En conférence de presse, Gilles Eyquem n'a pas caché sa satisfaction mais avec encore une fois beaucoup de retenue, par humilité mais aussi parce que le plus dur reste à venir pour lui et ces joueuses. Sa réaction après la victoire 1-0 contre la Corée du Nord et qui a qualifié les Bleuettes pour la demi-finale, qui se jouera lundi face à l'Espagne (Vannes à 19h30).

 

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Gilles Eyquem : "Ce qui s'est passé sur le terrain, comme l'a dit Sana (Daoudi], c'est quelque chose qu'on avait travaillé, préparé. Je leur ai demandé encore d'élever leur niveau, surtout dans l'engagement et dans l'impact physique. On savait que cette équipe était capable de nous étouffer, de mettre des longs ballons comme elles l'ont fait en 2e période. On avait travaillé en conséquence et sur la première mi-temps, elles ont bien respecté les consignes. Elles sont allées les chercher, elles ont mis de l'impact et je suis fier de ce qu'elles ont fait, heureux d'aller à nouveau dans ce dernier carré."

 

"Heureux d'aller à nouveau

dans ce dernier carré."

 

Coeurs de Foot - Sana justement a parlé de consignes, j'imagine que la consigne était de ne pas relâcher les efforts et c'est ce qu'on a vu avec Elisa De Almeida qui a sorti la balle de l'égalisation en toute fin de match.

G. E. - Je pense que plus on va dans la compétition, plus l'intensité va s'élever. On savait toute la qualité de cette équipe nord-coréenne, notamment sur son jeu collectif et son jeu technique. Il fallait les empêcher de poser ce jeu là, être plus agressifs, couper les trajectoires des passes. Effectivement, sur la première mi-temps, ça avait bien réussi. Elles ont dû chercher d'autres possibilités, notamment sur le jeu long avec la recherche des attaquantes, et puis vite presser pour essayer d'étouffer l'adversaire. Elles ont failli réussir car en seconde période, c'est vrai que nous étions en souffrance. J'espérais que l'on puisse leur faire mal sur des contres et ça a failli réussir. On était pas loin de mettre le 2e but qui pouvait énormément soulager l'équipe, mais c'est aussi agréable de vivre ces moments-là et je suis fier des joueuses.

 

Vous nous avez parlé de cette souffrance en 2ème mi-temps, l'équipe a fait preuve d'énormément de solidarité...

G. E. - Cette solidarité était très intéressante et on s'est appuyés sur une base défensive très solide avec Maëlle Lakrar et Julie Thibaud. Les filles ont fait des efforts les unes pour les autres et mêmes celles qui sont entrées ont permis de freiner et d'empêcher le jeu long. Il y a eu un engagement hors du commun.

 

Quel sera votre discours jusqu'à lundi et ce match face à l'Espagne ? Qu'est-ce qu'il faut faire pour préparer au mieux ce rendez-vous ?

G. E. - Déjà, on va profiter ce soir (rires). Demain, on va essayer d'organiser un temps collectif avec tout le monde. Visiter cette belle Bretagne, penser à autre chose et puis on se remettra vraiment dans le foot dans 2 jours. Il y aura quand même un petit travail pour ceux qui ont moins joué, mais l'idée est de se retrouver tous ensemble et d'aller prendre un bon petit moment sur la côte bretonne, un bon bol d'air et puis, on repartira au travail.

 

Sandy Baltimore et Annahita Zamamian étaient sur le banc contre les Pays-Bas. Elles ont livré un match intéressant aujourd'hui et on a même vu une certaine complicité entre les deux joueuses.  Vous l'avez travaillé à l'entraînement ?

G. E. - Pas spécialement, on avait travaillé le cheminement et on attendait des relations, trouver des joueuses excentrées. Ce qu'on a moins vu de l'autre côté [sur la droite] parce que Melvine [Malard] a un jeu à plus rentrer dans le cœur du jeu. Elle est moins "bords de ligne" et j'espérais qu'avec Emelyne [Laurent], amener ce petit plus sur le côté droit. On tenait un peu moins le ballon, on avait moins de solutions pour amener le ballon sur les côtés. Mais ça s'est bien passé, c'était important de faire tourner encore un peu [l'effectif]. L'objectif étant d'aller au bout et c'est bien d'équilibrer les temps de jeu. J'ai cette possibilité, un groupe qui vit depuis le début, qui est complet, cohérent. Je n'ai pas de grosses difficultés à faire de la place à toutes les joueuses. 

