C'était certainement la plus grosse finale qui puisse y avoir pour cette dixième édition du championnat d'Europe des moins de 17ans. Une finale au sommet, qui devra pourtant attendre les tirs au but pour voir le vainqueur se profiler. Au bout du suspens et comme lors de sa demi-finale contre la Norvège, jeudi dernier, l'Allemagne a donc échappé au piège des tirs au but et glané son sixième titre de Champion d'Europe U17, avec trois tirs inscrits contre un seul pour l'Espagne.

 

Tout du long l'Espagne méritée peut être un peu plus le trophée cette année, après avoir démontré une très belle copie dans cette affiche. Alors que l'Allemagne a été complètement dépassée et avait été accrochée par les Norvégiennes en demi-finales. Les deux nations s'étaient par ailleurs déjà affrontées en début de tournoi, et les Allemandes avaient déjà remporté le match 4 buts à 1. Le scénario allait-il se répéter ?

C'est une rencontre qu'on ne pouvait pas perdre, l'Espagne en rouge, l'Allemagne en blanc. Tout restait à jouer. Ce sont peut être là les prochaines joueuses de l'équipe nationale senior, alors il fallait être attentif.

 

Les Espagnoles ont la main mise sur le match

C'est l'Espagne qui met le pied sur le ballon et d'entrée tire au but. Sur une bonne remise d'Andujar pour Pina, mais sa frappe est déviée de justesse de la main gauche par Johannes. Une parade impressionnante. Une belle intervention de la portière allemande à tout juste 2 minutes de cette entame de rencontre. Elle va avoir d'autres arrêts à réaliser pour son équipe par ailleurs, et qui vont certainement sauver l'Allemagne de la défaite.
L'Espagne a une grosse emprise sur ce début de match, avec un jeu fluide et plaisant à voir. L'Allemagne de son côté piétine et n'a aucune cohésion. Une façon peut être de mieux surprendre son adversaire. Comme avec cette tentative, une action flanc gauche, Oberdorf (5') centre à l'extémité de la surface de réparation juste avant le corner, pour Kossler mais Aleixandri était au marquage au premier poteau et évite la frappe, le ballon est récupéré par sa gardienne.
L'Espagne est tellement plus technique que l'Allemagne, qui est obligée de jouer physique, beaucoup trop physique, certainement frustrée d'être privé du ballon.
C'est un début catastrophique pour les Allemandes qui ne sont pas du tout dans leur match. C'est plutôt incompréhensible à ce moment là.
Au quart d'heure de jeu c'est toujours l'Espagne qui a le ballon, et en profite pour avoir une autre occasion dangereuse. Otermin Abella (16') déboule sur le couloir gauche et centre un ballon presque parfait pour Navarro mais c'est récupéré par la portière allemande.
L'Allemagne est complètement à la traîne et est bloquée dans ses tentatives par l'Espagne attentive en défense. Un vrai manque de réalisme, qui est assez frustrant à constater.
Mais l'Espagne va se faire une grosse frayeur à la 24e minute lorsqu'un long dégagement de la gardienne allemande, Johannes, va nécessiter la sortie de Coll de son but pour parer à ce un contre un avec Kossler. L'Allemagne n'est pas vraiment à la hauteur de son adversaire européen dans cette rencontre.
Pina, Pina sur le couloir droit qui provoque la défense allemande, agilement, mais son centre en retrait est dégagé par Hausdorff.
La première grosse occasion allemande va tarder, mais elle aura le don de donner des sueurs froides aux Espagnoles. La gardienne est tendue. Un coup franc bien frappé, dévié du dos par Torroda au second poteau, en prise avec Kossler sur cette opportunité. Le corner ne donnera rien.
Le jeu perd totalement de sa construction d'un côté comme de l'autre. Le match devient long et âpre à suivre. 0-0 c'est le score à la pause, et on peut dire que le pragmatisme fait grandement défaut aux deux nations. C'est pourtant une finale.

