En conférence de presse, Gilles Eyquem n'a pas caché sa satisfaction malgré de la retenue car le plus difficile reste peut être à faire maintenant, après s'être qualifiés avec ces joueuses en quart de finale de ce mondial U20 en Bretagne (5- 24 août).

 

 

Coeurs de Foot - J'imagine que c'est une belle démonstration des qualités de l'équipe de France et qu'on a vu le vrai jeu des françaises aujourd'hui ?

Gilles Eyquem - Oui on attendait cela. Effectivement c'était ce que je connais de mon équipe, je sais qu'elle est capable de faire mieux que ce qu'elle a pu produire peut être contre le Ghana ou la Nouvelle-Zélande, même si ce n'était pas du tout le même jeu en face. L'avantage de jouer les Pays-Bas c'est que c'est aussi une équipe qui joue au ballon et donc effectivement ça nous convient mieux et je crois qu'on était jamais plus à l'aise nous, quand on a un peu d'espaces et qu'on peut prendre de la vitesse.

 

Il a fallu élever la voix cette semaine pour les remobiliser ? Et si oui sur quels points vous avez insister pour repartir du bon pied ?

Non j'ai parlé de l'exigence du haut niveau, des valeurs qu'il fallait montrer pour espérer atteindre l'objectif qu'on s'est fixés ensemble, surtout que j'étais très frustré par le fait qu'elles sont capables de mieux [que le match nul contre la Nouvelle-Zélande] et je pense qu'il fallait un petit secouer tout ça, pour bien leur faire prendre conscience qu'elles avaient besoin de plus d'engagement, que ça n'allait pas se faire tout seul, qu'il y avait des adversaires et que ces adversaires aussi espéraient toujours avancer dans la compétition. Donc il fallait lever notre niveau et aujourd'hui c'est une belle réussite. Des choix qui ont permis aussi de peut être permettre au groupe de se ressouder, d'aller de l'avant.

 

Il y a eu des choix qui ont payé, du coup ça donne un petit peu mal à la tête pour le prochain match ou la hiérarchie est clairement établie pour le prochain match et on peut s'attendre à une équipe qui ressemble aux deux premiers matches en quart ?

Non je pense que c'est un petit peu difficile de se projeter dans le prochain match [contre la Corée du Nord]. Il y a encore trois jours pour travailler. C'est vrai que je m'attendais à cet engagement de la part d'Amélie [Delabre], je la connais, je l'ai retenu par rapport à ces qualités athlétiques, son coeur, son engagement et surtout sa capacité à être très présente devant le but. Je ne sais pas si ça va remettre en cause la hiérarchie, j'espère surtout que ça va permettre à toutes de s'épanouir complètement et de s'impliquer encore plus dans ce projet d'aller chercher cette Coupe du Monde. Y'a aussi à gérer le temps de jeu, j'ai essayé de faire tourner un petit peu, j'ai équilibré derrière. Au milieu aussi, devant j'en ai six pour trois postes, donc j'ai l'embarras du choix, on va regarder et en tenant compte de l'équilibre aussi [de l'équipe]. Elles peuvent jouer peut être les deux ensemble aussi [Katoto/Delabre].

 

Qu'est-ce que vous avez dit aux joueuses que vous avez écarté sur ce match-là, notamment à Marie Katoto ?

Je pense qu'elle est en plein doute et qu'elle a besoin de retrouver un petit peu sa sérénité. Ça fait partie un petit peu de l'idée de ne pas la mettre trop en avant aujourd'hui. Peut être quand l'attendait trop vite, qu'elle a besoin d'un petit peu plus de temps, qu'il faut qu'elle évacue la pression, ces qualités sont là, c'est une joueuse je pense exceptionnelle et je pense qu'elle nous le montrera d'ici la fin que c'est une grande joueuse.

 

Vous avez senti un déclic ce soir, qu'il y avait un surplus d'envie, un surplus d'agressivité, un surplus de motivation pour aller chercher cette victoire ce soir (dimanche ndlr) ?

Pas spécialement, il y a eu des choses biens, des choses moins biens mais j'ai quand même senti mais j'ai quand même que les filles étaient beaucoup plus concernées, qu'elles prenaient en compte les informations qu'on a pu leur donner, qu'il y a eu des petites choses qui ont fait que les filles se sont rapprochées et puis quand elles ont vu la composition de l'équipe, il y a eu de l'étonnement mais quand même derrière qu'il y avait de la place pour tout le monde. Après il y a eu de la réussite, tant mieux. Mais je pense que ça va souder le groupe et là j'ai vu dans le vestiaire qu'il y avait beaucoup de joie et je pense que c'est peut être le départ.

 

Racontez-nous justement. Qu'est-ce qui s'est passé dans ces vestiaires, qui a pris la parole ?