 

Qu'est ce que vous attendez du match contre l'Espagne ? Est-ce que ça sera un match plus ouvert ? Sana s'attend à un match beaucoup plus ouvert que contre la Corée...

G. E. - C'est vrai que j'étais pas plus surpris par la Corée, car ils restaient bien derrière dans un premier temps, compact avec une ligne de 4 et 2 attaquantes qui faisaient jouer. Tant mieux pour nous et je pense qu'on sait qu'on les a forcés à rester haut. 
L'Espagne ? Je m'attends à un match plus ouvert. C'est vrai que c'est une équipe qui est sur un jeu très technique, sur des petits espaces. Je pense que comme contre la Corée du Nord, il faudra être capables d'aller les chercher, les bousculer, les empêcher de jouer. J'espère que c'est le fait d'avoir fait tourner l'effectif comparé à elles qui sont à une ou deux joueuses près dans les onze et on le voit sur les deux derniers matches où elles déclinent assez sérieusement sur la deuxième mi-temps. J'espère qu'on sera capables de les tenir sur la première et d'enfoncer le clou sur la deuxième.

 

Il y a eu une revanche à prendre face à la Corée. Est-ce que vous avez abordé mentalement la rencontre face à l'Espagne mais d'une façon totalement différente ?

G. E. - Non, je dirais qu'il y a plus une revanche à prendre face à l'Espagne puisqu'on a échoué contre elles en finale du Championnat d'Europe U19 la saison dernière. On menait au score et à dix minutes de la fin, et de manière terrible, nous avions subi un deuxième carton jaune. Réduits à 10, ça avait été très compliqué et les Espagnoles l'ont emporté sur le fil. C'est resté un petit peu en travers de ma gorge et je pense que les joueuses auront plus l'idée de revanche face à cette équipe-là, que face à la Corée aujourd'hui.

 

Coeurs de Foot - Au fur et à mesure que l'on progresse dans cette Coupe du Monde, il y a de plus en plus de pression et on l'a vu face à la Corée. Vous mettez à chaque fois de nouvelles consignes en place pour vos joueuses. Est-ce qu'elles les assimilent de mieux en mieux et de plus en plus ?

G. E. - Oui et l'essentiel, c'est ce qu'elles les mettent avec leur cœur, leur engagement et leurs tripes. C'est vrai qu'on l'avait senti dès le départ, elles avaient envie d'aller chercher cette victoire. Elles avançaient et ça c'est important. Je crois que c'est à ce niveau-là qu'un match peut se gagner, dans cette capacité à bousculer l'adversaire, à aller le chercher. Tant qu'elles garderont cet état d'esprit, pour moi, [le reste] c'est des ajustements et par rapport à ce qu'on est capable de faire, c'est aussi d'aller embêter l'adversaire et je trouverai des solutions.

 

Marie-Antoinette Katoto était sur le banc aujourd'hui et Amélie [Delabre] a encore marqué. On avait l'impression qu'elle était encore perdue même si, par son jeu dos au but et son orientation [...] C'est compliqué dans un match fermé ? Quel est le sentiment par rapport à ça ?

G. E. - J'ai trouvé qu'elle avait fait une bonne entrée, même si ça avait été un peu plus dur pour elle. C'est vrai que cela coïncide au fait qu'on tenait moins le ballon. C'était souvent compliqué, même Amélie a eu une première mi-temps un peu plus compliqué. Elle marque, effectivement, elle est courageuse mais on a eu du mal à la trouver aussi. Entre Marie [Katoto] et elle, c'est peut-être là où on a pêché. On a pas osé les chercher dans les espaces et c'est un détail à régler pour la suite.

 

Propos receuillis par Dounia Mesli

Karim Erradi