Pour ce mondial U20 qui se déroule en Bretagne du 5 au 24 août, on vous fait re-découvrir les Bleuettes qui participent à cette compétition. Après Marie-Antoinette Katoto, Christy Gavory, Hélène Fercocq, Julie Thibaud et Carla Polito, c'était au tour de Maëlle Lakrar de se présenter avec notre questions/réponses. A seulement 18ans, Maelle Lakrar a semble-t-il gagné sa place dans le onze de départ de Gilles Eyquem, de par sa prestation convaincante face à la Nouvelle-Zélande. Entrevue.

 

 

Vous avez revu le match nul contre la Nouvelle-Zélande j'imagine ?
J'ai revu ma séquence individuelle en premier, j'ai essayé de regarder ce que j'avais manqué, ce que j'avais bien fait dans le match et après j'ai vu le match en entier pour voir ce qu'il manque collectivement et les automatismes.


Tu as fait sensation sur ce ce deuxième match contre la Nouvelle-Zélande. Tu as probablement même sauvé les Bleuettes d'une situation encore plus délicate. Comment tu le ressens ce rôle là que tu as dans ce match ?
J'ai fait mon boulot de défenseure. Je veux pas me mettre en valeur, le coach avait dit que j'avais fait un assez bon match même si c'était un match nul. Toute l'équipe était dans le mal ce jour-là parce qu'on n'a pas fait une très belle performance. On voulait la victoire et on l'a pas eu. Je pense que j'ai fait un bon match mais que je peux faire mieux.

Comment tu analyses à froid ce match ?
On était préparés pour. Sur le terrain, on n'a pas respecté les consignes du coach, on est tombées dans leur jeu et on a eu le match nul. On est déçues parce qu'on était préparées pour justement contourner ce bloc adverse et on n'a pas réussi à mettre les consignes en place et ce qui a fait qu'on était déçues du match.

Les Néo-Zélandaises n'ont pas vraiment joué le jeu en face ?
Pas du tout. Ils ont joué leur jeu, on était prévenues que ça allait balancer devant, qu'il fallait presser et ne pas nous laisser jouer. On est tombées dans leur jeu et on a pas joué le nôtre.

Est-ce qu'il n'y a pas eu un peu de précipitation à vouloir jouer forcément vers l'avant sans faire tourner le ballon derrière ?
En première mi-temps, on s'est vraiment précipitées vers l'avant. On avait pas beaucoup de solution non plus et elles mettaient tellement de pression qu'au premier ballon, on tirait devant alors qu'on devait poser et jouer parce qu'on peut le faire techniquement. On n'a pas réussi à le faire et elles ont réussi à nous faire déjouer.

C'était compliqué...
Normalement, on a un beau jeu mais on a pas réussi à le faire. C'était [un peu] un cafouillage mais j'espère qu'on se rattrapera.

L'équipe de France est très offensive et le foot féminin en général ?
On a une très bonne attaque personnellement. Face à la Nouvelle-Zélande, on a pas réussi à finir devant le but parce qu'il manquait toujours la dernière passe et ce qui a fait qu'on a fini par un match nul. Mais oui, c'est très offensif.

C'est très difficile de prendre son temps dans la construction du jeu on dirait ?
Ça ne va pas aussi vite que les garçons mais faut prendre le temps en défense, faire 2-3 passes et on finit par aller de l'avant. Même si on a pas de solutions devant nous, on essaye la plupart de temps [de jouer vers l'avant] comme le coach nous le demande. La première intention c'est vers l'avant. On le respecte et on joue comme on doit jouer.

Tu as rejoint Montpellier récemment. Comment tu ressens ce challenge ?
Je ne pense pas parce que je suis le petit poucet de l'équipe, je viens d'arriver. Ils ont une très bonne équipe avec 2 bonnes défenseures centraux mais je vais essayer de faire ma place. On verra bien au fur et à mesure mais je pense que je pourrai avoir du temps de jeu et c'est ce que je veux.

C'est un gros défi pour toi ?
Un énorme défi. J'ai toujours rêvé d'aller à Montpellier. Il y a 2 ans, j'avais fait des détections là-bas mais j'ai préféré aller à Marseille qui m'ont toujours suivi. Comme on est descendu en D2, ils ont fait appel à moi et j'y suis allée. C'est dans le Sud, c'est près de chez moi donc ça m'arrange.

Est-ce que tu savais que ton prénom était d'origine bretonne ?
Je le savais parce que ma mère me l'a rappelée aussi (rires). Quand je suis venue ici, elle m'a dit "N'oublie pas ! Ton prénom vient des Bretons." J'en suis fière, surtout que la Coupe du Monde se déroule ici et c'est un plus pour moi.