Y'a toujours les mêmes, il y a souvent Hélène Fercocq, qui est la grosse animatrice de l'équipe. On a vu Marie-Antoinette [Katoto] aussi faire du bruit avec elle, donc toutes étaient autour de la table et c'est vrai que c'était très très sympa à voir.

 

Que pouvez-vous nous dire sur cet adversaire que vous connaissez bien. Vous les avez battu il y a quatre ans pour la troisième place, vous avez perdu contre elles en finale en 2016. C'est un vieil ennemi pour la France ?

Normalement c'est notre tour, on s'était entendu avec le coach [coréen] à chaque rencontre, une fois eux, une fois nous (rires).

Non on a envoyé quelques observateurs sur leurs matches, que ça soit l'Angleterre ou la Corée du Nord, on savait que ça serait de rude adversaire. Ce que je peux dire de la Corée du Nord, à priori, c'est toujours un groupe avec beaucoup de qualités techniques, par contre il semblerait qu'elles manquent de puissance devant, par rapport à ce que c'était en Papouasie. Donc on va étudier encore de plus près cet adversaire, je vais regarder personnellement les matches et ce que nous aurons préparé nos observateurs et puis on va y aller tranquillement, préparer tout ça. 

 

Coeurs de Foot - Vous nous parliez justement hier de tous ces points à corriger dont l'agressivité et le fait de jouer pour l'équipe. Est-ce qu'on peut dire que ces points sont corrigés pour la suite même s'il reste encore des réglages ?

J'ai trouvé effectivement que c'était beaucoup mieux dans ces deux domaines. Il y a encore un peu de fébrilité avec le ballon mais beaucoup plus de solidarité, notamment défensivement, on a vu un bon bloc, beaucoup plus compact et puis une défense qui a fait je pense une belle rencontre, même s'il y a eu quelques hésitations par moment. Mais dans l'ensemble c'était bien présent avec notamment Maëlle [Lakrar] qui a fait un très très gros match et impressionne de plus en plus, mais ça je le savais.

 

L'ambiance était au rendez-vous avec un stade plein. Est-ce que c'est l'occasion d'élever encore le niveau pour la suite ?

Oui je pense que les filles sont emballées par l'ambiance qu'il y a aujourd'hui dans les stades, par le public qui vient nombreux. Je pense que cela elles l'ont intégré aujourd'hui. Elles ont intégré cette partie là [de l'attente du public] parce qu'il y avait beaucoup de pression, les familles sont là depuis le début, et puis ces stades plein qui chantent et qui sont derrière nous, ça leur fait chaud au coeur et je pense qu'elles savent maintenant qu'il y a une belle aventure qui peut se profiler. Je pense qu'à présent [l'effervescence du public] ça va être plutôt un atout supplémentaire, plus que le petit frein, qui faisait qu'il y avait un peu des fois les pieds qui tremblaient.

 

Est-ce que le fait d'avoir été battu par la Corée il y a deux ans sera un point sur lequel vous allez appuyer vis à vis de vos joueuses ?

Non parce que d'un côté ou de l'autre je pense que les équipes sont totalement différentes. La seule qui reste de la Papouasie c'est Mylène [Chavas], je ne pense pas qu'elle ait un bon souvenir donc on va l'évacuer. Non je pense qu'on va bien étudier cet adversaire, on va présenter cette nouvelle équipe de Corée aux joueuses comme on le fait d'habitude avec nos observateurs, c'est eux qui interviennent, ce n'est pas mon domaine, c'est eux qui présentent et on va se préparer en conséquence sur le terrain, comme on le fait traditionnellement.

 

Coeurs de Foot - On a senti une vraie alchimie sur le terrain aujourd'hui, surtout avec le duo Malard/Delabre, on peut aussi souligner le fait que toutes les joueuses avaient les crocs ?

Oui effectivement on a senti qu'il y avait une énergie positive, qu'elles avaient envie d'aller de l'avant, ça c'était important. Melvine avait hâte de prouver qu'elle valait mieux que son premier match [contre le Ghana] et je pense que c'est réussi, même si je suis sûre qu'elle peut encore faire mieux. Et vous avez entendu Amélie, pour elle c'était que du bonheur, elle n'imaginait jamais en début de saison être là, mais moi je savais qu'elle serait avec nous, de son côté elle la découvert tardivement, elle n'a peut être pas crue mes premières paroles quand je l'ai vu la première fois avec nous [en équipe de France U20]. Pour moi ce n'est pas une surprise [qu'elle soit dans le groupe] mais je ne m'attendais pas forcément à ce niveau là. Je savais cependant que si elle avait des occasions devant le but elle y serait et elle bougerait un petit peu tout ça, parce qu'elle a quand même une présence athlétique assez intéressante et comme elle a un cœur énorme, qu'elle ne lâche rien c'est superbe (sourire).   

Dounia MESLI