Ce week-end, c'est la reprise outre-Atlantique avec la saison 2017 de la NWSL qui débute ce week-end. En ouverture, Houston accueillera Chicago, dans le stade qui avait accueilli la finale du championnat l'année dernier, remporté au tirs-aux-buts par le Flash de Western New York face au Washington Spirit.

 

A l'amorce de cette nouvelle saison, on se dit que l'édition 2017 ne ressemblera pas à la précédente. Les championnes en titre ont changé de nom, avec une relocalisation en Caroline du Nord, tandis que Washington a perdu cet hiver quelques unes de ses meilleures joueuses. Parmi elles, Crystal Dunn qui a rejoint le club de Chelsea en Angleterre et contrairement à Alex Morgan et Carli Lloyd ne reviendra pas aux États-Unis cet été avec un contrat qui la lie jusqu'en 2018 avec les Blues.

 

Des pages qui se tournent

 

Outre Crystal Dunn, Washington a vu partir Ali Krieger, qui a rejoint le Orlando Pride tandis que Diana Matheson et Christine Nairn ont rejoint Seattle et le Reign de Megan Rapinoe. Une fuite de talents qui aboutit à cette situation où le Spirit est la seule équipe de NWSL qui ne compte aucune internationale étasunienne.

 

Pour les championnes en titre, l'avenir se joue en Caroline du Nord. Le North Carolina Courage, nouvelle mouture pour une franchise vendue et relocalisée dans une région où le football féminin est largement implanté. La plupart des joueuses qui ont fait le succès du Flash seront présentes dans l'équipe de même que le coach Paul Riley. De fait pour le Courage, l'enjeu est à la fois sportif, comme chaque saison, mais aussi un test pour l'ancrage de la NWSL et de sa pérennité dans le paysage sportif aux États-Unis.

 

Plus de soccer féminin à la télé

 

C'est aussi sous cet angle que l'on peut lire l'accord passé entre la NWSL et Lifetime. La chaîne de télévision diffusera chaque semaine un match de NWSL, avec à chaque fois, un pre game show (émission d'avant-match) d'une demi-heure pour présenter le match et parler de l'actualité de la NWSL. Ce contrat de diffusion marque un progrès en terme de visibilité, à la fois par le nombre de matches diffusés à la télévision mais aussi parce que Lifetime est une chaîne disponible dans une large majorité des foyers américains.

 

C'est une chaîne qui est connue pour cibler principalement un public féminin, et qui par le passé avait diffusé les matches de la WNBA, avant d'abandonner par la suite au profit de la chaîne ESPN. Le choix de Lifetime correspond à la volonté de cristalliser un public, ce que les médias américains appellent les soccer moms (des femmes entre 25 et 45 ans et qui jouent et/ou accompagnent leurs enfants jouer au football), qui deviennent le noyau dur du public de la NWSL.

 

Des enjeux de visibilité et de développement de la ligue, alors que le soccer féminin américain entre dans des territoires inconnues, puisque la NWSL est parvenue à passer le cap des quatre ans d'existence ce qui est une première alors que la WUSA (2000-2003) et la WPS (2009-2012) s'étaient écroulées après trois saisons d'existence. Parmi les signes de bonne santé, l'annonce du doublement du salaire minimum pour les joueuses de la ligue. Un salaire plancher désormais fixé à 15.000 dollars annuels ce qui équivaut à 1250 dollars par mois.

 

De fait la NWSL est encore un championnat en chantier qui malgré un bon niveau reste en deçà du potentiel du soccer féminin aux États-Unis. On sait que de nouveaux projets d'expansion sont dans les cartons avec la volonté d'inclure la Californie et le Canada parmi les lieux où s'implantent de nouvelles franchises.

 

Portland, une nouvelle fois parmi les favorites

 

Pour la saison à venir, ces enjeux seront scrutés de près mais sur le terrain, on attend de voir une belle saison après le formidable dénouement livré par les play-offs avec des matches à haute intensité pour conclure la saison. Parmi les équipes que l'on attend cette saison, les Portland Thorns éternel favori mais qui avait dû s'incliner en demi-finale face au Flash après avoir pourtant terminé en tête de la saison régulière. Une équipe de Portland toujours riche en internationales aussi bien étasuniennes (Heath, Long, Sonnett, Klingenberg) qu'internationales (Sinclair, Henry, Nadim, Brynjarsdottir) même si ces trois dernières seront absentes une partie de la saison régulière avec l'Euro cet été.

 

Sur le papier, cette équipe des Thorns reste la plus impressionnante. Changement notable au poste de gardienne avec l'arrivée de Britt Eckerstrom en provenance de North Carolina à la place de Michelle Betos, qui a rejoint le championnat norvégien. Malgré tout, c'est Adrianna Franch qui devrait être titularisée dans les buts de Portland.

 

Un championnat toujours attractif ?

 

Parmi les questions posées, celle de l'attractivité de la NWSL pour les joueuses avec les piges européennes de Carli Lloyd et Alex Morgan mais aussi les départs de Crystal Dunn, Heather O'Reilly et Kim Little, de retour en Angleterre après avoir été l'une des meilleures joueuses de la ligue du côté de Seattle. La réponse a été en partie apportée par le Orlando Pride avec l'arrivée de Marta en Floride, qui fait son retour aux États-Unis après avoir évolué dans les précédentes versions du championnat américain.

 

D'autres joueuses comme Daphné Corboz (Sky Blue), Emilie Haavi (Boston Breakers) ou la capitaine des Banyana Banyana Janine Van Wyk (Houston Dash) ont rejoint la NWSL mais en cette année d'Euro, difficile d'attirer les meilleures joueuses européennes qui de toute façon aurait manqué de nombreux matches pendant l'été.

 

Un constat qui ne remet pas en cause la qualité du championnat qui s'annonce ouvert pour la course aux play-offs. Derrière Portland qui semble promis à la phase finale, on attend les Chicago Red Stars de Christen Press et Julie Johnston, mais on peut s'attendre à voir des équipes comme Orlando, Seattle ou Houston venir se mêler à la lutte. Le point d'interrogation étant bien évidemment les championnes en titre avec des uniformes et un environnement nouveau. Une incertitude encore plus grande entoure Washington après les grands mouvements à l'intersaison.

 

Une saison où l'on aura aussi un œil sur les rookies et notamment Rose Lavelle (Boston Breakers) qui a récemment inscrit son premier but en équipe nationale face à la Russie. Ce sera aussi l'occasion d'observer le retour de deux joueuses de Kansas City, absente en 2016 pour congé-maternité, Sidney Leroux et Amy Rodriguez. Les deux championnes du monde sont de retour sur les terrains du Midwest et elles pourraient aider leur équipe à retrouver les play-offs cette saison.

 

Avec la télé, moins de matches à regarder ?

 

Les rencontres débuteront ce week-end, et ce sera le match entre Portland et Orlando qui aura les honneurs d'une retransmission télévisuelle. L’incertitude demeure sur la diffusion des autres matches via Youtube comme c'était le cas les dernières saisons, une possibilité qui pourrait disparaître avec l'arrivée des droits TV, même si pour le moment la NWSL n'a pas communiqué sur le sujet.

 

Comme chaque saison, le format se résume à une saison régulière, au terme de laquelle les quatre meilleures équipes se disputent le titre en play-offs sur des matches à élimination directe (demi-finales, puis finale). Cette saison la saison régulière se dispute sur 24 matches (au lieu de 20 précédemment). Pendant la saison régulière, une équipe va rencontrer six de ses adversaires trois fois, et les trois autres seulement deux fois.

Hichem Djemai