La réaction de Corinne Diacre en conférence d'après match de France/Espagne (3-1). Un second succès après le Chili (1-0) qui donne une certaine satisfaction pour la sélectionneuse de l'équipe de France. Mais la coach des Bleues sait qu'il reste encore du travail pour peaufiner le jeu de son "onze type", en vue de la Coupe du Monde 2019.

 

Quel est votre bilan sur ce deuxième match ? Marquer trois buts ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé à l'équipe de France donc j'imagine que vous devez être satisfaite de cette prestation ce soir ?
Oui déjà très satisfaite du résultat. Deuxième victoire en deux matches, ce sont deux matches internationaux gagnés. On a produit un petit peu plus de jeu ce soir, maintenant on avait pas non plus le même adversaire. L'Espagne n'a pas fermé le jeu donc c'était plus facile de le créer de notre côté. On a quand même fait quelques erreurs et encaissé ce but (mou de la bouche). Je pense qu'on aurait pu l'éviter si on était restés un petit peu plus concentrées.

 

Est-ce que selon vous il y a encore beaucoup de travail pour avoir ce que vous voulez vraiment avec cette équipe de France ?
Oui bien sûr je n'ai pas changé de position avant ces 10 jours de rassemblement. Il y a encore du travail. Par contre je vois des filles mobilisées avec de l'envie, à l'écoute et qui je pense ont pris plaisir ce soir, à gagner de fort belle manière ce match.

 

On a vu une belle entente entre les "anciennes" joueuses et les "nouvelles". Qu'est-ce que vous en avez pensé de votre côté de ce mélange de génération ?
Très très important. Il y a beaucoup de jeunes revanchardes, qui étaient dans de bons clubs et qui n'ont pas eu la chance de pouvoir évoluer au sein de leur club formateur, qui sont parties chercher du temps de jeu ailleurs. Aujourd'hui, elles ont sont récompensé. Maintenant j'ai envie de dire qu'elles ont été sélectionnées cette fois-ci, mais le plus dur commence pour elles, parce qu'il faut continuer à être performantes dans leur club pour être de nouveau appelées.

 

Coeurs de Foot - A Caen, on avait senti deux blocs bien distincts, entre les "anciennes" ou les plus habituées et les "nouvelles" qui faisaient leur première titularisation ou sélection, mais ce soir on a l'impression que cette disparité était moins visible ?
L'adversaire n'était pas le même. C'est vrai que dans le Football, ce qui est le plus difficile ce sont les attaques placées, puisqu'on a la possession et il faut créer du rythme, il faut être très mobiles, faut être créatifs, inventifs et très performants devant le but.
Là aujourd'hui on avait deux équipes joueuses, qui n'ont pas fermé le jeu. A partir de là, ça donne des possibilités très ouvertes, ça donne énormément d'actions (geste de la main) devant le but. C'est ce que je disais, la prestation de l'équipe de France ce soir, elle est aussi à souligner grâce au jeu de l'Espagne. C'est une équipe joueuse, donc à partir de là, ça donne des matches ouverts. Ce qui est bien c'est qu'on a réussi à marquer sur corners et sur des choses travaillées à l'entraînement. On leur a demandé énormément de rigueur, de déplacements, de timing par rapport aux ballons joués et elles ont été récompensées ce soir, donc c'est plutôt positif.

 

Est-ce que vous pouvez nous parler de cette combinaison sur corner ? Pourquoi tourner en rond et partir juste après...
Alors elles ont un peu trop tourné en rond (rires) et à un moment donné, et à un moment donné on s'est demandé qui allait déclencher la course. L'idée c'est tout simplement d'arriver en mouvement dans la surface de réparation.

 

Est-ce que vous aurez d'autres matches de préparation cette année ? Est-ce que ce sont des aversaires que vous avez choisi ? Qu'est-ce que vous pensez de ces deux équipes ? Ces deux nations vont vous permettre de vous jaugez encore une fois ?
Sur octobre, nous aurons l'Angleterre et le Ghana. Logiquement vendredi/lundi ou vendredi/mardi.
Non, je ne les ait pas choisi. Les négociations étaient en cours avant mon arrivée et elles se sont finalisées (monte les yeux en l'air) il n'y a pas très longtemps.
Vous savez il n'y a pas d'adversaires à sous-estimer. On va jouer l'Angleterre, qui a fait un très bon Euro et on va jouer le Ghana, qui est une équipe très performante aujourd'hui. (fait des cercles avec ces deux mains) On va voir un autre football. Cela va nous permettre de voir d'autres joueuses, peut être d'essayer d'autres systèmes. Je ne sais pas encore, ça va dépendre des observations que je vais faire sur ces adversaires.

