Avant la finale de l'Euro, cet après-midi à Enschede, retour sur les éléments qui ont permis aux Pays-Bas et au Danemark de se hisser au sommet. Une finale inédite et un titre forcément historique pour l'une ou l'autre équipe, dans un football européen qui s'est ouvert à l'occasion de ce tournoi.

 

Pour parler de la finale entre les Pays-Bas et le Danemark, la première idée qui vient à l'esprit est celle de la surprise. Respectivement sixième et huitième nation au niveau européen, les deux équipes n'étaient pas pressenties pour se retrouver au sommet, d'autant qu'elles n'avaient jamais atteint ce stade de la compétition auparavant.

 

Pays-Bas : La victoire du jeu ?

 

Pour les Pays-Bas, le fait d'accueillir la compétition faisait néanmoins des Oranje des candidates pour le titre, une opportunité qu'elles ont parfaitement saisie en livrant un tournoi à la hauteur de l'engouement qui a accompagné la compétition dans le pays. La qualité du jeu développée par les Néerlandaises a aussi rehaussé les prétentions du pays organisateur dans cet Euro.

 

On a vu des équipes réputées « joueuses » comme la France, l'Allemagne ou même l'Espagne pêcher dans le réalisme offensif mais du côté des Pays-Bas, c'est une force qui s'est révélée au fur et à mesure des matches. Face à la Suède et surtout face à l'Angleterre, les Pays-Bas ont su marquer sur leurs temps forts quand les équipes adverses manquaient de justesse ou se heurtaient à Sari Van Veenendaal. Si Lieke Martens et Shanice van de Sanden ont donné le ton, on voit que le rôle de Vivianne Miedema a été également précieux, malgré ses « seulement » deux buts dans le tournoi.

 

Les Pays-Bas ont montré jusque-là qu'il était possible de gagner en jouant, notamment grâce à ses deux formidables ailières mais aussi un milieu de terrain qui a su jouer juste, et dans lequel Jackie Groenen émerge comme l'une des meilleures joueuses de cet Euro. Sa relation sur le terrain avec Shanice van de Sanden sur le côté droit est l'une des lignes de force du jeu hollandais, et elle se montre, en plus de sa justesse technique, régulièrement capable de chiper des ballons précieux dans les pieds adverses.

 

L'étonnante solidité défensive néerlandaise

 

L'équipe néerlandaise s'est donc révélée au cours de ce tournoi, avec ses matches les plus convaincants réalisés sous pression en quart et en demi, face aux vice-championnes olympiques suédoises, et aux troisièmes de la dernière Coupe du Monde, l'Angleterre, deux équipes parmi les plus expérimentées du tournoi. Cette force collective est d'autant plus remarquable que les Pays-Bas évoluent avec une défense centrale expérimentale avec Anouk Dekker, reconvertie et devenue pilier de la défense oranje.

 

Un pari gagnant pour Sarina Wiegman qui a installé la montpelliéraine à ce poste, associée dans l'axe alternativement avec Stefanie van der Gragt et Mandy van Der Berg pour une défense néerlandaise qui n'a encaissé qu'un but depuis le début de la compétition.

 

Comme les Pays-Bas, le Danemark s'est révélé au fur et à mesure du tournoi et a peut-être été l'équipe qui a posé le plus de problèmes aux Néerlandaises. Les deux équipes s'étaient rencontrées au premier tour et les Oranje n'avaient dû leur victoire (1-0) qu'à un penalty de Sherida Spitse et une très solide Sari van Veenendaal dans les buts.

 

Danemark : Reprendre son souffle avant la finale

 

Les Danoises ont elles réalisé leur match référence face à l'Allemagne, une rencontre qui a peut-être servi de déclic, car les joueuses de Nils Nielsen sont parties chercher cette victoire face aux championnes d'Europe en titre en prenant des risques et en dépassant la dépendance au duo Harder-Nadim en attaque. Une équipe danoise qui a apprise à finir fort ses matches, avec notamment les entrées dynamiques de Frederikke Thogersen là où elle avait tendance à piocher sur la fin lors des premières rencontres de la phase de groupe.

 

Une équipe danoise sur laquelle pèse des questions sur l'état de forme des titulaires après les cent-vingt minutes face à l'Autriche et la sortie sur blessure de Line Jensen pendant la demi-finale. Car cette capacité à maintenir une intensité dans les efforts sera l'une des clés de la finale pour les Danoises, et dans ce domaine les deux stars de l'équipe Pernille Harder et Nadia Nadim ont souvent donné l'exemple.

 

Nadim qui a également été l'une des joueuses de ce tournoi notamment par sa capacité à peser sur les défenses et parvenir à exploiter des ballons qui pouvaient sembler injouables. Elle compense certaines de ses erreurs devant le but par une générosité qui offre régulièrement des ballons d'oxygène ou de buts à son équipe.

 

Une finale qui illustre l'avenir du football féminin ?

 

Au delà de ce que proposerons les deux équipes sur le terrain, cette finale marque une page d'histoire de l'Euro. Avant cette édition, seules cinq équipes avaient disputé une finale dans la compétition : la Suède, l'Angleterre, la Norvège, l'Allemagne et l'Italie. Les deux finalistes entrent donc dans un cercle très restreint, mais que l'on pourrait voir s'ouvrir encore plus à l'avenir. Le Danemark atteint aujourd'hui ce niveau de la compétition, après cinq demi-finales européennes, dont la dernière en 2013, mais n'avait pris part ni à la Coupe du Monde 2015 ni aux Jeux Olympiques.

 

Des performances auxquelles il faut associer le parcours de l'Autriche, ce qui donnait à l'Angleterre un air de « survivant » au stade des demi-finales. Alors que nombre de grandes équipes nationales sont aujourd'hui « en transition », ou à cheval entre plusieurs générations de joueuses, c'est l'occasion rêver pour ces deux équipes de gagner un trophée, mais aussi, à deux ans de la Coupe du Monde, de s'installer durablement dans la cour des grandes.

Hichem Djemai