Ce mardi, Patrice Lair a pris le temps de répondre aux questions des journalistes avant les deux finales qui attendent l'équipe parisienne (Coupe de France / Ligue des Championnes) à chaque fois face à la montagne lyonnaise. Battu samedi au Parc OL, Patrice Lair sait que son équipe n'est pas favorite mais compte bien gagner ces deux trophées. Morceaux choisis.

 

« On savait que ça allait être un match difficile. Je pensais qu'ils avaient toujours en travers de la gorge la défaite du mois de décembre, c'est-à-dire essayer de nous mettre un gros score. Malheureusement, on leur a donné des espaces et on a été sanctionnés d'entrée. C'est une des rares fois dans ma carrière où au bout d'une demi-heure je me dis : « c'est bon on ferme la baraque, il faut plus en prendre ».

 

C'est ce qu'on a fait. Après, on est revenus dans le jeu un peu plus en deuxième mi-temps parce qu'ils ont baissé le pavillon physiquement. Les filles ont été courageuses, elles se sont remises dans le bon sens pendant une heure, on a pas pris de buts. Ce qui démontre certaines possibilités pour cette finale. »

 

Qu'est-ce qui a manqué au Parc OL ?

 

« On était peut-être un peu trop ambitieux, de jouer haut. On a été pris par la vitesse, Le Sommer principalement qui nous a contré mais on a fait des grosses fautes de placement. Ce matin [mardi], on a fait une vidéo, on a bien vu que certaines filles n'ont pas fait le replacement qu'il fallait à l'opposé et comme ils ont une qualité de jeu long et surtout de percussion offensive, c'est la meilleure attaque. (…)

 

Après ça a été mieux. (…) Je pense qu'on aurait pris deux/trois autres buts si on avait continué à jouer dans la même disposition qu'au départ. Après j'ai insisté là-dessus, sur la réaction des filles, de pas avoir baisser la tête, et surtout de ne pas avoir le même résultat que l'année dernière, de ne pas en prendre sept. J'ai eu peur à un moment donné que je batte le record mais bon je pense que je suis assez expérimenté pour pouvoir fermer la baraque à un moment donné. »

 

Un droit à l'erreur avec ce match ?

 

« Oui, c'est ce que j'avais annoncé un peu aux filles. J'ai dit : « ce match, il faut qu'il nous serve un peu de laboratoire », [voir] où on peut concurrencer l'Olympique Lyonnais, ou peut-être les mettre en difficulté mais déjà la première chose c'est de pas prendre de buts. Pourquoi on avait gagné au mois de décembre ? Parce qu'on a pas pris de buts et à un moment donné on a réussi à débloquer la situation. Contre cette équipe-là, il faut pas se condamner rapidement. Il ya tellement de talents, (…) et puis une puissance. En plus, en défense, Wendie Renard est revenue à son niveau. C'est un petit peu compliqué, mais pas infaisable. »

 

Une prise de risque à reproduire au final ou une option plus défensive pour les deux finales ?

 

« Ça dépend après je suis partisan de l'idée qu'il faut aller de l'avant à un moment donné. Si tu penses qu'à défendre, à jouer derrière, ça marche une fois, c'est un coup de poker. Moi ce que j'ai envie c'est de construire des résultats qui soient réguliers et qu'on soit capables sur toute une saison, sur plusieurs saisons d'avoir les résultats pour être la première équipe.

 

Et pour ça, il faut aller de l'avant, il faut pas hésiter sur certaines choses. Et puis il faut montrer à ton groupe que tu es ambitieux. C'est des risques, ça marche pas toujours mais au moins tu vas de l'avant. (...) Après, sur un match comme la semaine dernière, c'est pas pareil. Pour la deuxième place, on savait que c'était râpée [et] je pense qu'on pouvait tenter certaines choses.

 

Là, il y a un trophée [en jeu], c'est pas pareil. Il va y a voir une petite table, un trophée. Si on a pas envie de le bouffer et de le prendre, non il faut pas jouer les finales. Il y a un beau trophée, Coupe de France, y'a un superbe trophée, Ligue des Champions et faut les jouer à fond, avoir aucun regret. Et c'est ça surtout que j'essaye de faire comprendre à mon groupe. Mais attention, faut pas faire n'importe quoi parce que là malheureusement à Lyon, on a fait un petit peu n'importe quoi, parce qu'on a oublié le replacement à l'opposé et là certaines joueuses en ont pris un petit peu pour leurs grades parce qu'un moment pour être récompensés, il faut aussi un équilibre. »

 

Sur l'état de forme du groupe

 

« C'est compliqué parce qu'on a tourné beaucoup avec les mêmes joueuses (…) Ce matin, je suis obligé de prendre des membres du staff pour faire un 10-10, c'est embêtant. A Lyon, ils peuvent faire trois équipes. (…) »

 

« Après les filles, elles sont bien, elles posent des questions, (…) c'est encourageant. On a des satisfactions quand même, on a des filles qui ont trouvé l'équipe de France, qui vont jouer le championnat d'Europe [et] il y a des choses autour qui sont importantes, il y a des signes forts avec le public aussi parce qu'on a eu du monde au Parc, le camp des Loges c'est sympa aussi et ça va continuer. (…) »

 

« Mais moi ce que j'attends, c'est un signe fort des dirigeants, c'est à dire d'être mieux structuré encore et peut-être d'aller rivaliser avec Lyon au niveau des salaires. (…) Il faut des leaders, il faut des filles qui amènent ce petit plus pour encadrer les jeunes et ainsi de suite. On est en train de construire quelque chose mais c'est bien beau de construire, et les grands architectes ce sont ceux qui finissent leurs œuvres. (...) Je pense pas être un très bon architecte mais j'aime bien finir les trucs. »

 

Sur la gestion du match face à Bordeaux entre les deux finales

 

«  Bordeaux, j'espère qu'ils vont rester en D1 (…) On a des clubs comme les Girondins de Bordeaux, ça c'est important d'avoir des clubs comme ça, comme Saint-Étienne, ça fait combien d'années qu'ils sont là Saint-Étienne ? Ils ont jamais investi, ils jouent avec la descente. Pourquoi ils mettent pas quelques billets pour avoir une belle équipe, ça j'ai du mal à saisir. Ca coûte pratiquement rien pour les clubs.

 

« On verra mais je ferai tourner. Je lâcherai pas le match, parce qu'il y a quelque chose, il faut respecter le championnat, mais c'est quand même dommage. On va pas me dire qu'un club comme les Girondins de Bordeaux à l'intersaison, à Noël, ils peuvent pas prendre deux/trois joueuses, sortir un ou deux contrats fédéraux, pour se maintenir. Moi, ça me fait rigoler, c'est pas normal. »

 

On va avoir Lille qui monte, les Girondins de Bordeaux, Metz redescend. Metz, il aurait pas pu investir un petit peu ? Qu'on ait vraiment un championnat qui ressemble vraiment à celui des garçons. Mais ça au niveau des spectateurs, au niveau des médias, au niveau des stades, c'est important. C'est quand même mieux d'aller jouer à Saint-Symphorien à Metz que d'aller jouer sur d'autres terrains parce que c'est notre identité. (…) »

Hichem Djemai