On a perdu un match parce que l'équipe adverse était meilleure que nous. Elle sait marquer un but, ce qu'on n'a pas su faire malgré quelques occasions pour ouvrir le score, pour égaliser aussi. Je pense qu'il y a eu trop de manques pour battre cette équipe d'Espagne. Manque de lucidité, d'agressivité à certains moments et puis beaucoup de naïveté.

 

Vous attendiez à une première période où vous maintenez le résultat pour faire la différence en seconde période mais finalement, on a pas vu une équipe de France prendre le dessus physiquement sur cette équipe d'Espagne.

Non, non, effectivement. D'une part parce qu'on a pas su vouloir aller vers l'avant, aller chercher cette équipe, la mettre en difficulté. Sur la maîtrise technique, on n'était pas suffisamment bien. Je pensais que les changements allaient pouvoir nous aider à tenir le ballon un peu plus haut, trouver des appuis notamment avec Marie [Katoto] mais ça n'a pas suffit et je pense que nos deux côtés se sont un petit peu éteints. Des armes sur lesquelles on pouvait compter et c'est difficile, à partir de là, de bousculer cette équipe bien organisée, bien en place et qui a une maîtrise technique vraiment au-dessus de la nôtre.

 

Est-ce que vous avez cru que cela allait tourner en votre faveur avec le carton rouge et le penalty ?

Oui bien sûr ! Je pense que les Espagnoles ont reculé, ont eu peur mais elles ont eu beaucoup de solidarité, ont été très bien organisé, ont su maîtriser, garder le ballon. On a manqué énormément de lucidité : mettre des frappes du mauvais pied à 30 mètres ou prendre des initiatives lointaines. Il y avait certainement mieux à faire.

 

Il y a quelques mois, vous disiez que ce serait un rêve de remporter ce titre à domicile. Cette élimination est-elle un échec ?

On peut le dire comme ça parce qu'on avait mis tous les moyens pour bien se préparer, pour être présent dans cette compétition et aller chercher ce titre qui nous faisait énormément envie. Maintenant, on va aller chercher cette médaille de bronze parce qu'on se doit de tout donner jusqu'au bout. On va essayer de récupérer tout ça parce que je crois que le mental en a pris un bon coup. Les filles étaient pourtant bien concentrées mais il a manqué encore cette envie de bousculer un peu plus cette équipe espagnole qui était très forte sur le plan technique.

 

Est-ce que le sentiment d'une déception plus forte avec cette compétition à domicile que le public se prenait au jeu ?

Oui, ça accentue les sentiments et les vraies déceptions. Maintenant, il va falloir passer outre et se préparer pour ce dernier match et être capables d'aller chercher cette médaille parce que je crois que ça restera une belle performance. Peut-être pas l'objectif qu'on s'est fixés ensemble mais on est tombés sur plus fort que nous. Il faut l'accepter et reconnaître qu'on a pas fait ce qu'il fallait pour être meilleur que les Espagnoles ce soir.

 

Est-ce que vous avez vu Marie-Antoinette Katoto s'effondrer sur le terrain ? Ce n'est pas facile avec ce penalty manqué qui aurait pu être décisif. Qu'est-ce que vous lui avez dit pour la réconforter ?

C'était difficile de lui parler parce qu'elle était vraiment au fond du trou. Essayer de la relever et lui dire qu'il y a encore un autre match et qu'il va falloir passer par dessus cette déception et se préparer à nouveau pour cette petite finale contre l'Angleterre. Chercher cette médaille qui est encore à notre portée.

 

Il y a quelques jours, l'enjeu était de libérer les filles de cette pression de jouer à domicile. Est-ce que vous avez réussi ? Est-ce que vous avez senti qu'il n'y avait pas cette pression là ?

Il me semble que oui. Il y a eu une concentration anormale je trouve mais qui se comprend aussi par rapport à ce match important et c'était la première fois que je faisais le voyage Ploërmel-Vannes sans entendre de chanson. Ce qui m'a un petit peu surpris parce qu'habituellement, il y a toujours un petit peu de joie dans le bus, un peu de musique. Mais là, c'était très calme et très concentré. Peut-être que je devais me méfier, chanter à mon tour pour détendre l'atmosphère.

 

Cœurs De Foot - Est-ce que ça manquait un peu d'offensive ? Parce que les Espagnoles ont eu la possession du ballon et vous avez essayé de les chercher en contre, ce qui n'a pas fonctionné.

Je pense qu'il était difficile de rivaliser avec les Espagnoles à ce niveau-là. On avait essayé de les empêcher de jouer mais pour cela, il fallait être un peu plus agressif et profiter des ballons de récupération pour aller vite vers l'avant. Je pense que notre équipe a joué de manière individuelle alors qu'il y avait d'autres choses à faire. Il y a eu un moment où les filles ont voulu se mettre en avant au lieu de mettre en avant le groupe et ça, je pense qu'on le reverra mais je suis persuadé qu'il y a des choses qui ne sont pas très bien de ce côté-là.

 

Photo : Maxime Le Pihif

Dounia MESLI & Karim Erradi