Tu es une joueuse communicante et qui aime donner des conseils à ces coéquipières ?
J'étais souvent capitaine quand j'étais jeune. En U17, Sandrine Soubeyrand m'avait fait confiance en me donnant le brassard. Je joue à un poste où il faut beaucoup parler et s'il faut aider mes coéquipières, je le fais. C'est mon rôle et je l'aime bien.

Comment tu décrirais le groupe France de ce mondial ?
On a une très très bonne équipe. Je pense qu'on peut aller mais il y a quelques trucs à corriger (comme dans n'importe quelle équipe). On a un bon groupe et je pense qu'on peut faire quelque chose dans cette Coupe du Monde.

Qui est la plus sérieuse, la plus déconneuse ?
La plus sérieuse ? Il y a Mylène [Chavas], Carla [Polito] qui est très sérieuse. Selma [Bacha], Sana [Daoudi] sont parmi les plus déconneuses

Hélène [Fercocq] peut-être aussi ?
Alors elle, c'est en première place. C'est sûr !

La ou les plus réservée(s), la plus timide(s) ?
Marion [Rey], Lena [Goetsch] aussi parce qu'elle est aussi réservée dans le groupe.

Qu'est-ce qu'il représente pour toi ce mondial U20 ?
Un rêve de jeunesse, surtout en France. Je suis fière de la représenter et c'est surtout pour ma famille que je le fais.

Surtout ton frère ?
Ah oui. C'est lui qui m'a donné envie de jouer au foot et puis si je peux le rendre fier en gagnant cette Coupe du Monde, c'est un plus.

Il y a un vrai lien entre vous ?
Vraiment parce qu'on est super proches.

Est-ce qu'il y a une joueuse en particulier avec qui tu échanges pour avoir des conseils ici ou ailleurs ?
J'échangeais beaucoup avec Caroline Pizzala qui jouait avec moi à l'OM. C'est une très bonne joueuse, elle me donnait énormement de conseils. Ici, j'échange un peu avec tout le monde, dans n'importe quel poste, mais avec Caroline Pizzala, c'était une joueuse qui m'en donnait beaucoup.
  
Elle te donne quels conseils ? Sur ton état d'esprit ?
Elle me disait que j'avais un bon état d'esprit. Dans le jeu, elle me donnait beaucoup de conseils parce qu'on joue à peu près au même poste. Elle m'a surtout fait grandir.

Votre match nul contre la Nouvelle-Zélande (0-0), on peut le comparer au match nul des Bleus contre le Danemark (0-0), qui leur a mis un petit coup d'arrêt. Ils ont essuyé beaucoup de critiques. Comment vous le vivez cet instant de votre côté ?
Juste après le match, on ne se parlait pas beaucoup. Même à table, ça se ressentait. On a fait quelques entraînements et ça allait mieux quand le coach nous a parlé. Ils nous a donné l'envie de gagner dimanche et j'espère qu'on arrachera la victoire contre les Pays-Bas et finir premières de notre groupe.

Dans l'état d'esprit aussi ?
Je pense qu'on est tous remontés.

Beaucoup ont parlé de votre manque d'agressivité. Est-ce que ce n'est pas surtout votre grand respect pour l'adversaire qui vous a fait défaut ?
On pensait que ça allait être facile, on est pas rentrés dedans dès les premières minutes et ça s'est vu. On est tombés tout le match et on a fini par faire un match nul.

Qu'est-ce qu'il va falloir changer contre les Pays-Bas ?
Contre les Pays-Bas, va falloir se réveiller dès les premières minutes et ne pas laisser le temps à l'adversaire pour jouer. Faire notre jeu, ne pas rentrer dans le leur et jouer comme on sait jouer.

Défensivement, il faudra être solide parce qu'un match nul vous suffit pour passer ?
C'est sûr que les Pays-Bas ont une très bonne équipe. Les attaquantes ont énormément de vitesse. La 19 [Fenna Kalma] est très forte, marque beaucoup de buts. Va falloir être solide derrière et je pense qu'on a les capacités pour y arriver.

Comment t'es venu ta passion du ballon rond ?
Quand j'étais petite, j'allais souvent au "City" avec mon frère et mes potes. Un jour, il m'a demandé si je voulais jouer au foot, j'ai dit oui (ma mère aussi). Du coup, il m'a inscrit dans un club à Salon de Provence à côté de chez moi. J'ai été directement surclassé la première année et j'ai continué jusqu'à en devenir ma passion.

 

Propos recueillis par Dounia Mesli

Dounia MESLI