En poste depuis 2013 en tant que manager général des équipes de France militaire, Christophe Horta revient avec nous sur le dernier tournoi des Bleues au Texas et les prochains objectifs du groupe. Si l'équipe de France B reste la première anti-chambre de la A, l'équipe de France Militaire cache peut-être également des joueuses aptes à avoir leur chance d'être appelées un jour chez les numéros unes de la nation.

 

Coeurs de Foot - Quel est votre rôle au sein du staff des équipes de France ?

Christophe Horta - Je suis manager général de l'équipe de France militaire et je suis le conseiller technique du Commissaire aux Sports militaires. Donc je m'occupe de tout ce qui est convention avec la Fédération, avec l'UNFP, l'UNECATEF et le reste. J'ai sous ma responsabilité les staffs garçons et filles, et les équipes. Mais sur les compétitions, je fais parti de la Commission Technique du Conseil International aux Sports Militaires, donc je suis sur l'organisation de la compétition, je m'occupe de toute la partie technique des matches, des rapports des matches etc..

 

CDF - Vous êtes également en charge du recrutement des joueuses ?

C. H. - Oui je le fais aussi. En discussion avec le staff, je ne décide pas tout, tout seul.

 

CDF - J'imagine que c'est une vraie déception de ne pas avoir gardé le titre de champion du monde 2016 ?

C. H. - Oui de toute façon on est toujours déçu de ne pas garder le titre, mais quand on regarde la compétition, quand on regarde les équipes qu'on a affronté, toutes les équipes montent en puissance d'années en années et sur ce tournoi on est à notre place. On aurait pu finir sur le podium et on aurait pu aussi finir à cette quatrième place et c'est là qu'on est.

 

CDF - Qu'est-ce qui n'allait pas ? On a regardé les matches des Bleues et certains des autres équipes. Il y a beaucoup d'individualités en équipe de France...

C. H. - Non ce n'est pas qu'il y a beaucoup d'individualités, c'est qu'on a à faire en face de nous à des équipes qui sont constituées, qui ont l'habitude de jouer ensemble. Nous on a juste eu le temps de faire un stage avant de partir et le groupe n'a pas l'habitude de jouer ensemble, il n'y a pas autant d'affinités qu'il peut y avoir en clubs quand ça fait des mois ou des années qu'elles jouent ensemble. Donc là dans ce tournoi, il y a une grosse marge entre des équipes comme le Brésil, la Corée du Sud, la Chine et nous.

 

CDF - Par rapport à 2016, l'équipe de France de 2018 a eu moins de temps pour se préparer à la compétition ?

C. H. - Oui on a eu moins de temps de préparation qu'en 2016. On a juste eu le temps de faire deux mini-stages, partir à la compétition sans même faire un match amical et de s'y engager. Et pourtant le staff a fait un travail énorme. Je pense que même au niveau national, il y a eu des choses qui ont été mises en place chez nous, qui je pense ne se voient jamais dans certains clubs. Les filles pourront vous le dire aussi, parce que nous avons fait un débrief avec elles et c'est ce qu'il en ressort. 

Après il n'y a rien qui remplace la compétition. La grosse différence chez nous c'est que le championnat s'est terminé le 27 mai donc on a récupéré des filles fatiguées, qu'on a été obligés de régénérées, et on n'a pas pu travailler comme on voulait. 

Alors quand on prend une autre équipe de la compétition, qu'on a affronté en plus (défaite 3-0, le Brésil, qui lui n'a repris son championnat qu'il y a deux mois... On est tombé sur une équipe qui est en pleine bourre et sachant que cette équipe du Brésil, c'est un club civil (Flamengo ndlr), donc ces joueuses-là jouent toujours ensemble. 

 

"Elles sont militaires comme les autres"

 

CDF - Qu'est-ce que vous répondez aux gens qui disent que les joueuses ne sont pas vraiment "militaires" ? 

C. H. - Elles sont militaires comme les autres, il y a des réservistes, tout le monde fait de la réserve. Il y a je ne sais combien de réservistes chez nous. Elles ont un contrat, ça s'inscrit dans le sport haut niveau de la défense voulu par le Ministre de la Défense. Les gens qui commentent sur ce sujet sur les réseaux ou autre, je ne m'y attarde même pas, parce que si je leur proposais de venir ou de revenir dans le staff avec moi, plus personne ne mettrait des posts et tout le monde irait dans le même sens au final et avec un grand sourire.

Après il y a deux façons de faire, c'est : est-ce que tu participes à la compétition pour participer ou est-ce que tu viens dans la compétition pour performer ? Dans le sport militaire voulu par le Ministre de la Défense, sur le haut niveau et dans les compétitions internationales, l'objectif c'est de gagner. Nous avons des militaires d'actives, qui jouent dans des clubs de R1 ou R2 mais le niveau n'est pas assez élevé pour nous permettre de gagner les compétitions. On a pris des militaires d'actives aussi avec nous en stage, pour leur montrer quel était le niveau, ce qu'elles ont à faire pour performer plus et pour gagner on est obligé de prendre des réservistes. On signe des contrats avec elles, et ça leur permet aussi peut-être de s'engager avec nous par la suite dans la durée. Il existe 450 métiers chez les militaires quand même donc tu peux y trouver ton bonheur. L'important est l'insertion professionnelle, ce qui fait partie de la convention avec la FFF.

 

CDF - Quels sont les prochains objectifs pour les Bleues ?

C. H. - Là on va refaire un stage d'ici la fin de l'année avec le groupe qui est là, pour faire un retour aussi sur la compétition qu'on vient de passer et ensuite il y'a les qualifications pour les jeux mondiaux militaires en octobre 2019 (Chine, Whuan), c'est l'équivalent des JO et les qualifications sont au moins de mars (2019). On ne sait pas où encore, mais ça sera un mini-championnat d'Europe, il devrait y avoir six équipes (l'Allemagne, les Pays-Bas, la Grèce, la Belgique, l'Irlande et nous) et il y a deux places à prendre.

 

CDF - Est-ce que l'effectif ou le staff va changer ?

C. H. - Non, le staff ne part pas parce qu'ils ont fait un travail remarquable, ils ont fait un super boulot. L'idée c'est de poursuivre avec le staff, après on va en discuter parce que je ne suis pas le décideur, il y a la Fédération et il y a le Commissaire Militaire, mais on en discutera à la rentrée avec les intéressés. 

Et pour l'équipe, oui il y aura peut être des petites retouches à apporter, mais l'idée c'est de repartir avec toutes ou une partie du groupe qui est en place actuellement. Parce que comme tu dis la Coupe du Monde sera passée et là sur ce tournoi là par exemple, on ne pouvait pas solliciter toutes les joueuses qu'on voulait puisque Corinne Diacre prépare le mondial. Il y a des joueuses qui étaient avec nous en 2016 qu'on a pas pu emmener, comme Le Garrec, Robert, Lorgeré, Peyraud-Magnin... Ce qui est tout à fait normal, on travaille tous pour l'équipe de France A. Nous on était contents en 2016 de tout le travail qui a été fait avec Elisabeth Loisel, et on a des joueuses qui sont parties en équipe de France A, voilà l'objectif il est là.

Dounia MESLI