Féminine 2019 qui se jouera en France.

 

La force d'une histoire vraie

 

L'an prochain à l'occasion du Mondial, quelques-unes des meilleures joueuses du monde fouleront la pelouse du stade Delaune, là où tout a commencé, ou presque, le 24 août 1968. En lever de rideau d'une rencontre entre le Stade de Reims et Valenciennes, les Rémoises rencontrent l'équipe alsacienne de Schwindratzheim, pour un match d'exhibition remporté 3-1 par les joueuses de Champagne.

Lors de cette rencontre et celle programmée le lendemain entre les deux équipes à l'occasion de la kermesse de l'Union Sports, plusieurs milliers de personnes sont présentes pour y assister avec enthousiasme. L'épopée des Rémoises est lancée, et le football féminin connaît une seconde vie qui n'a depuis jamais cessé.

Ici l'Histoire sert de cadre à Comme des Garçons réalisé par Julien Hallard et qui sort ce mercredi sur les écrans français. Un film qui est d'abord une fiction, avec ses clins d’œil, ses références aux « Filles de Reims » mais dont les deux personnages principaux ont été créés pour le film.

 

 

Des personnages fictifs au service du récit

 

Paul Coutard, campé par Max Boublil, est un journaliste du quotidien « Le Champenois ». Un personnage qui renvoie à la figure de Pierre Geoffroy, journaliste à l'Union, et qui a été l'instigateur en juillet 1968 de ce match-exhibition, programmé pour la kermesse annuelle du journal l'Union. Une « farce » qui s'est transformée en véritable équipe face au sérieux des filles qui ont répondu à l'annonce publiée dans les colonnes du journal. Pierre Geoffroy est devenu ensuite l'entraîneur de Reims, puis le sélectionneur de l'équipe de France au début des années 1970.

La comparaison s'arrête ici. Arrogant, égocentrique, misogyne, le personnage de Paul Coutard ne va cesser d'évoluer au cours du film, pour abandonner progressivement ses traits les plus antipathiques. Comme l'explique Julien Hallard, c'est « le personnage moteur » qui dynamise le film, grandit au contact des « héroïnes » que sont les joueuses de l'équipe.

L'autre rôle central est celui d'Emmanuelle Bruno, interprétée par Vanessa Guide. Elle joue le rôle d'une secrétaire de direction au sein du Champenois qui se voit chargée avec Paul Coutard d'organiser la kermesse du journal. Discrète, effacée, elle révèle rapidement sa passion pour le ballon rond mais surtout son talent footballistique qui la propulse malgré elle sur le devant de la scène.

 

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Le choix de la comédie

 

Le film, premier du genre en France, a trouvé sa source en 2012, quelques mois après la Coupe du Monde 2011 en Allemagne. Une compétition que le réalisateur du film, Julien Hallard, avait suivi avec notamment « la bonne Coupe du Monde » de l'équipe de France. Il se souvient de « Louisa Nécib » et avait pu découvrir comme beaucoup, « l'émergence » et l'ampleur prise par le football féminin. Puis ce fut la découverte de l'histoire des pionnières rémoises, qui est aujourd'hui devenue un film diffusé sur grand écran.

Un sujet traité sous la forme d'une comédie romantique, un genre utilisé par le réalisateur pour pouvoir adopter un « point de vue » sur le sujet du film. Un moyen qui permet de mettre en question, notamment au travers de la relation entre les deux personnages principaux, les relations asymétriques entre les hommes et les femmes, en particulier à la fin des années 1960.

On retrouve des clichés, des archétypes de ce genre cinématographique qui sont utilisés pour faire avancer l'intrigue et aboutir à une forme d'équilibre entre les deux personnages principaux, « à égalité », loin du mépris affiché par Paul Coutard pour Emmanuelle Bruno au début du film.

 

Les enjeux d'une époque pas si lointaine

 

Les références historiques sont elles distillées, entre le conflit avec la FFF pour obtenir la reconnaissance du football féminin, le déclin du Stade de Reims après son âge d'or dans les années 50, la plus forte présence des sponsors... Beaucoup d'anecdotes racontées par les anciennes Rémoises à Julien Hallard, ont également servi pour le film. D'autres éléments ont volontairement été modifiés comme par exemple le choix fait par le réalisateur de placer l'action du film en 1969, pour déconnecter l'histoire des Rémoises du contexte de 1968 avec les grandes grèves que connaît la France au printemps.

Car paradoxalement, et le film en parle, le renouveau du football féminin s'est fait à l'ombre des mouvements féministes naissants à la même époque. Le fait que des filles jouent au foot est d'abord le signe de la popularité d'un sport qui se joue dès le plus jeune âge, et dans les familles où on le pratique, les filles s'y mettent aussi. À l'époque, l'ampleur du phénomène avait surpris et l'opportunité proposée aux Rémoises s'est transformée en traînée de poudre.

Si du terrain reste à conquérir pour que le football féminin trouve toute sa place dans le paysage sportif français, le film démontre à sa manière que les mentalités peuvent évoluer, et que ce qui semblait improbable hier, devient aujourd'hui matière à rire et réfléchir.

 

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Photo en une: Mars Film

Hichem Djemai

. La rédaction