Avant France/Espagne, nous avons retrouvé Gilles Eyquem, Selma Bacha et Christy Gavory en conférence de presse pour avoir leur impressions sur la confrontation qui les attend demain face aux Espagnoles.

 

Comment vous vous sentez par rapport au match de demain ?

Selma Bacha - On est pressées d'être demain.On sait qu'on a fait un beau parcours jusqu'à présent, et j'espère que ça va continuer. On est prêtes.

 

Sur le fait de jouer à domicile

S. B. - C'est vrai qu'on a un peu de pression parce qu'on est en France et faut pas décevoir les supporters, notre staff et j'espère qu'on va aller au bout.

Christy Gavory - Je pense que c'est une pression positive dans un sens, parce que c'est un vrai qu'on a du soutien de beaucoup de personnes autour. Ce n'est pas une pression négative, mais on sait qu'on doit rendre fière tout le monde autour. 

 

Gilles, pouvez-vous décrire vos attentes pour demain contre l'Espagne ?

G.Eyquem - Pas grand chose de nouveau, on est toujours dans la dynamique de bien préparer ces matches-là. C'est plutôt facile à faire puisque j'ai même tendance à dire qu'il faut être attentif parce que les filles ont envie de rapidement se retrouver sur le terrain, d'être confrontées face à ces Espagnoles pour plusieurs raisons. D'une part, depuis le match contre les Pays-Bas (remporté 4-0), les filles ont pris toute la mesure de cette Coupe du Monde et l'équipe est de plus en plus performante, je trouve qu'elle est beaucoup plus solidaire, beaucoup plus concentrée sur l'objectif et il y a une réponse plutôt positive sur le terrain avec une solidarité et beaucoup de concentration sur les tâches à accomplir.

 

Grosse montée en puissance depuis le match contre la Nouvelle-Zélande ?

C.G. - Il y a une grosse montée en puissance de par les victoires. C'est vrai que quand on gagne, forcément, c'est toujours un plus pour l'équipe. On a un groupe très soudée, qui vit bien donc ça nous aide beaucoup pour la compétition et tout le monde a un objectif commun.

S.B - C'est vrai qu'après le match contre la Nouvelle-Zélande, on a fait une réunion entre joueuses. On s'est parlées, on s'est dit des choses et depuis, ça va mieux. On est plus fortes mentalement, on est soudées et c'est ce qui fait notre force aujourd'hui.

 

Selma, est-ce que ton expérience avec la Ligue des Championnes t'aide a mieux appréhender ce genre de rendez-vous ?

S.B - Exactement parce qu'avec Lyon, j'ai connu le haut-niveau et cette compétition, c'est le haut niveau et je suis encore plus prête?

 

Sur la forme physique

C.G. - Physiquement, on se sentait un peu fatiguées au début mais on a eu quelques jours de repos, donc ça va. On fait des massages pour bien se reposer et après c'est dans la tête, donc on est prêtes.

S.B. - Je pense exactement pareil. Après chaque match, on a deux jours de repos. Les titulaires ont des jours de récup' et les remplaçantes s'entraînent comme ça, on est sur la même longueur d'onde et c'est parfait.

 

CDF - On a l'impression que l'Espagne est sur une pente descendante à l'inverse des Bleuettes. Est-ce que ça donne plus de confiance ?

G.E - Je sais pas si je ferais la même analyse par rapport à la pente descendante des Espagnoles. C'est quand même une très belle équipe, qui a beaucoup d'atouts et d'arguments. Effectivement, on peut penser que physiquement, elles baissent de rythme en deuxième mi-temps. Alors, est-ce que c'est le fait de mener au score et de gérer ou le fait de pas forcément faire beaucoup tourner l'effectif car je crois que c'est pratiquement les mêmes depuis le début. Elles ont eu des gros matches pour sortir de poule et donc peu de possibilité de faire tourner l'effectif. 

Est-ce un avantage ? Je pense qu'on a une possibilité plus élargie qui permet de faire tourner un petit peu et c'est une gestion qui je l'espère nous mènera au bout de la compétition.

 

Est-ce que le match contre la Corée du Nord, qui a demandé beaucoup de valeurs, a forgé encore plus le groupe U20 ?

G.E - Je ne sais pas mais ce qui est sûr, c'est qu'en voyant ce qu'elles réalisent sur le terrain depuis le match contre la Nouvelle-Zélande, on les voit monter en puissance dans la solidarité, mais c'est vraiment flagrant sur les aspects défensif notamment où on est beaucoup plus performants, beaucoup plus compacts et je crois que c'est l'une des clés contre l'Espagne demain. Ne pas leur laisser la possession parce qu'on sait qu'elles adorent ça. Mettre le même engagement, la même agressivité et aller les chercher pour pouvoir développer aussi notre jeu parce qu'on a des atouts et des arguments pour leur faire peur aussi.

 

Le fait de ne pas trouver Amélie Delabre devant contre la Corée du Nord

G.E. - On l'a pas travaillé spécifiquement. On fait un retour ce soir par rapport au match et à ces situations un petit peu à problèmes. On doit essentiellement continuer sur la dynamique du jeu de transition, ce qu'on a fait hier. Pour aujourd'hui, c'est plus de la récupération, les aspects défensif,voir comment on pourra traiter les situations que l'Espagne aime bien mettre en place et derrière se projeter nous vite pour aller les bousculer.

 

Que représente ce match contre l'Espagne ?

C.G. - Moi, j'ai encore des souvenirs amères, j'avais joué contre elles en U17 et en U19 la saison, avec deux défaites contre l'Espagne. Personnellement, c'est une revanche mais c'est un nouveau groupe donc je pense qu'une victoire nous ferait un plus grand bien.