 

Personne n'aura le dernier mot

La seconde mi-temps allait-elle continuer sous la même allure ? C'est ce qu'on pouvait pressentir dès l'engagement. Le terrain est gorgé d'eau, à cause de la pluie tombée, ce qui rend le jeu au sol plus lent et compliqué pour les joueuses. A l'image de cette tentative d'Anyomi côté allemand ralentit dans sa course par cette nouvelle condition de jeu. L'état du terrain à ce moment là, perturbe clairement le jeu des deux équipes.
Mais les joueuses ne font pas mine d'être aussi perturbées que cela. A l'instar de cette grosse occasion pour Pina (44'), qui prend le meilleur sur Tellenbroker pour enchaîner une grosse frappe dans la boite, mais sa passe au-dessus du but de Johannes. La transversale n'était pas loin. 
Les prises de conscience commencent à se faire ressentir, l'Allemagne se réveille un tant soit peu, et l'Espagne doit être plus vigilante sur cette seconde période. Les Allemandes commencent petit à petit à prendre le rythme, dominées largement en première mi-temps.
Mais le danger est encore présent dans le camp allemand sur cette touche d'Otermin Abella pour Andujar, qui parvient à faire la différence sur une défenseure allemande, mais le coup est mal joué, avec cette pointe, trop peu puissante pour inquiéter Johannes.
Qu'est-ce que c'est compliqué pour les deux pays de trouver le fond des filets. On se précipité inévitablement vers les tirs au but à ce rythme là. Et c'est sur ce point là que l'Allemagne pourra être plus fort mentalement, au détriment des Espagnoles qui vont avoir les jambes peut être un peu plus lourdes. Est-ce là la réelle stratégie de l'Allemagne ? On se pose la question. La Mannschaft endure sans broncher la cadence, et on a même l'impression qu'elle épuise la Roja, pour avoir les jambes plus fraîches lors de l'échéance fatidique.
L'Espagne s'est peut être dit la même chose, puisque les joueuses commencent à temporiser leur jeu de temps en temps. Mais l'équipe de Maria Antonia Is continue tout de même son jeu pour trouver la faille. Comme sur le couloir gauche à l'instar d'Andujar à deux reprises (53' et 55') repoussées à chaque fois par Tellenbroker. 
Côté allemand, c'est Anyomi qu'on sent la plus à même de faire basculer le match en faveur de son équipe. Tout juste à l'heure de jeu, les joueuses commencent à montrer des signes de fatigue. La coach allemande Anouschka Bernhard l'a bien compris et fait entrer Rackow (62'), contre Uebach.

 

L'Espagne domine mais pêche
La grosse occasion pour l'Espagne. Sur un coup franc depuis le camp espagnol. C'est frappé par la milieu de terrain, Torroda, un faux rebond aura raison de Bahnemann, avec Andujar juste devant elle, qui remet à Nerea Eizaguirre, derrière elle. Cette dernière tente un centre pour Pina au point de penalty, mais Brunner est là pour dévier. Mais ce n'est pas fini, le ballon est repris par Andujar (64'), qui tente une frappe à bout portant. La parade au sol de Johannes sera décisive pour dégager le danger en corner.
Les occasions continuent à se compter pour les Espagnoles, et la coach a bien du mal à expliquer ce manque de réalisme et demande plus de justesse. Une minute tout juste après, Johannes va à nouveau se révéler prépondérante dans cette rencontre, après ce long ballon depuis les 25 mètres d'Otermin Abella pour Navarro (65') qui vient reprendre à un mètre le ballon du pied gauche en l'air, mais c'est récupéré in-extremis par Johannes bien placée au centre de son but. La gardienne devra s'y prendre à deux fois après l'avoir relâché.
Il reste tout juste un quart d'heure à partir de cet instant. Mais aucun scénario n'est encore écrit là. L'Allemagne peut tirer son épingle du jeu avec beaucoup de sang froid.
Le match s'équilibre à tout juste 10 minutes de la fin, les deux équipes se tiennent de plus en plus tête. Aucune erreur ne restera impayée à ce stade de la rencontre.
Physiquement on aurait pu penser que l'Espagne allait craquer, mais l'équipe tient bon. A cinq minutes de la fin, un nouveau changement pour l'Espagne avec l'entrée de Lorena Navarro et la sortie de Rosa Marquez Baena. De la fraîcheur dans ce dernier sprint du match. Mais cela va-t-il suffire pour l'Espagne qui a totalement dominé cette finale ?
Le scénario inverse serait clairement cruel. L'étau se resserre. La pression bascule sur l'Espagne lentement. L'Allemagne a vu juste. Les dernières minutes vont être soutenues. Difficile de prendre du plaisir à regarder cette finale. A deux minutes de la fin l'Allemagne s'installe dans le camp espagnol, qui a énormément donné sur la rencontre. Le sifflet de l'arbitre est là, le tableau d'affichage annonce bientôt la fin de cette finale. Même les trois minutes de temps additionnel ne donneront rien. Place aux tirs au but. Tellement redoutés par l'Espagne et attendus par l'Allemagne. Le favori bascule chez le second finaliste à cet instant précis.