 

Vous parlez de système, vous avez remis en place votre 4-3-3 si je ne trompe pas. Est-ce que c'est un système que vous préférez ou vous ne vous interdisez rien ?
Non je m'interdis rien. On a même fini le match en 4-2-3-1, on est repassé à deux 6 avec l'entrée d'Elise Bussaglia.
(hochement de tête) J'aime bien le 4-4-2 aussi, mais il a des choses à travailler, dans l'animation offensive ce n'est pas trop compliqué, mais dans l'animation défensive surtout. Donc voilà pour le moment, on est sur du 4-3-3, c'est quelque chose que j'affectionne particulièrement et en tous cas sur les joueuses selectionnées, ce sont celles qui répondaient le mieux à ce système aujourd'hui.

 

Coeurs de Foot - Est-ce vous pouvez nous dire un mot sur Amandine Henry, qui a fait un très grand match, que vous aviez laissé au repos la semaine dernière. Là on peut dire qu'elle était déchaînée ce soir ?
Oui il fallait (sourire) parce que je l'avais laissé au repos exprés donc c'est très bien. Y'avait une grosse fatigue [accumulée] par rapport à son voyage depuis les Etats-Unis, donc on a préféré ne pas prendre de risques comme elle avait eu un gros coup de fatigue en milieu de semaine. [Ce soir] elle a joué à domicile donc forcément y'avait beaucoup d'envie et c'est quelqu'un sur qui je compte énormément. Voilà, j'ai hâte quand même qu'elle rentre en France et qu'elle réintègre le championnat de D1 assez rapidement parce qu'on est à 18 mois de la Coupe du Monde, il va être important d'avoir des joueuses à 100% physiquement.

 

Coeurs de Foot - Vous avez pu voir toutes les "nouvelles" si on peut dire (sauf Solène Durand, gardienne de l'EAG). Est-ce que vous êtes plutôt satisfaite de leur prestation ?
Oui après certaines ont eu un peu moins de temps de jeu, je pense notamment à Lea Le Garrec. On a Solène Durand la troisième gardienne qui n'est pas rentrée (lève les mains). J'ai envie de pouvoir compter sur tout le monde, voilà. La Coupe du Monde est une compétition longue, les matches s'enchaînent et je veux vraiment créer un collectif. Chaque joueuse qui doit en remplacer une (fait encore le geste des mains), doit avoir sa chance et surtout l'idée c'est de ne pas affaiblir l'équipe, quelque soit la joueuse qui rentre.

 

Coeurs de Foot - Vous avez parlé de Léa Le Garrec, comment ça s'est fait votre choix de la convoquer ?
Alors Léa, elle a remplacé Inès Jaurena sur blessure. J'ai tout simplement contacté l'entraîneur de l'équipe de France B, Jean-François Niemezcki, qui m'a donné le nom de Le Garrec.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que vous allez chercher d'autres joueuses ? Du côté de Soyaux peut être ?
Soyaux, Rodez, Albi... D'autres clubs qui ne sont pas présents aujourd'hui. Maintenant je vais d'abord les observer mais je vous le dis la porte n'est fermée pour personne.

 

FFF - Corinne, dix jours de stage, quel est votre sentiment après ce premier rassemblement ?
Beaucoup de fierté et beaucoup de plaisir, les deux mêmes mots que j'ai affirmé en ouverture de mon discours "d'investiture" [à la tête de l'équipe de France A]. De la fierté parce que les dix jours sont très vites passés mais le peu de choses qu'on a pu mettre en place ont été bénéfiques et notamment ce soir et beaucou pde plaisir parce que quand on gagne un match de football il faut savourer l'instant présent. Je suis à cet instant vraiment satisfaite, on a réussi à remporter ces deux matchs, ce n'est jamais simple, voilà la route est encore longue, je le sais, y'a encore beaucou pde travail encore à faire mais je pense qu'on a réussi à poser (signe de la main pour signifier des briques assemblées) en peu de temps dans ces dix jours quelques bases solides.

Dounia MESLI