S.B. - Ce n'est pas une revanche pour moi parce que j'ai déjà joué contre elles on a fait un match nul. Elles nous ont éliminé en U17 mais c'est du passé. On va se concentrer sur le futur et on verra bien le score à la fin demain, mais avoir une victoire c'est très très bien.

G.E - J'aurais peut-être tendance à dire ce que j'ai déjà dit déjà contre la Corée (sourire). En 2014, elles nous avaient laissé gagner, en 2016, on les a laissé gagner donc en 2018, j'espère que pour les Espagnoles, ça sera la même chose. C'est notre tour ! (rires)

 

CDF - Les Bleuettes progressent de match en match. Concentration et solidité défensive seront-elles les grosses consignes de ce match contre l'Espagne?

G.E. - Oui je pense qu'une équipe qui veut aller loin est obligée d'avoir une assise défensive solide et c'est pas uniquement les défenseures. C'est à tout le groupe de défendre ensemble et je pense qu'on a vu sur les deux matchs précédents, on était beaucoup plus compact, plus agressif et je pense que ce sera la clé du match demain. Être capables d'empêcher cette équipe espagnole de développer son jeu parce qu'elles vont nous faire tourner et ça va être compliqué par la suite. Par contre, si on est capables de reproduire ce qu'on a fait contre les Coréennes, être plus agressif et les empêcher de continuer, je pense que derrière, on aura les atouts pour vraiment les embêter.

 

Le groupe est-il opérationnel à 100% ?

G.E. - A 99% car il y a encore Julie Piga qui a une petite douleur à sa cheville mais elle sera quand même présente avec le groupe et prête à donner 200% sur le terrain si je fais appel à elle.

 

Encore un turn-over sur le match ?

G.E. - J'aime bien faire tourner. Je pense que ça permet de concerner tout le monde et d'utiliser la fraîcheur de celles qui ont un peu moins joué. On regarde tout ça et celles qui vont, à mes yeux, permettre de mettre notre plan de jeu en place et celles qui seront sur le banc auront à coeur, dès qu'elles rentrent de donner leur maximum pour aller chercher la qualification pour la finale.

 

CDF - Les Bleuettes n'ont jamais été menées au score.Se préparent-elles à cette situation ?

G.E. - On sait qu'elles démarrent très bien leur match, marquent assez rapidement sur pratiquement tous les matchs. On ne s'est pas préparés à ça, on a travaillé sur les aspects défensifs pour pas leur permettre d'évoluer aussi facilement qu'elles ont pu le faire lors des matchs précédents. J'ai revu tous leurs matchs sauf contre les Japonaises où elles ont été en difficulté et elles n'ont marqué que sur coup de pied arrêté parce que les Japonaises défendaient bien mais face aux États-Unis, c'est les grands boulevards, pareil face au Nigéria. Face à une équipe comme ça, si on laisse de la place, on voit pas le ballon. J'espère que pour nous [...] ça sera le vieux Concarneau. 

 

CDF -  Christy tu joues à un poste (milieu de terrain) qui sera très regardé demain par rapport à l'intensité et la force de l'Espagne sur ce domaine. Est-ce que ça sera l'occasion de prouver que ce n'était qu'un faux pas l'année dernière à l'Euro ?

C.G. - C'est sûr ! Dans tous les cas, il va falloir être bon défensivement. J'ai déjà joue donc je sais un peu comment ça se passe ; je sais qu'il va falloir beaucoup courir et je suis prête à faire des efforts.

 

Sur l'ambiance de Vannes

G.E. - Faudra poser la question à Selma (sourire). C'est la plus calme du groupe (sourire).

S.B - C'est animé mais tout en restant concentré, on sait que ça va être un gros match et on va tout donner. En dehors du terrain, on se parle beaucoup, on est très solidaires.

G.E - Je confirme, c'est très joyeux.

 

Un plan prévu pour empecher de jouer Patri Guijarro ?

G.E. - Pas forcémént. Je pense qu'il y a d'autres joueuses qui sont aussi des bases de lancement de leur jeu. Je pense notamment à la petite 14 (ndlr : Aitana Bonmati) qui est une joueuse qui oriente beaucoup le jeu, relaie beaucoup.  Effectivement, Guijarro est une joueuse à surveiller mais elle est plus dans un rôle de seconde attaquante, assez proche et à surveiller sur les deuxièmes ballons parce qu'elle a une belle frappe de balle, souvent au bon endroit et au bon moment. II n'y a pas de "plan Guijarro" à ce niveau là mais c'est plus leur capacité à mener le ballon dans le camp adverse où il faut être vigilant pour essayer de couper les passes vers ces joueuses qui peuvent nous faire mal.

 

Entre l'équipe qui reçoit et le Champion d'Europe, qui est favori ?

G.E. - J'aurais tendance à vouloir croire que notre envie et notre détermination [...] Ce que je vois avec les filles me dit qu'on a une belle partie à jouer. 

S.B. - On a éliminé les tenantes du titre donc pourquoi pas éliminer les championnes d'Europe.

 

Est-ce que Corinne Diacre vous donne des conseils par rapport à ce mondial ?

G.E.- Non, non, du tout. Elle est vraiment là pour observer cette Coupe du Monde. Elle a peut-être des intérêts particuliers pour les échéances à venir. Sérieusement, elle est là, elle s'implique pas du tout, elle est supportrice, observatrice essentiellement et je ne lui demande rien, ne lui communique rien. Je fais mes choix, j'assume et j'irai au bout de mes idées. Tout seul.

Dounia MESLI & Karim Erradi