La FFF a annoncé hier que le groupe Canal + détiendrait désormais les droits de diffusion de la D1 pour la période 2018-2023, prenant le relais d’Eurosport et de France Télévisions. Une attribution suivie de l’annonce par le directeur des sports de Canal +, Thierry Cheleman, de la diffusion de « 100 % des matchs de la compétition sur les antennes du Groupe CANAL+ ». Un véritable changement alors que la France avait pris du retard par rapport à d’autres pays européens. Petit tour d’horizon.

 

A l’approche de la Coupe du Monde 2019, Noël Le Graët avait exprimé sa volonté de voir une plus grande couverture médiatique autour du football féminin. Cette exigence a été rappelée à l’occasion de l’appel d’offres lancé ces dernières semaines par la FFF pour les droits TV de la D1 et de l’équipe de France. Et le constat est que des pas en avant ont déjà été faits dans certains pays autour de nous.

 

Espagne / Allemagne : Câble et chaînes régionales

 

Si l’on prend l’exemple de l’Espagne, la Primera Division voit à chaque journée de championnat, la diffusion de quatre rencontres réparties sur le week-end. La chaîne Bein La Liga diffuse un match, généralement le samedi matin tandis que Gol en diffuse trois autres au cours du week-end, soit un de plus que la saison dernière. Deux chaînes qui reposent sur les mêmes équipes de commentateurs, et notamment sur Natalia Arroyo ancienne joueuse et sélectionneuse de l’équipe de Catalogne.

Une synergie rendue possible par le fait que le groupe Mediapro est actionnaire des deux chaînes (majoritaire pour Gol, à 50 % pour Bein). Des matches commentés à distance, mais qui assurent une couverture importante du championnat d’Espagne, d’autant que certaines télévisions régionales, comme l’EITB au Pays Basque, diffusent aussi des matches des équipes locales.

En Allemagne, chaque journée voit la diffusion d’un match sur le site internet de la fédération allemande, tandis que la chaîne Sport1 retransmet une vingtaine de matches dans la saison. La Frauen-Bundesliga qui voit également l’arrivée de Telekom Sport, une chaîne à péage, lié au géant allemand des télécommunications et qui propose depuis cette saison une partie des matches du championnat allemand avec au moins deux affiches par semaine.

Comme en Espagne, certains matches sont diffusés sur les télés publiques régionales, comme la RBB Fernsehen qui retransmet des rencontres du Turbine Potsdam.

 

Suède : Le modèle 100 % digital de la Damallsvenskan

 

Dans d’autres championnats, internet a pris une place importante dans la diffusion des matches. Un moyen de contourner les obstacles qui existent pour faire apparaître régulièrement le football sur le petit écran. L’exemple le plus frappant est celui de la Suède, où l’intégralité des matches du championnat sont diffusés sur la plateforme payante Damallsvenskan.tv.

Contrôlée directement par l’Elitfottbol Dam, l’association qui gère les deux premières divisions en Suède, la création de cette plateforme payante en ligne répondait à la volonté de voir diffuser tous les matches, ce qui est le cas pour le championnat masculin, alors que les télévisions suédoises ne proposaient qu’une diffusion partielle pour la Damallsvenskan

A une époque où les contenus sont de plus en plus visionnés en ligne, les Suédoises font le pari de l’autonomie pour assurer la visibilité d’un championnat qui est l’une des compétitions les plus populaires du pays. Une expérience lancée pour la saison dernière, et qui s’est poursuivie pour la saison 2017, achevée le week-end dernier avec le titre de Linköpings.

 

Internet / Réseaux sociaux : plans B et nouveaux médias

 

Le choix d’une diffusion en ligne, c’est aussi le pari fait en Italie, où les matches n’ont pas encore le droit de citer sur les grandes chaînes nationales. Un match par semaine est désormais diffusé sur la page Facebook de la LND, la ligue amatrice de football italienne.

Avant cette saison, Brescia avait pris l’initiative de passer en accord avec le site My Cujoo pour la diffusion de ses matches de championnat mais aussi de Champions League à domicile, comme récemment face à Montpellier. Un site où sont également accessibles certains matches du championnat du Danemark. La Fiorentina a aussi fait le choix des diffusions en ligne avec des matches régulièrement retransmis gratuitement sur le site ou la page facebook du club.

Une diffusion en ligne et/ou sur les réseaux sociaux qui est aussi employée en Angleterre. La chaîne câblée BT Sports propose certaines rencontres de FA WSL sur ses antennes, mais la majorité des diffusions se font en ligne via la page Facebook de la ligue anglaise ainsi que sur le site internet de la BBC Sports.

Internet et les réseaux sociaux en particulier sont à la fois un moyen de tester la popularité du football féminin, mais aussi de contourner la difficulté à se faire une place sur les médias traditionnels. Cela peut aussi être un terrain d’expérimentation pour une discipline en plein développement et qui doit aussi trouver sa propre expression sur le terrain médiatique.

Autant d’exemples qui montrent qu’il n’existe pas encore un modèle à suivre en Europe, même si la tendance est d’aller vers une plus grande visibilité du football féminin, à la fois par une présence sur les chaînes câblées et à péage qui sont devenues les principaux diffuseurs des compétitions de football, mais aussi par des rencontres accessibles gratuitement, en plus grand nombre que par le passé, notamment via internet et les réseaux sociaux.

Hichem Djemai