 

Johannes et Kossler offrent la victoire

Les tirs au but peut être bien le point fort allemand, puisque l'année dernière déjà, l'Allemagne avait remporté son cinquième trophée U17 après ce même scénario. Les Allemandes ont su s'accrocher, et la gardienne sera probablement celle qui va offrir la victoire. L'Espagne garde le contrôle de ses émotions. 


Johannes et Coll s'avancent dans les cages. C'est la portière espagnole qui débute la séance, face à Oberdorf. C'est dedans. Coll prend la mauvaise direction. Avec beaucoup de calme, Johannes prend place face à Piqueras Bautista, qui envoie le ballon au-dessus ! L'eau a plus ou moins gêné sa bonne frappe. C'est cruelle, mais ses coéquipières sont là pour la soutenir.

C'est donc encore une Espagnole, qui s'avance. Aleixandri, la capitaine de la Roja, qui veut alors remettre son équipe sur les bons rails, mais sa frappe termine sur la barre, qui tremble. C'est terrible. L'Allemagne est euphorique. Deux frappes, deux ratés, pour un inscrit.

Bahnemann est la seconde allemande à tirer, mais c'est raté, ça passe à côté, la gardienne espagnole avait en plus pris la bonne direction. Une seconde allemande s'approche alors. Mais sur le tir Wieder, elle prend l'autre direction et le ballon est dedans. Dommage. 2 à 0 pour l'Allemagne.

Au tour de de Torroda pour l'Espagne de redonner espoir à son équipe. Son tir sera peut être bien décisif. Une frappe au centre et Johannes va parvenir à le dégager du pied, après être partie vers son poteau gauche. Une véritable prouesse digne des plus grandes gardiennes. Si elle arrête ce second tir espagnol, elle permet alors à son équipe de clôturer la séance et de remporter le trophée. Mais sur cette frappe de Pina, elle prend encore la direction gauche, la bonne, mais l'Espagnole parvient à l'inscrire son tir. Il passe juste à côté de la portière, qui en sera agacée mais ça sera malheureusement le seul sur les quatre pour l'Espagne. 2 à 1 pour l'Allemagne avant le quatrième tir allemand.

Coll est à présent obligée d'arrêter le tir de Kossler. C'est la balle de match. Kossler à la victoire au bout du pied. L'Allemande regarde à peine Coll, pour éviter d'indiquer une direction. Elle se concentre et s'élance. Elle arme sa frappe avec beaucoup d'équilibre. De l'interieur du pied, sans trembler, Kossler envoie une frappe puissante imparable au centre du but ! Coll est dépitée, les Espagnoles s'effondrent de tristesse. Que c'est difficile. L'Allemagne est finalement Championne d'Europe U17 pour sa seconde année consécutive.

 

Photo : UEFA

Dounia MESLI